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Billet de blog 7 mai 2012

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il faut baigner dans la réalité française depuis tout petit pour continuer tranquillement à appeler « démocratie » un système présidentiel comme celui-là !

Je précise que ma réaction ne procède pas d’un dépit quelconque : à choisir entre les deux concurrents en lice (en « en lisse » aussi…), c’est le représentant socialiste qui avait ma préférence.

Tous les cinq ans, à l’issue d’un spectacle télévisuel, la population désigne son grand chef qui aura quasiment tous les pouvoirs (de facto au moins). Tirant sa légitimité directement des citoyens, rien ne pourra le déboulonner avant terme.

Dans les autres « démocraties parlementaires bourgeoises », le pouvoir peut être renversé par les Chambres. En France, non : le Président continuera à trôner au-dessus de la mêlée, comme un monarque.

Et il y a un tel battage médiatique autour de la personne du président que c’en est extraordinairement comique vu d’ailleurs.

Hier soir, on a eu droit au « journaliste » planté devant la porte du bureau hollandien et qui intervenait toutes les cinq minutes pour nous signaler qu’il n’y avait pas accès encore mais que bientôt, Son Eminence allait se montrer. A part cela, le journaliste n’avait rien à dire.

Puis, on a eu quelques épisodes du style « Tour de France ». Cohortes de motards suivant le cortège du Prince pour nous faire entrevoir sa divine face derrière les vitres de la voiture, commentaires journalistiques dans le plus pur style sportif, avec la voix haut perchée, aux confins de l’hystérie, afin de faire partager aux « supporters » les merveilles du prochain virage ou de l’accélération savante, et, toutes les vingt secondes, la position par rapport à la ligne d’arrivée, en kilomètres, puis en centaines de mètres. Tout dans le tautologique le plus pur : on voyait Hollande sortir de la voiture pendant que le commentateur hurlait « Hollande sort de la voiture ! », il serrait des mains dans le même temps que l’autre beuglait « Il sert des mains ! ». Sans doute voulait-on inclure les aveugles dans la fête… Merci pour eux.

Ensuite, tous ces plans insistants sur les visages extatiques dans le public.

Mea culpa, j’étais à la Bastille en 1981, et je devais hélas leur ressembler. Mais au moins avait-on quelques illusions alors. D’accord, cela n’excuse rien : ce jour-là aussi on avait élu un monarque.

Pourquoi les Français acceptent-ils avec tant de constance la présence d’un grand chef, d’une idole, d’un champion, d’un roi ?

Et pourquoi de toutes parts ces trémolos patriotiques sur la France éternelle, la Grandeur, la Nation, etc ?

Tout ça est bourré d’affects et vide de sens.

Une sorte de religion laïque.

Ben oui, l’opium du peuple…

Tout ce qui encourage les passions simples (sport-spectacle, politique-spectacle, religion-spectacle…) est du pain béni pour les possédants : pendant que « le peuple » s’adonne aux émotions, il n’embête pas le Pouvoir.

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