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Billet de blog 22 juin 2010

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lA ReFORME DES RETRAITES EST UN NON SENS OU UNE ICOMP2TENCE DE CEUX QUI LA METTENT EN OEUVRE

DANIEL ZIARKOWSKI

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je considère que cette réforme est indécente et inhumaine, je m’en explique car elle n'est assise que sur le dossier de presse présenté par Eric WOERTH

A - Prolonger et élargir le dispositif carrières longues :

Ce dispositif est ahurissant et inhumain. En effet, ce dispositif n’engage que les personnes qui ont travaillé avant 18 ans et qui pourront ainsi prendre leur retraite à 60 ans « si elles respectent la condition de durée d’assurance » !!!! Mais un jeune qui travaille à 18 ans se verra partir à la retraite à 62 ans après avoir travaillé 44 ans !!! Où est l’égalité dans ce système ?

Je reprends l’exemple d’Eric Woerth : Michel est né le 20/08/1956 et a débuté son activité (comme apprenti) à 16 ans. A 60 ans, il pourra liquider sa pension de retraite dans le cadre du dispositif « carrières longues » le 20/08/2016, le jour de ses 60 ans après avoir cotisé 44 ans. On est loin des 41,5 années de cotisations obligatoires en 2020. Effectivement, sans jeu de mots, Michel aura eu une vraie carrière longue. Où est l’humanité dans un dispositif qui allonge la durée du travail pour des générations qui, elles, sur la base de l’apprentissage proposé dans l’exemple ci-dessus, se sont donc trouvées, sans aucun doute, dans un emploi difficile considérant que l’allongement de la durée de vie ne s’applique pas pour tous avec le même calcul ou la même espérance ?

Prenons l’exemple des infirmières, dont il est prouvé que l’espérance de vie est inférieure de 7 ans par rapport à la moyenne et qui sont entrées en école d’infirmières à 17 ans. Il se trouve que la durée de leur scolarité n’est pas prise en compte dans ce dispositif de carrières longues. Quelle infirmière travaillant en bloc opératoire à 60 ans aura encore la force d’exécuter ce qui est attendu d’elle, à savoir soulever des malades à opérer d’un lit à la table d’opération, par exemple ? Combien faudra-il de malades victimes d’accidents au bloc pour reconnaître la pénibilité des emplois d’infirmière ou de chirurgien ?

Combien faudra-il de couvreurs de 60 aujourd’hui et de 62 ans demain ans qui, après 44 puis 46 ans sur des toits, des échafaudages, auront un accident du travail grave ou mortel lié à la fatigue pour reconnaître leur longue et épuisante carrière ?

B – la pénibilité du travail :

Nous sommes dans un dispositif indécent, scandaleux, inhumain, inadapté et inapplicable. Je cite les propos d’Eric WOERTH :

A - « Les salariés doivent être physiquement usés au moment de la retraite ». Donc, un être humain qui travaille n’est qu’une pièce du marché du travail qui s’use comme une pièce mécanique, comme un engrenage qui va fragiliser l’entreprise et qui nécessite donc d’être changé avant l’usure. C’est sans aucun doute la proposition du MEDEF et la réponse cynique au triste constat du non emploi des seniors ! On change la pièce usée avant que le moteur entier ne casse !!!!!!

B – « Le droit est accordé de manière individuelle ». Le gouvernement refuse de lister les métiers pénibles, MAIS il autorise un départ anticipé aux assurés justifiant d’un taux d’incapacité égal ou supérieur à 20% ayant donné lieu à l’attribution d’une rente pour maladie professionnelle !!!

Je vais prendre plusieurs exemples :

- les mineurs de mes corons qui partaient à la retraite après 30 ans de fond dans les années 60 étaient tellement en piteux état de santé (blessures, incroyables conditions de travail, silicose …) qu’ils ne jouissaient que de quelques années de retraite. Mais, si l’un d’entre eux était sorti de la mine ‘moins usé’ selon l’expression d’Eric Woerth, qui aurait osé lui dire qu’il ne partirait plus au bout de 30 ans de fond, mais au bout de 32 ou 35 ans !

- le carreleur, qui au bout de 30 ou 35 ans de travail aura des genoux « amochés », des douleurs fortes au niveau du dos, quand il se présentera à la médecine du travail afin de bénéficier d’une reconnaissance de maladie professionnelle, qui lui accordera 20% ou plus ? Devra-t’il se représenter une fois qu’on lui aura mis des prothèses de genoux en titane dernier cri, après avoir été opéré du dos pour qu’enfin on reconnaisse la pénibilité de son métier ?

- L’exemple d’Eric Woerth sur Max (en référence sans doute avec le film Max et les ferrailleurs !!), éboueur de 57 ans qui souffre d’une hernie discale et partira à 60 ans. MONSIEUR Eric Woerth devra m’expliquer ou me démontrer qu’un médecin de la médecine du travail accordera à Max 20% d’invalidité au titre de la maladie professionnelle simplement pour une hernie discale, surtout s’il s’est fait opérer entre temps !!!!!!

