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Billet de blog 15 mai 2025

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L'information scientifique est-elle interdite aux «pauvres » ?

Les pauvres sont définis ici, comme les personnes ne pouvant pas payer 40$ pour accéder à une publication scientifique dite « fiable ». Dans ce cas le nombre de pauvres représente vraisemblablement plus de 98% de la population mondiale.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L'information scientifique est plus difficile à définir c'est pourquoi nous nous appuierons sur 2 exemples . Le premier est la recherche de la raison pour laquelle Albert Einstein et Claude Cohen-Tannoudji ont reçu le prix Nobel de Physique . Pour ces 2 savants l'un est éminemment connu et l'autre fort peu connu et nous verrons que la notoriété (mesurée de nos jours par le nombre de « followers ») conditionne l'accessibilité aux publications scientifiques. Si l'on mesure la notoriété par le nombre de langues qui relatent la biographie de ces 2 savants on trouve dans l’encyclopédie Wikipedia accessible (sans autres frais que la possession d'un smartphone et d'un abonnement à Internet), pour Einstein 227 langues et pour Cohen-Tannoudji 67 langues. Est-ce une bonne mesure de la notoriété scientifique ? En première approximation oui mais alors quant est-il de l'inventeuse ou de l'inventeur du feu ? Sa notoriété est nulle puisqu'elle est inconnue ! Un autre moyen de mesurer la notoriété d'un savant est d'utiliser le moteur de recherche Google Schlolar. Pour Einstein ce moteur de recherche trouve 1 700 000 résultats citant « albert einstein ». L'article scientifique sur l'effet photoélectrique qui lui a valu le prix Nobel en 1921 a été cité par 8 698 autres articles scientifiques. Pour Cohen-Tannoudji on trouve 2810 résultats et l'article qui lui a valu le prix Nobel est cité par 1666 autres articles scientifiques. Le prix Nobel de physique de 1997 a été partagé entre Claude Cohen-Tannoudji, Steven Chu et William D. Phillips pour leurs recherches sur le refroidissement et le confinement d'atomes par lumière laser. Pour la biographie du physicien et homme politique Steven Chu qui a été traduite en 73 langues, Google Schlolar fait état de 327 000 résultats et son article sur le confinement d'atomes neutres a été cité 1749 fois tandis que la biographie de William D. Phillips a été traduite dans 63 langues et son article du prix Nobel cité 2 717 fois. En bref il semble qu'un article pour le prix Nobel de Physique intéresse en moyenne environ 2 000 personnes et environ 10 000 pour Einstein. Même pour Einstein il n'existe qu'environ 2 millions de personnes qui ont publié un texte en référence à Einstein soit 0,0243% des humains vivants aujourd’hui sur la terre.

Le deuxième exemple d'une information scientifique apparaît dans la question : est-ce que le plomb est plus toxique que les PFAS dont actuellement on parle beaucoup? Le plomb est un atome de formule chimique Pb qui comporte 82 électrons et 82 protons. Il y a 3 isotopes stables du plomb : le 208Pb d'abondance naturelle de 52,4% qui comporte 126 neutrons, le 207Pb d'abondance naturelle de 22,1% et le 206Pb d'abondance naturelle de 24,4%. Il existe aussi 48 isotopes avec des durée de vie de 14 millions d'années avec une abondance naturelle de 1,4 % pour le 205Pb à 300 ns pour le 220Pb. Tous les atomes de plomb ont les mêmes propriétés chimiques, la seule différence est leur masse qui dépend du nombre de neutrons dans chaque noyau atomique. Tous les isotopes du plomb peuvent être détectés et dosés par spectroscopie de masse. Les PFAS sont des molécules chimiques contenant majoritairement du carbone et du fluor. Le carbone est un atome qui comporte 6 électrons et 6 protons. Il existe 2 isotopes stables du carbone : le 12C avec une abondance naturelle de 98,94% et le 13C avec une abondance naturelle de 1,06%. Le fluor 19F avec 10 électrons et 9 neutrons est le seul isotope stable de fluor. Les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées , plus couramment désignées sous l'acronyme de « PFAS » (de l'anglais per- and polyfluoroalkyl substances), sont également appelées polluants éternels du fait de leur persistance dans l’environnement. Elles contiennent au moins un groupement perfluoroalkyle (–CnF2n–). Il existe probablement entre six et sept millions de PFAS. Le terme polluant éternel s'il s'applique bien aux isotopes stables du plomb, est clairement inapproprié pour des substances synthétisées par l'humain. Les PFAS qui n'existent que depuis la découverte du téflon en 1938 ont donc une durée de vie au maximum de moins de cent ans. En appelant les PFAS des polluants éternels on génère une information scientifiquement fausse (une fake news). L'information scientifique est que les PFAS se dégradent plus difficilement que certaines autres molécules synthétiques ne contenant pas de fluor.

