Toute comparaison ne peut être qu'approximative voire trompeuse et se moque bien de toute rationalité. Le Chili n'est pas la France et l'Amérique du Sud n'est pas l'Europe.
Il reste que la menace de l'extrême droite lorsqu'elle traverse les continents met en péril nos fragiles démocraties où qu'elles soient et quelle que soit leur histoire ou leur actualité. A ce titre la survenue de chaque combat, où qu'il se situe, entre forces du progrès et forces de l'ombre vaut la peine d'être objet de réflexion.
Qu'un très jeune candidat de Gauche, leader d'une large coalition allant du communisme au centre gauche, soit au soir d'une victoire historique mais surtout au matin d'une ambitieuse réforme de l'Etat encore marqué des fantômes de la dictature et des brumes d'un ultra libéralisme, cela mérite plus et mieux qu'un élan de félicitations et d'encouragements de la part de nos candidats de gauche à la prochaine élection présidentielle.
Années 70, Allende entrait à la Moneda lorsque François Mitterrand parvenait avec patience et maestria à rassembler la Gauche autour d'un programme commun. Un demi siècle plus tard, Gabriel Boric triomphe à Santiago, avec en filigrane l'espérance d'une nouvelle Constitution alors que notre pays reste englué dans une Cinquième République où règne un souverain et où la Gauche patauge dans le marais d'une fausse campagne faite d'improvisations et de postures fort peu compréhensibles.
Notre pays n'aurait-il pas d'attentes telles que celles que viennent d'exprimer, à une forte majorité, les Chiliens quant à l'Etat providence, la justice sociale, la défense de l'environnement, les droits de femmes et des diversités sexuelles, engagements portés très haut par le jeune député candidat ?
Notre pays n'aurait-il pas, à l'instar du peuple chilien, la capacité à s'opposer par les urnes aux discours délétères de pitres pitoyables, menteurs et haineux ?
Comment nos candidats de Gauche incapables, à quelques mois du scrutin, d'ouvrir une voie commune d'espérance, ne voient-ils pas que la perplexité actuelle du peuple de Gauche, qui les fait stagner à moins de 10% d'intentions de vote, ne fait que cacher une immense attente de rassemblement comme celle que le peuple chilien vient de transformer par la détermination et l'intelligence d'un candidat et de ses équipes en une réalité ?
Comment nos candidats de Gauche, tous impatients de se voir, ou de s'envisager, en seul et unique rassembleur, ne voient-ils pas que ce que nous attendons toutes et tous : qu'ils tirent vite et bien les enseignements utiles de la "leçon chilienne" !