Louis Ménard écrit ce qui suit en 1848 (dans "Prologue d'une révolution" : à lire !) et parle de la situation précédant les événements de février et les massacres de juin. Ou bien parle-t-il de 2010 ?
"[La corruption] était arrivée à un tel degré qu'elle n'avait plus conscience d'elle-même : le sens moral était atrophié, la tyrannie du capital érigée en dogme, le vol légalisé et pratiqué impudemment un grand jour par tout ce qu'on appelait alors le pays légal, depuis le notaire, l'agent de change et le banquier, s'enrichissant de la ruine des familles, et spéculant sur la disette des grains, jusqu'au petit marchand fraudant sur le poids et la qualité de sa marchandise, et falsifiant les aliments du Peuple avec des drogues vénéneuses (...). La corruption avait passé des moeurs dans la politique. La Chambre des députés, devenue une armée disciplinée et salariée de fonctionnaires, ne servait qu'à couvrir d'une apparence de légalité la honteuse politique du pouvoir exécutif.
(...) On vit un ministre, convaincu de concussion, condamné à la dégradation civique. En abandonnant ainsi comme un bouc émissaire un collègue maladroit, le ministère crut avoir apaisé l'opinion ; l'opposition insista et demanda une enquête : les ministres opposèrent une dénégation pure et simple, et la Chambre se déclara satisfaite de ces explications."