Les termes utilisés dans l'information scientifique pour décrire des phénomènes complexes sont souvent le résultat de l'humour de certains physiciens par exemple le temps de vie pour la constante radioactive, une transition électronique interdite pour une transition de très faible probabilité ou encore la mémoire de l'eau pour exprimer les temps de relaxation nucléaire particulièrement longs pour les protons de l'eau, sans parler de l'humour de certains journalistes pour parler des avions renifleurs ou de la fusion froide etc.

La toxicité est la mesure de la capacité d’une substance chimique, radionucléideou molécule organique amenée à provoquer des effets néfastes et mauvais pour la santé ou la survie chez toute forme de vie (animale telle qu’un être humain, végétale, fongique ou bactérienne), qu'il s'agisse de la vitalité de l'entité étudiée ou d'une de ses parties (ex. : foie, rein, poumon, cœur, chez l'animal).

Quand on effectue une recherche par Internet sur la toxicité du plomb on trouve en premier lieu, «Les effets du plomb sur la santé » du ministère du travail,de la santé,des solidarités et des familles. Quand on veut « en savoir plus » on trouve une bibliographie dans un rapport de l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). Ce rapport s’appuie sur environ 70 articles scientifiques dont un grand nombre demandent de payer soit un abonnement annuel d'environ 20€ soit 40€ pour accéder à l'article souhaité. De même pour la toxicité des PFAS, un rapport de l'ANSES avec environ 90 références à des articles scientifiques où il est demandé jusqu'à $45,95 pour accéder à l'article souhaité. Au niveau international, une revue de la littérature scientifique (en 2021) fait référence à plus de 200 articles scientifiques dont une grande partie nécessite de payer environ $40 pour y accéder.

On constate que l'accès aux informations scientifiques dépend de la notoriété des savants. Lorsqu'ils sont prix Nobel, les articles scientifiques qui expliquent leurs travaux sont en général accessibles gratuitement (avec un smartphone et un abonnement internet) mais leur compréhension nécessite une formation en mathématique très peu répandue dans l’humanité. Même dans le domaine médical, l'évaluation de la pertinence des travaux scientifiques nécessite des connaissances en statistique peu communes d'où l'appel à des experts.

Les experts scientifiques ne sont pas n'importe qui ! En France ils sont environ pour 3 500 pour le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres). Pour le changement climatique, le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) propose d'envoyer une liste si vous êtes journaliste. Si l'on s’intéresse aux nombres de scientifiques on trouve des études exprimant les nombres de scientifiques pour 10 000 travailleurs classés par pays. Dans ce classement, si l'on veut connaître les critères utilisés pour définir les scientifiques ou les travailleurs on trouve une référence « Nature 521,142-143 (2015) ». En voulant lire cet article il est proposé de le télécharger pour 39,95€. Là encore rare sont les personnes acceptant de débourser une telle somme à vrai dire même pas les experts. Les experts sont en général membres d'institution qui sont abonnées aux éditeurs scientifiques qui s'approprient les droits d'auteurs des scientifiques.

En voulant répondre à la question sur l’exclusion des pauvres de l'information scientifique nous sommes passés à deux nouvelles questions « Qui entrave la diffusion de l'information scientifique dans la population mondiale ? » et « Combien sont-ils ? »

Daniel GRUCKER , professeur émérite de biophysique, faculté de médecine, université Strasbourg

