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Billet de blog 26 mai 2024

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La leçon de Louise Michel

Alors que la Nouvelle Calédonie est marquée par un dangereux embrasement que l’exécutif peine à juguler, la leçon de Louise Michel, l’égérie de la Commune, déportée dans l’île en 1873, confrontée à la culture kanak et marquée par les dérives du colonialisme, prend toute sa dimension.

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« J’espère appendre aux Kanaks à nous égaler, ce qui ne sera pas aussi difficile qu’on pourrait le croire. Cette race, au lieu d’être broyée, pourrait contracter des alliances avec la nôtre, ce qui produirait une nation intelligente et forte ». 

Comment dire mieux ? En quelques mots la voie d’une espérance est ouverte. Encore faut-il être de la trempe de cette femme, sensibilisée dès son arrivée, avec son statut de bagnarde déportée, à ce peuple colonisé qu’elle cherche à comprendre allant jusqu’à tenter d’apprendre une des langues pratiquées par les habitants premiers.

A son retour en France, elle publiera en 1885 « Légendes et chants de gestes canaques » marquant par là son attachement à un peuple qu’elle a découvert soulignant sa compréhension fine et sensible de la culture insulaire. Marie-Claude Tjibaou, veuve du leader kanak Jean-Marie, indiquait que Louise Michel avait perçu « la musicalité de la langue kanak » ainsi que le rapporte l’historienne américaine Caroline Eichner dans un entretien à Médiapart (23/08/2018).

Durant ses dix années de déportation cette femme d’exception n’aura jamais ménagé sa peine pour venir en aide à ce peuple. Elle s’en est très vite rapprochée entretenant avec lui des liens pérennes. Elle a donné des cours aux Kanaks. Elle a soutenu, contre le pouvoir colonial, la révolte de 1878  provoquée par la spoliation des terres indigènes, l’exploitation forcenée du nickel récemment découvert, les sanctions contre les résistances de tribus marquées par ailleurs par les maladies importées. Louise Michel est l’une des seuls, sinon la seule, parmi la population blanche, déportés compris, à prendre le parti des révoltés s’insurgeant contre l’impérialisme de la France et de ses gouvernants locaux et nationaux.

Ils seront plusieurs milliers d’autochtones à saluer, en 1880 sur les quais, le départ de celle qui était devenue leur héroïne encore célébrée aujourd’hui.

Telle est la leçon de Louise, énoncée il y a plus d’un siècle et demi et que semblent ou veulent ignorer ceux qui désormais ne connaissent que le coup de menton et le passage en force.

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