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Billet de blog 13 octobre 2008

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Les origines du crash boursier: un nouveau scénario de fiction

Résumé des informations économiques de l'automne 2008:Les places boursières de la planète connaissent des journées difficiles, les banques sont en pleine déroute, la chute s'arrêtera bien un jour mais le redressement prendra des années. Les Ministres et les experts en économie avouent leur impuissance, ne comprennent ni ne maîtrisent plus grand chose, le système s'est emballé. L'origine du crash: la crise du subprime.

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Résumé des informations économiques de l'automne 2008:

Les places boursières de la planète connaissent des journées difficiles, les banques sont en pleine déroute, la chute s'arrêtera bien un jour mais le redressement prendra des années. Les Ministres et les experts en économie avouent leur impuissance, ne comprennent ni ne maîtrisent plus grand chose, le système s'est emballé. L'origine du crash: la crise du subprime.

Place à la fiction. Attention : les lignes qui suivent sont le pur produit de l'imagination.

L'homme moderne est devenu totalement dépendant de tous les systèmes d'information qui constituent son environnement. Il en est devenu si dépendant qu'il ne lui viendrait même plus à l'esprit de remettre en doute l'information que lui délivrent ces systèmes.

Quand une horloge mécanique indique 14H, l'homme s'inquiète souvent: l'horloge est-elle en avance ou en retard? L'homme n'a qu'une confiance limitée dans tout ce qui est strictement mécanique. Il amène son véhicule pour une révision annuelle, comme il irait chez le médecin faire un bilan de santé, car ce qui est mécanique est comme organique c'est-à-dire faillible, sujet au vieillissement. Impossible donc de mettre toute sa confiance dans cette horloge à ressort car le ressort se détend, et jamais l'heure ne sera donnée exactement. Mais paradoxalement, depuis que l'horloge est devenue électronique, que l'aiguille a cédé sa place à un affichage numérique, l'homme se fie à l'information que lui délivre l'écran, au dizième de seconde près. Précision et infaillibilité semblent être devenues les qualités intrinsèques de l'objet qui délivre l'information numérique.

Face à son écran, le trader se concentre, pense, décide, sur la base des informations que lui délivre l'écran. L'univers de la finance dépend tout entier de ces écrans.

Viendrait-il à l'esprit du trader de remettre en question la fiabilité de l'information qui s'affiche sous ses yeux? Probablement pas. Quand bien même le voudrait-il, il n'en aurait pas les moyens. D'autres que lui sont de toutes manières garants de la fiabilité des systèmes d'information boursiers et bancaires, qui ont installé les systèmes, développé les applications, assurent la sécurité.

Si quelqu'un parvenait toutefois à s'introduire dans ces systèmes (si sécurisés?), si l'information qui était délivrée avait subi à un certain moment de son processus de traitement une altération, volontaire ou non, alors l'information qui viendrait à s'afficher pourrait être fausse, ne pas être conforme à la réalité économique du moment, le trader-décideur-investisseur n'en saurait rien. Pourtant il adapterait, lui et les centaines de milliers comme lui de par le monde, son comportement aux signaux reçus : un signal faible ou fort de retournement de situation avant coureur de crise, modifierait ses décisions.

Un tel scénario est celui que craignent les experts américains de la guerre de l'information, qu'ils qualifient de "Pearl Harbor informatique" ou "Pearl Harbor électronique": une opération agressive contre les systèmes d'information sensibles d'un Etat, et qui aurait des conséquences catastrophiques. Et pour parvenir à un tel résultat il pourrait y avoir une attaque massive, spectaculaire. Mais aussi des opérations plus subtiles. La guerre de l'information consiste essentiellement à modifier le comportement de l'adversaire, l'amener à agir contre ses propres intérêts, en modifiant sa perception de la réalité (en ne lui donnant à voir qu'une part de la réalité ou en faussant complètement ce qui lui est donné à voir).

Gardons-nous de faire un lien entre la crise financière mondiale de l'automne 2008 et ce scénario. Nous n'avons aucun élément de preuve, et de plus les experts en sécurité ou en économie nous diront tous que "c'est totalement impossible! il n'y a pas de systèmes plus sécurisés que ceux des places financières".

Mais comme il ne s'agit que de fiction nous sommes libres d'élaborer tous les scénarios (de toutes manières, il n'y a pas de scénario officiel, puisque l'avis général est "nous n'y comprenons plus rien"

. Il ne reste plus qu'à imaginer les coupables et les mobiles.

Daniel Ventre

Les origines du crash boursier: un nouveau scénario de fiction

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