daniel.grucker@wanadoo.fr

L'information scientifique est plus difficile à définir c'est pourquoi nous nous appuierons sur 2 exemples . Le premier est la recherche de la raison pour laquelle Albert Einstein et Claude Cohen-Tannoudji ont reçu le prix Nobel de Physique . Pour ces 2 savants l'un est éminemment connu et l'autre fort peu connu et nous verrons que la notoriété (mesurée de nos jours par le nombre de « followers ») conditionne l'accessibilité aux publications scientifiques. Si l'on mesure la notoriété par le nombre de langues qui relatent la biographie de ces 2 savants on trouve dans l’encyclopédie Wikipedia accessible (sans autres frais que la possession d'un smartphone et d'un abonnement à Internet), pour Einstein 227 langues et pour Cohen-Tannoudji 67 langues. Est-ce une bonne mesure de la notoriété scientifique ? En première approximation oui mais alors quant est-il de l'inventeuse ou de l'inventeur du feu ? Sa notoriété est nulle puisqu'elle est inconnue ! Un autre moyen de mesurer la notoriété d'un savant est d'utiliser le moteur de recherche Google Schlolar. Pour Einstein ce moteur de recherche trouve 1 700 000 résultats citant « albert einstein ». L'article scientifique sur l'effet photoélectrique qui lui a valu le prix Nobel en 1921 a été cité par 8 698 autres articles scientifiques. Pour Cohen-Tannoudji on trouve 2810 résultats et l'article qui lui a valu le prix Nobel est cité par 1666 autres articles scientifiques. Le prix Nobel de physique de 1997 a été partagé entre Claude Cohen-Tannoudji, Steven Chu et William D. Phillips pour leurs recherches sur le refroidissement et le confinement d'atomes par lumière laser. Pour la biographie du physicien et homme politique Steven Chu qui a été traduite en 73 langues, Google Schlolar fait état de 327 000 résultats et son article sur le confinement d'atomes neutres a été cité 1749 fois tandis que la biographie de William D. Phillips a été traduite dans 63 langues et son article du prix Nobel cité 2 717 fois. En bref il semble qu'un article pour le prix Nobel de Physique intéresse en moyenne environ 2 000 personnes et environ 10 000 pour Einstein. Même pour Einstein il n'existe qu'environ 2 millions de personnes qui ont publié un texte en référence à Einstein soit 0,0243% des humains vivants aujourd’hui sur la terre.

Le deuxième exemple d'une information scientifique apparaît dans la question : est-ce que le plomb est plus toxique que les PFAS dont actuellement on parle beaucoup? Le plomb est un atome de formule chimique Pb qui comporte 82 électrons et 82 protons. Il y a 3 isotopes stables du plomb : le 208Pb d'abondance naturelle de 52,4% qui comporte 126 neutrons, le 207Pb d'abondance naturelle de 22,1% et le 206Pb d'abondance naturelle de 24,4%. Il existe aussi 48 isotopes avec des durée de vie de 14 millions d'années avec une abondance naturelle de 1,4 % pour le 205Pb à 300 ns pour le 220Pb. Tous les atomes de plomb ont les mêmes propriétés chimiques, la seule différence est leur masse qui dépend du nombre de neutrons dans chaque noyau atomique. Tous les isotopes du plomb peuvent être détectés et dosés par spectroscopie de masse. Les PFAS sont des molécules chimiques contenant majoritairement du carbone et du fluor. Le carbone est un atome qui comporte 6 électrons et 6 protons. Il existe 2 isotopes stables du carbone : le 12C avec une abondance naturelle de 98,94% et le 13C avec une abondance naturelle de 1,06%. Le fluor 19F avec 10 électrons et 9 neutrons est le seul isotope stable de fluor. Les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées , plus couramment désignées sous l'acronyme de « PFAS » (de l'anglais per- and polyfluoroalkyl substances), sont également appelées polluants éternels du fait de leur persistance dans l’environnement. Elles contiennent au moins un groupement perfluoroalkyle (–CnF2n–). Il existe probablement entre six et sept millions de PFAS. Le terme polluant éternel s'il s'applique bien aux isotopes stables du plomb, est clairement inapproprié pour des substances synthétisées par l'humain. Les PFAS qui n'existent que depuis la découverte du téflon en 1938 ont donc une durée de vie au maximum de moins de cent ans. En appelant les PFAS des polluants éternels on génère une information scientifiquement fausse (une fake news). L'information scientifique est que les PFAS se dégradent plus difficilement que certaines autres molécules synthétiques ne contenant pas de fluor.

Les termes utilisés dans l'information scientifique pour décrire des phénomènes complexes sont souvent le résultat de l'humour de certains physiciens par exemple le temps de vie pour la constante radioactive, une transition électronique interdite pour une transition de très faible probabilité ou encore la mémoire de l'eau pour exprimer les temps de relaxation nucléaire particulièrement longs pour les protons de l'eau, sans parler de l'humour de certains journalistes pour parler des avions renifleurs ou de la fusion froide etc.

La toxicité est la mesure de la capacité d’une substance chimique, radionucléideou molécule organique amenée à provoquer des effets néfastes et mauvais pour la santé ou la survie chez toute forme de vie (animale telle qu’un être humain, végétale, fongique ou bactérienne), qu'il s'agisse de la vitalité de l'entité étudiée ou d'une de ses parties (ex. : foie, rein, poumon, cœur, chez l'animal).

