On y a eu droit sur toutes les télés et dans tous les journaux du monde : la bombinette de Times square bricolée par un fêlé amateur. Toute la profession journalistique s’est précipitée sur l’aubaine. On a vu les images dantesques de véhicules de sécurité s’agglutinant au centre de New York afin de protéger la population en danger. Certains des pompiers et policiers et militaires et gardes du corps et officiels et services secrets et journalistes eux-mêmes (c’est tout dire !) étaient même décoiffés !
Je n’en suis pas sûr, mais il m’a semblé avoir entendu parler de l’arrivée en renforts de tous ceux qui travaillaient dans le Golfe du Mexique afin qu’ils participent là aussi au ramassage des matières visqueuses jonchant le sol : des cerveaux qui s’écoulaient sur le trottoir au rythme des commentaires angoissés.
Et ce n’est pas tout !
Quelques jours plus tard, les journalistes sont à nouveau convoqués afin de répandre la nouvelle nouvelle (vous pouvez choisir où se trouve l’adjectif et le substantif, c’est assez secondaire…) : « Oyez citoyens du Monde Libre ! Les Etats-Unis vous prient de diffuser le communiqué suivant : on a trouvé une autre voiture contenant de quoi faire exploser la planète. Deux bisons d’essence dans une voiture en stationnement ! Encore des terroristes sans foi ni loi dont on suppose qu’ils ne se nourrissent pas de MacDo ! ».
Alors, tous les medias du monde ont diffusé la nouvelle puisque Obama le demandait si gentiment. On a eu droit à ceci en gros : « Une voiture suspecte contenant deux bidons d’essence a été repérée, les forces de l’ordre sont intervenues en masse, le propriétaire de la voiture, un jardinier, est venu demander pourquoi des chars d’assaut entouraient son véhicule et il s’est excusé de transporter l’essence de sa tondeuse sans autorisation présidentielle ».
Et si les journalistes se contentaient de ne rien dire, rien écrire, quand il ne se passe rien ?