Ci-après le communiqué de l'antenne Finistère de l'association Ultime Liberté avec l'accord de tous ses membres. Il a été rédigé en réponse à l’article du 25 mai 2023 paru dans Ouest-France : « Des soignants inquiets du projet de loi "fin de vie" »

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Avant la publication d’une proposition d’une future loi sur la fin de vie, Madame Agnès Firmin Le Bodo a déjà précisé les lignes rouges qui retireraient tout sens à une loi de liberté, souhaitée pourtant par près de 76%[1] des participants lors de la Convention Citoyenne sur la fin de vie. En précisant ces garde-fous, elle en retire la raison essentielle, mettre fin aux souffrances et au désespoir :
- Exclusion des maladies psychiques, qui pourtant peuvent aussi faire souffrir ;
- Explicitant le moyen terme en proposant un délai de 6 mois pour le pronostic final ;
- Mise en garde de glissements. Il n’y a cependant pas de liberté sans risque ; par exemple, l’autonomie de déplacement, rendue possible par l’automobile, occasionne plusieurs milliers de morts par an en France sans que, pour autant, personne n’envisage de supprimer la libre circulation par ce moyen. L’instauration de plusieurs commissions collégiales, en ces temps de pénurie médicale, ne fera que retarder la mise en place de ce qui serait devenu un droit.
Une partie du corps médical et l’ordre des médecins objectent que l’aide active à mourir (suicide assisté et euthanasie) serait contraire au serment d’Hippocrate, qui date du IVe siècle av. J.-C., qui n’est pourtant pas gravé dans le marbre et qui a, comme la médecine, bien évolué depuis. Sa dernière révision de 2012 affirme la raison essentielle de la médecine : « Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies ». On y lit aussi en préambule : « Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions ». La Déclaration de Genève (1947) réaffirme aussi ce droit à l’autonomie : « Je respecterai l’autonomie et la dignité de mon patient ».
La mort n’est pas un problème d’expert, de médecin, de politique ; elle concerne chacun au plus haut point. C’est notre dernier acte de vivant. Ne faisons pas reposer cette décision ultime sur les épaules des soignants, mais sur la société par une « reconnaissance juridique au citoyen français, capable et majeur, de la liberté de disposer de sa personne, de sa vie, de son corps et donc de sa mort, de choisir le moment, le lieu et les modalités de sa mort [2]». Certes en cas d’euthanasie, le médical est l’exécutant, mais il n’est alors que la main qui remplace celle de la personne voulant mettre fin à ses jours.
Nombre de pays nous ont ouvert la voie (Belgique, Suisse, Canada, le Portugal très récemment, etc.) et si nous voulons une loi française, alors décrétons l’autodétermination du citoyen français. Dans la même philosophie que l’IVG, où la notion de répétition de la demande la confirme et donne accès à l’acte, chacun pourra ainsi mourir comme il le veut en le confirmant plusieurs fois, sans en passer par Les Fourches caudines des experts en tout genre. Nous pensons qu’en recherchant une voie française de « légalisation de l’aide active à mourir », les frilosités de Madame Firmin le Bodo nous conduisent à une loi impraticable et inappliquée et détournée de son but essentiel, comme nous avons pu le constater à maintes reprises.
N’oublions pas que l’affirmation d’un droit à l’aide active à mourir est une liberté sociétale : ce droit n’obligerait personne ; ni le patient qui est déjà promu premier acteur de sa santé par les lois Kouchner de 2002 ni le soignant qui disposera d’une clause de conscience comme annoncé par Madame la Ministre Agnès Firmin Le Bodo.
La mort fait partie de la vie et ma vie m’appartient !
[1] Synthèse de la convention citoyenne
[2] Ce sont les deux premiers objectifs de l’association Ultime Liberté, indiqués dans ses statuts.