Quand on effectue une recherche par Internet sur la toxicité du plomb on trouve en premier lieu, «Les effets du plomb sur la santé » du ministère du travail,de la santé,des solidarités et des familles. Quand on veut « en savoir plus » on trouve une bibliographie dans un rapport de l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). Ce rapport s’appuie sur environ 70 articles scientifiques dont un grand nombre demandent de payer soit un abonnement annuel d'environ 20€ soit 40€ pour accéder à l'article souhaité. De même pour la toxicité des PFAS, un rapport de l'ANSES avec environ 90 références à des articles scientifiques où il est demandé jusqu'à $45,95 pour accéder à l'article souhaité. Au niveau international, une revue de la littérature scientifique (en 2021) fait référence à plus de 200 articles scientifiques dont une grande partie nécessite de payer environ $40 pour y accéder.

On constate que l'accès aux informations scientifiques dépend de la notoriété des savants. Lorsqu'ils sont prix Nobel, les articles scientifiques qui expliquent leurs travaux sont en général accessibles gratuitement (avec un smartphone et un abonnement internet) mais leur compréhension nécessite une formation en mathématique très peu répandue dans l’humanité. Même dans le domaine médical, l'évaluation de la pertinence des travaux scientifiques nécessite des connaissances en statistique peu communes d'où l'appel à des experts.

Les experts scientifiques ne sont pas n'importe qui ! En France ils sont environ pour 3 500 pour le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres). Pour le changement climatique, le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) propose d'envoyer une liste si vous êtes journaliste. Si l'on s’intéresse aux nombres de scientifiques on trouve des études exprimant les nombres de scientifiques pour 10 000 travailleurs classés par pays. Dans ce classement, si l'on veut connaître les critères utilisés pour définir les scientifiques ou les travailleurs on trouve une référence « Nature 521,142-143 (2015) ». En voulant lire cet article il est proposé de le télécharger pour 39,95€. Là encore rare sont les personnes acceptant de débourser une telle somme à vrai dire même pas les experts. Les experts sont en général membres d'institution qui sont abonnées aux éditeurs scientifiques qui s'approprient les droits d'auteurs des scientifiques.

En voulant répondre à la question sur l’exclusion des pauvres de l'information scientifique nous sommes passés à deux nouvelles questions « Qui entrave la diffusion de l'information scientifique dans la population mondiale ? » et « Combien sont-ils ? »

Daniel GRUCKER , professeur émérite de biophysique, faculté de médecine, université Strasbourg

daniel.grucker@wanadoo.fr

REFERENCES

1)https://www.banquemondiale.org/fr/topic/poverty/overview

https://www.worldometers.info/fr/ De la publicité pour Google !

2)https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Cohen-Tannoudji

https://scholar.google.com/scholar?hl=fr&as_sdt=0%2C5&q=claude+cohen+tannoudji&oq=Claude+C

https://journals.aps.org/rmp/pdf/10.1103/RevModPhys.70.707

3)https://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Einstein

https://scholar.google.com/scholar?hl=fr&as_sdt=0%2C5&q=albert+einstein&oq=Albert+

4)https://fr.wikipedia.org/wiki/Steven_Chu

https://scholar.google.com/scholar?hl=en&as_sdt=0%2C5&q=Steven+Chu&btnG=
5)https://www-nds.iaea.org/relnsd/vcharthtml/VChartHTML.html

6)https://fr.wikipedia.org/wiki/PFAS

https://www.inrs.fr/actualites/pfas-polluants-eternels-explications.html

7)https://fr.wikipedia.org/wiki/Toxicit%C3%A9

https://en.wikipedia.org/wiki/Toxicity En anglais

8)https://sante.gouv.fr/sante-et-environnement/batiments/article/effets-du-plomb-sur-la-sante

https://www.anses.fr/fr/system/files/CHIM2011sa0219Ra.pdf

9)https://www.anses.fr/fr/content/pfas-substances-chimiques-persistantes

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33017053/

10)https://www.hceres.fr/fr/experts-et-conseillers-scientifiques

https://www.cnrs.fr/fr/liste-dexperts-et-dexpertes-sur-le-changement-climatique

11)https://en.wikipedia.org/wiki/Expert En anglais

https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC3925425/ Une ode à Google Scholar !

12)https://en.wikipedia.org/wiki/Scientist

https://link.springer.com/article/10.1038/521142a?utm_source=nature&utm_medium=referral&utm_campaign=buyArticle

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