Le premier billet de ce blog est celui qui vient de sortir sur Galères de Brest...
Si vous n'allez pas sur le site, voici le texte:
non aux expulsions, oui à la liberté de circulation et d’installation.
A Brest la situation des migrants évolue peu et en mal.
Le nombre de personnes dans le couloir de Coallia est remonté à 25, 30. Ceux de la maison de Saint-Pierre sont 8 qui attendent de savoir s’ils\elles vont être expulsées en cette fin de trêve hivernale. Une famille tchétchène vit un enfer refusant d’être expulsées en Pologne.
Dans le couloir de Coallia la vie est toujours aussi difficile pour les migrant-e-s et les salarié-e-s de l’association.
Il y a quelques mois, c’est au tribunal que la structure payée par le gouvernement a demandé de mettre les gens à la rue. Peine perdue, la police ne les a pas jeté dehors, même si le juge avait tranché en faveur de Coallia. De qui venait cette initiative ? Le sauront nous un jour ? Des chefs ? Sans doute. Pas du personnel en contact avec le public. Depuis les migrants peuvent rester la nuit dans le couloir, depuis j’ai pu me rendre compte que le stress est vécu des deux côté du comptoir.
Je n’arrive pas à me mettre en pensée à la place de ceux qui sont chargés de subvenir aux besoins de logement de ces gens entièrement sous leur coupe, je parle de l’état. Selon la loi ils ont une obligation de moyen. Ils dépensent tout leur budget au début de l’année en louant des chambres d’hôtels, au lieu de réquisitionner des lieux inhabités par exemple. A moins qu’ils souhaitent rendre le début de présence des « étrangers » aussi peu confortable que possible, espérant ainsi les voir partir chez le préfet d’à côté ou dans le pays voisin ?
Un exemple mesquin est celui de la porte des toilettes de Coallia, fermée la nuit, ouverte une nuit et refermée cette semaine. Une personne avait fait part à la mairie de cette situation, qui avait peut-être transmis la remarque. Elles ne sont pas restée longtemps déverrouillées. Non seulement le préfet laisse des gens dans un couloir, mais ils/elles doivent sortir et traverser une rue passante pour se cacher derrière des arbustes sur un parking. Enfants compris, avec les dangers de circulation et\ou de rôdeurs malveillants durant la nuit.
Le sort des albanais de Saint-Pierre n’est pas plus enviable. Ils\elles n’ont pas de réponse de l’état bien qu’ayant posé la question de leur logement à la sous-préfecture, à la préfecture et à la DDCS (Direction Départementale de la Cohésion Sociale). Où vont-ils s’abriter après la trêve hivernale ? Que va faire BMH (Brest Métropole Habitat) ? Sur ce coup là les migrants en réquisitionnant un bâti laissé à l’abandon a fait économiser beaucoup d’argent à l’état. Que va faire ce dernier, le tribunal ayant donné raison à BMH ? Les mettre à la rue ?
La famille tchétchène est en hôtel depuis quelques nuits. Ils vivent complètement effrayés, dans la peur permanente de se voir reconduis de force en Pologne d’un moment à l’autre. Ce pays n’est pas une terre d’asile pour eux et ça notre gouvernement le sait. Les migrants nous disent que les hommes de Kadirov viennent les chercher jusque dans les prisons où les mettent systématiquement les autorités polonaises.
Le système dit Dublin II a mis en place la réadmission avant de rendre semblable la demande d’asile dans tous les pays de la forteresse européenne « espace Schengen ». Le cas des tchétchènes réadmis en Pologne est avec celui des gens renvoyés en Grèce ceux qui posent le plus de problèmes en terme de danger de mort pour les migrants. Au niveau de la Grèce c’est résolu, nos dirigeants n’y renvoient plus les gens; mais pour la Pologne il n’y a rien à faire, c’est un pays sûr pour les tchétchènes aux yeux de notre gouvernement.
Quand j’écris cette phrase pour terminer ce billet le papa tchétchène, 24 ans c’est à dire l’age de mon fils et déjà 3 enfants, me téléphone pour dire « je suis passé à Coallia, l’hébergement en hôtel est terminé, nous sommes à la rue. ». Sa femme est enceinte de presque 7 mois, la plus grande des enfants a 6 ans. Nous faisons quoi ? Je vais les rejoindre, j’aimerais tant de la solidarité, maintenant !!!
daniel