Lionel Jospin, lui-même, tel que le rapporte un récent article du Monde (14 mai 2024), sous la plume de Nathalie Ségaunes, le mentionnait : "Je pense que ceux qui nous gouvernent n’ont pas assez le sens de l’Etat et ne connaissent pas assez la société. (...) Cette expérience, cette méthode, cet enracinement démocratique, c’est beaucoup ce qui manque, je crois, aujourd’hui".
Incompétence : est incompétent, indique Le Grand Robert, "celui qui n'a pas les connaissance suffisantes, l'habilité requise pour juger, décider d'une chose". Tel le qualificatif qui sied le mieux à l'actuel gouvernement. La gravité des événements qui touche la Nouvelle Calédonie, embrasant l'île après trente années de paix, le démontre parfaitement.
Alors que les premiers ministres chargés du dossier calédonien, ouvert et traité en 1988 par Michel Rocard, s'étaient inscrits dans le même processus de décolonisation négociée, à l'instar de Lionel Jospin, Manuel Valls et même Edouard Philippe, le gouvernement Attal vient de mettre le feu aux poudres en utilisant, à l'aveugle, sa "non méthode" habituelle : le coup de menton et le passage en force.
La lucidité et la mesure du jugement de Lionel Jospin, jusqu'alors très disert en matière de politique, nous rassurent, il existe encore en notre pays des hommes politiques disposant de la sagesse et de l'expérience nécessaires au bien public.
Or cette incompétence doit, qui plus est, s'écrire au pluriel car elle touche nombre de ministres qui, au delà de leurs maladresses parfois excusables, commettent, en matière de politique publique, des erreurs délétères. "Le coup de menton et le passage en force" souvent dans le seul intérêt des puissants comme seule méthode politique ! Les ministres de l'Outre-Mer et de l'Intérieur n'ont fait, ces derniers années, que l'appliquer dans le contexte calédonien. Pour preuve le troisième référendum imposé et ce 14 mai le vote d'une réforme constitutionnelle qui mettent un terme redoutable au processus de paix imposant dialogue et patience. Cette même méthode se répète, ad nauseam, en matière d'éducation, de santé, d'environnement, d'agriculture, inutile de développer, il n'est qu'à suivre l'actualité.
Ces incompétences sont en définitive les causes premières de toutes les formes de violence auxquelles notre société, notamment pour ces éléments les plus fragiles, a été, est et sera confrontée.
Que nous reste-il alors comme horizon d'espérance face à l'incompétence et à sa fille maudite la violence ? Reste la sagesse du peuple, telle que la démocratie permet de l'exprimer : le vote.