Même quand on est en désaccord profond avec la politique générale de M. Macron, on ne peut que saluer la décision courageuse qu’il a fini par prendre en annonçant qu’il reconnaîtrait officiellement l’Etat de Palestine à l’occasion de la prochaine Assemblée générale des Nations Unies.
Certes, on aurait aimé que cette initiative ait été plus rapide et qu’elle n’ait pas été préfigurée puis écartée à plusieurs reprises au gré des fluctuations de l’actualité internationale.
Il n’empêche qu’en prenant cette décision, le Président de la République rejoint l’engagement porté par le passé par le général de Gaulle, par Valéry Giscard d’Estaing (la déclaration de Venise), par François Mitterrand (le discours devant la Knesset) et par Jacques Chirac (le voyage à Jérusalem et à Ramallah). Il rompt avec l’attentisme ambigu et fuyant qui caractérisait ses prédécesseurs immédiats, MM. Sarkozy et Hollande.
Il rejoint aussi les plus courageux des dirigeants européens, les Premiers Ministres espagnol, Pedro Sanchez, et irlandais, Michéal Martin. Il place devant leurs contradictions les Premiers Ministres britannique, Keir Starmer - prisonnier de la dépendance atlantique - et allemand, Friedrich Merz - enfermé dans une raison d’Etat qui rend l’Allemagne aveugle sur les crimes d’aujourd’hui au nom des crimes qu’elle a elle-même commis dans le passé.
Reste maintenant à donner la suite la plus crédible à cette décision. Il est bien d’appeler au cessez-le-feu et à la reprise immédiate de l’aide humanitaire en direction des populations affamées de Gaza, mais il serait encore mieux de ne plus tergiverser sur la suspension de l’accord commercial Union européenne-Israël dont l’article 2 relatif au respect des droits de l’homme est aujourd’hui systématiquement bafoué.
Il est bien de demander la démilitarisation du Hamas, mais il faut aussi que cessent les massacres des populations civiles à Gaza et les exactions des colons -de plus en plus militarisés- et de l’armée israélienne en Cisjordanie.
Il est indispensable que soient libérés tous les otages israéliens, mais il faut aussi que soient libérés les prisonniers palestiniens -pour la plupart, des otages de fait- et notamment ceux qui, tel Marouane Barghouti, pourraient jouer un rôle politique majeur dans la mise en œuvre de la nécessaire solution à deux Etats.
Un pas a été franchi mais la France a encore beaucoup à faire pour contribuer significativement à l’établissement de la paix et à la reconnaissance des droits des peuples au Proche-Orient.
Daniel GARRIGUE,
Ancien député,
Ancien maire de Bergerac.