Comme Julie Nathan, « Je fais partie de celles et ceux qui, depuis que Mélenchon et Hamon se sont rencontrés dans un resto chilien, se sentent... comment dire... moroses, déprimés, en partie anéantis… »
Car, pour moi, comme pour elle, cette rencontre bâclée signifie que ces 2 dirigeants politiques de gauche, ont décidé, sans nous consulter, que la VI ème République, la renégociation des traités européens , la lutte contre la finance mondialisée, pour plus de justice sociale et fiscale, pour l’écologie, l’abrogation de la loi El Khomri etc… n’étaient pas des combats urgents .
Ils renoncent, l’un et l’autre, à utiliser les élections qui viennent pour faire avancer ces causes, à rassembler leurs forces pour faire barrage à la droite et l’extrême droite, ils vont simplement jouer à compter leurs voix…
Mélenchon surtout me déçoit.
Lui qui se prépare depuis plus d’un an pour ces élections, il nous laisse tomber ainsi en pleine campagne !
Lui qui va répétant : « je vote, ils dégage » , slogan qui a été entendu et adopté par les milliers de citoyens qui sont allés voter à la primaire du PS contre Valls et pour Hamon, pourquoi n’essaie-t-il pas de fédérer ce fort courant « dégagiste » ?
Lui qui explique, à juste titre, que le PS de Hollande a trahi ses promesses et a fait ainsi le lit du FN, que Macron, est le successeur de Hollande, pourquoi ne se préoccupe-t-il pas d’organiser , pour le premier tour des Présidentielles, un vrai rempart contre l’extrême droite !
Enfin, alors que de nombreux socialistes ( Le Drian, Bartolone, Delanoë) et une partie de l’appareil du PS se prononcent nettement pour la ligne sociale libérale de Macron, et qu’ainsi, Hamon est automatiquement positionné comme un opposant au « parti de Solférino » , pourquoi ne cherche-t-il pas à l’approcher, à négocier avec lui, à faire pression, à insister…. pour obtenir un accord sur les sujets cruciaux qui occupent la gauche radicale depuis plusieurs années, et qui , grâce aux mobilisations (pétitions, grèves, manifestations, nuit debout…) sont devenus la préoccupation de millions de Français et sont , de ce fait, au programme de ce frondeur du PS ?
Mélenchon n’a-t-il aucune imagination, n’a-t-il pas la capacité de changer de stratégie au cours de cette campagne pleine de surprise ?
J’ai entendu E. Coquerel à midi sur France Inter : il nous presse de soutenir le programme de la France Insoumise, mais à quoi bon voter pour un projet, si juste, si complet, si travaillé soit-il , s’il n’a aucune chance d’être appliqué ? On ne vote pas pour se faire plaisir mais pour agir. Nous sommes dans une période « pré-révolutionnaire » nous dit-on, je veux bien le croire : cela signifie que le mouvement de révolte, d’indignation, de refus de notre société est très large. L’insoumission va au delà des insoumis. Des millions de citoyens qui ne vont pas aux meetings de J.L. Mélenchon, qui ne regardent pas ses vidéos sur You Tube, cherchent un chemin politique pour changer leur vie, c’est à nous de leur offrir. Mais pour cela il faut viser le pouvoir : si les sans-culotte n’avaient pas pris la Bastille, le processus révolutionnaire n’aurait pas été entamé, ni la lutte idéologique entre Montagnards et Girondins !
Certains commentateurs du blog de Julie Nathan nous expliquent qu’il nous faut voter pour nos convictions, et refuser le vote utile, certes, je les comprends, nous sommes piégés par l’extrême droite, mais c’est la raison pour laquelle il faut inventer une riposte à la hauteur de ce danger : seule l’union des électeurs anti FHaine sur un projet de justice et d’égalité peut nous permettre d’espérer une victoire.
Moi, qui étais prête à voter pour J. L. Mélenchon , parce que je suis une militante, je commence à hésiter : j’ai peur que ce vote ne serve à rien. Certes les insoumis pourront se targuer d’avoir 12, 13% des suffrages et alors ? Ils dépasseront Hamon, et alors ? A quoi bon si cela n’arrête pas Le Pen et Fillon.
Car peut-on accepter ce qu’ils nous promettent : la dégradation
des services publics, de la protection sociale, l'austérité, la
haine, le désespoir, les violences contre les jeunes, contre les
pauvres, contre les minorités ethniques et religieuses, contre les
habitants des banlieues, la chasse aux étrangers, aux
immigrés, l'enseignement dans les écoles de la République des
bienfaits de la colonisation et d'une morale du XIX ème siècle ??
On ne vote pas pour se faire plaisir, mais pour faire obstacle à tous
ces dangers. Et la seule question honnête et non partisane à se
poser à gauche , c'est comment mobiliser les citoyens qui
souhaitent s'opposer au fascisme et à la réaction en se
prononçant pour un projet de rupture avec l’ordre capitaliste
actuel .
Si les dirigeants politiques de gauche ne voient pas ça , ils sont
aveugles et ignorants de l'histoire ( récente: Trump et plus
ancienne: la division des gauches Allemandes contre les
Nazis)
Certains nous disent « eh bien, les Français verront , s’ils veulent
la droite, l’extrême droite ils l’auront !
Ils se résignent facilement ces politiciens en chambre, ils ne
souffrent probablement pas des injustices criantes de notre
société, ils visent 2022, et pourquoi pas 2027, pas de problème,
attendons la fin du monde tranquillement !
Etre acteurs de notre vie c'est ce que nous demandons, et pour cela il faut que Melenchon et Hamon nous donnent le moyen d'agir lors du premier et du 2ème tour des Présidentielles, aux législatives, et au delà pour une constituante. A nous, tous les insoumis de France !