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Billet de blog 11 septembre 2023

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Témoignage en faveur du droit à l’interruption volontaire de vie (IVV)

À la question « Quel cheminement dans ma vie m’a amenée à vouloir comme choix final de mon existence "mourir dans mon jardin" », je vous répondrai ceci :

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À la question « Quel cheminement dans ma vie m’a amenée à vouloir comme choix final de mon existence "mourir dans mon jardin [1]" », je vous répondrai ceci :

 Je suis le pur produit d’une famille de la classe moyenne des années 60, élevée dans un catholicisme de bon aloi, jeté par-dessus les fossés vers mes 15 ans.

 Indépendance

Toute mon enfance, j’ai vu ma mère, femme au foyer, demander en début de semaine de l’argent à mon père pour faire les courses et justifier ses dépenses de la semaine passée. S’est alors ancrée en moi l’idée que la dépendance empêchait d’être libre, de dire et de faire ce que l’on voulait et que l’argent était le moyen de cette liberté. Toute ma vie de femme je me suis battue pour conserver la maîtrise financière de ma vie et mon indépendance. Ce n’est pas pour devenir dépendante et soumise aux dictats médicaux à l’heure de ma vieillesse !

 Enfermée dans la vie

À mon adolescence, a surgit l’évidence que je n’avais pas choisi de naître. D’où vient ce sentiment d’avoir été propulsée dans l’existence sans rien avoir demandé et d’y être enfermée jusqu’à ma mort ? Je n’en sais rien. Et pourtant ce ressenti a continué et perdure... 

 Mortalité

À 17 ans, mon père a été muté à l’étranger ; ma mère a décidé de le suivre. Mon frère, jeune marié, faisait son service militaire. Refusant de réaliser ma Terminale dans un lycée français à l’étranger, mes parents m’ont émancipée et je me suis retrouvée seule, dans leur appartement, en Île-de-France. J’ai découvert la liberté et son pendant : la responsabilité…

Cette année-là, une tante de mon père a été hospitalisée après détection de la maladie d’Alzheimer et celle de ma mère pour démence sénile. En bonne petite-nièce, je leur rendais visite à l’hôpital une fois par mois à la place de mes parents trop éloignés et de mon frère trop occupé. Année de cauchemars suite à ces visites, entre les odeurs et la vision de ces deux femmes, que j’aimais, totalement décharnées et hagardes, ne me reconnaissant plus, incapables de paroles cohérentes. Elles sont toutes les deux mortes après des mois d’errance et ce fut là ma première confrontation physique avec la mort.

À 18 ans, je savais intellectuellement que j’étais mortelle, mais je n’y pensais pas. Quand on voit une personne, que l’on a connue et aimée, morte, ce n’est plus la même chose ! Ma mortalité m’a sauté au visage. J’ai le souvenir d’un énorme stress, car cela pouvait advenir n’importe quand, sans que je le maîtrise.

 Maîtrise

Le mot est lâché. Maîtriser sa vie, pour en faire une « bonne vie », maîtriser sa mort pour avoir « une douce mort ». Tout est dit !

Je connais bien la mort, plus d’une fois je l’ai côtoyée. La dernière fois en 2017, je l’ai tutoyée de très près. Elle n’a pas voulu de moi, tant mieux ! Depuis, en bonne survivante, je goûte chaque instant de ma vie. Cela ne m’empêche pas de préparer ma mort pour avoir droit à une « douce mort » : contrats obsèques, directives anticipées, recherche de solutions de suicide assisté…

 Autodétermination de la personne

C’est pour toutes ces raisons que je suis devenue adhérente d’Ultime Liberté. Enfin une association, qui milite pour l’autodétermination des êtres, dont les deux principaux objectifs sont : « la liberté de disposer de sa personne, de son corps, et de sa vie, et donc de sa mort, la liberté de choisir le moment, le lieu et les modalités de sa mort [2]».

Quelques liens sur le même sujet : 

[1] Pour reprendre le titre du livre Mourir dans son jardin de Jean Guilhot, neuropsychiatre, psychanalyste et anthropologue, co-fondateur de l’association Ultime Liberté avec Claude Hury.

[2] Les deux premiers objectifs des statuts de l’association Ultime Liberté : https://ultimeliberte.net/statuts-de-lassociation/

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