- La justice vient de reconnaître qu’un travailleur des travaux publics en charge du bitumage de nos routes et autoroutes, décédé d’un cancer du poumon, a contracté cette maladie mortelle en conséquence des émanations du bitume. Est-ce que son collègue, qui effectue le même travail, devra attendre d’être, lui aussi, victime de ce même cancer pour qu’on lui reconnaisse la pénibilité de son métier ? Tant qu’il n’aura pas été attaqué par cette maladie, il ne pourra donc jamais faire reconnaître cette pénibilité sauf si, comme le dit MONSIEUR Woerth, à force de porter des charges de bitume, des outils lourds, de subir les trépidations de son rouleau compresseur, il développe une HERNIE DISCALE !!!!!

C – L’utilisation du fonds de réserve :

Le gouvernement a décidé de piocher dans ce fond de réserve mis en place par le gouvernement Jospin pour permettre de répondre, en 2020, à la retraite des baby-booms. Tout cela pour ne pas taxer le capital, pour continuer à produire des décharges fiscales pour le patronat qui s’insurge (propos de Madame Parisot) qu’on taxera les 13 ou 14 mois (seulement ceux là). Ha, ils ont augmenté de 1% les impôts en les faisant passer de 40 à 41% pour la tranche la plus élevée de l’impôt sur le revenu (= revenus annuels supérieurs à 69783 euros), mais sans toucher au bouclier fiscal, en augmentant homéopathiquement les taxes sur les retraites chapeaux ou les stocks options ! On ne fait qu’augmenter une future dépense en voulant, soi-disant, diminuer celle d’aujourd’hui. Que restera-t-il pour ceux qui partiront à la retraite en 2020 ou après, pour nos enfants si ce n’est l’obligation de travailler encore plus et plus pour espérer vivre décemment ?

D– La retraite des femmes : Si on considère une mère qui a commencé à travailler à 25 ans, qui a pris deux congés parentaux, voire qui a décidé d’interrompre sa carrière, avec un principe de cotisation de 41,5 ans, elle devra travailler jusqu’à : 25 ans + 41,5 ans + 6 ans (2x3ans de congés) = 72,5 ans pour bénéficier d’une retraite sans décote ! Peut-être aura-t-elle pu bénéficier d’un rachat de ses années d’études, peut-être qu’avec son salaire, elle aura pu cotiser à une retraite complémentaire et pourra espérer partir à …. 67 ans ? Notre société est composée de nombreuses femmes qui ont élevé ou élèveront seules leur ou leurs enfants. A leur maternité (le gouvernement a quand même acté que la période du congé de maternité entrera dans le décompte de la retraite), à leur courage pour s’occuper seules de leur progéniture, à l’intelligence qu’elles doivent mettre en œuvre pour cumuler travail et enfants, doit-on encore y ajouter des années de travail pour espérer bénéficier d’une retraite complète ? Le « travail » de mère, seule ou accompagnée, n’est plus pris en compte par ce gouvernement et pourtant ce sont elles qui assurent l’avenir de toutes et tous ! Comme disait Louis Aragon : « la femme est l’avenir de l’homme » donc de notre pays, mais le gouvernement est soit misogyne, soit composé de clones, soit sourd et aveugle ! E – La convergence des taux de cotisation du public et du privé : Le gouvernement a décidé d’aligner les taux de cotisation, à savoir de faire passer, de 2011 à 2020, le taux de cotisation des fonctionnaires de 7,85% à 10,55% sur le barème suivant : 0,27% par an, sans compensation salariale. Par contre, on n’inclura toujours pas les indemnités des fonctionnaires dans le calcul de la retraite. Cette part indemnitaire est très importante pour de nombreux fonctionnaires (10% du salaire pour les salaires les plus bas). Aujourd’hui, sur la base de la dernière augmentation de 0,3% intervenue en novembre 2009, un fonctionnaire de catégorie C qui démarre sa carrière ou ce fonctionnaire des espaces verts qui balaie votre trottoir pour éviter que vous ne mettiez le pied dans les déjections du chien de votre voisin, gagnent 2,37 euros brut de plus que le Smic brut. Considérant que le Smic va être réévalué au 1 er juillet prochain, des milliers de fonctionnaires toucheront, en termes de salaire brut, moins que le Smic et cela s’aggravera chaque année avec, en plus, cette convergence des taux de cotisation sauf si l’état décide de relever les plus bas salaires des fonctionnaires qu’ils soient d’Etat, de la fonction publique hospitalière, de la fonction publique territoriale. Il s’agit là d’une décision injuste envers les fonctionnaires aux salaires les plus faibles et qui sont la très grande majorité. L’Etat a décidé de paupériser d’avantage la fonction publique. E – Conclusions :

Comment accepter cette réforme, qui nous concerne tous, qui concerne les épouses, les maris, les parents pour nombre d’entre nous mais, surtout, nos enfants, qu’ils soient encore en maternelle, déjà sur le marché du travail ou qu’ils s’y dirigent ? Comment ne pas craindre pour l’avenir de nos enfants, ne pas craindre que le mari de 45 ou 50 ans ou son épouse ne soient considérés « comme de futurs usés » par leurs employeurs et changés, comme on change une pièce ? Comment ne pas redouter de voir sa fille se diriger vers le métier d’infirmière ou son fils vers le métier de maçon, de couvreur, de monteur à la chaîne de PSA … ? Le gouvernement a décidé d’ignorer tout cela, de faire preuve d’intolérance et d’inhumanité envers la frange la plus importante de la population. Seuls les cadres supérieurs et les professions libérales, qui sont en capacité de cotiser pour l’accès à un complément de retraite, semblent manifestement tirer leurs épingles de ce qui se présente comme un bien cynique jeu de dupes !

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