La «cinquième colonne» de Washington en Russie
Le champion d’échecs Garry Kasparov, ses alliés et ses protecteurs occidentaux
par Hans-Werner Klausen
Depuis l’assassinat de la journaliste Anna Politkovskaïa et la mort mystérieuse de l’ex-officier du SFB Litvinenko, la campagne des médias occidentaux contre le président russe Vladimir Poutine, qui n’avait jamais complètement cessé depuis l’arrestation de l’oligarque Khodorkovski, bat de nouveau son plein.
Pour de nombreux commentateurs, il est évident que c’est la faute du Kremlin. Peter Scholl-Latour fait partie des rares journalistes qui savent raison garder. Selon lui, Poutine est certes tchékiste, mais pas idiot. C’est juste avant sa visite en Allemagne que Politkovskaïa a été assassinée et juste avant le sommet UE-Russie que ce fut le tour de Litvinenko. Ces morts ne profitent certainement pas à Poutine. Dans le cadre de la campagne antirusse, la presse s’est largement fait l’écho d’une manifestation anti-Poutine assez lamentable qui a eu lieu à Moscou le 16 décembre 2006 (on y a dénombré à peine 2000 participants, ce qui n’est pas particulièrement impressionnant quand on pense que l’agglomération moscovite compte 18 millions d’habitants). L’orateur le plus célèbre en était le champion du monde d’échecs Garry Kasparov. C’est ce qui a incité l’auteur de ces lignes à porter son regard vers l’Est.
Colère des impérialistes après une affaire manquée
La campagne contre la Russie a commencé après l’arrestation de Khodorkovski. Rainer Rupp a écrit dans le quotidien Junge Welt: «La véhémence de la campagne de propagande fielleuse contre Poutine est due à la colère des impérialistes occidentaux à propos de l’échec de leurs projets d’appropriation à faible coût des richesses du sous-sol russe. Depuis que Poutine a empêché le fraudeur Mikhaïl Khodorkovski, patron de Ioukos devenu multimilliardaire du jour au lendemain en s’emparant des gisements pétrolifères russes (environ la moitié des réserves de pétrole russes), de brader ceux-ci à l’occident lors d’un gigantesque marché, les nouveaux fronts sont clairs. Après les orgies de privatisations sous le règne de l’ami des Américains Boris Eltsine, Poutine a, depuis son accession à la présidence, peu à peu repris le contrôle des ressources naturelles russes. Les impérialistes occidentaux sont extrêmement scandalisés de cette répression des «droits de l’homme» capitalistes et ils profitent de toutes les occasions pour présenter à l’opinion occidentale Khodorkovski, et maintenant Litvinenko, comme des martyrs et des victimes de «Poutine le Terrible». (Junge Welt, 20/12/2006)
Attaque néoconservatrice de la Russie
Le 28 septembre 2004 a été publiée une lettre ouverte contre la politique de Poutine signée par 115 Européens et Américains. Parmi les signataires se trouvaient des néoconservateurs, des impérialistes libéraux et des Verts.1 En décembre 2004, Washington réalisait une autre avancée dans son encerclement de la Russie grâce à la «Révolution orange» de Kiev. Le 12 août 2005, l’ancien directeur du Programme russe et eurasien de la Fondation Carnegie (Carnegie Endowment for International Peace) Anders Aslund (cosignataire de la lettre ouverte) publiait un rapport intitulé Putin’s Decline and America’s Response. Il adressait des recommandations au gouvernement américain, l’appelant à financer une nouvelle révolution, cette fois en Russie. Il écrivait: «L’aide américaine doit avant tout permettre de surveiller les élections. L’expérience a montré que ce sont les ONG qui sont le mieux à même de remplir cette mission … Les Etats-Unis peuvent aider à organiser des sondages à la sortie des bureaux de vote le jour des élections. Ce qui s’est révélé particulièrement efficace, ce sont les manifestations de protestation dans les pays de la région organisées par des organisations estudiantines comme Otpor en Serbie, Kmara en Géorgie, Subr en Biélorussie et Pora! en Ukraine. Leurs méthodes sont bien connues. Elles doivent et peuvent être propagées en Russie également.»2
D’ailleurs, au bureau bruxellois de la Fondation Carnegie (qui fait également partie des sponsors d’ONG) siège Robert Kagan, cofondateur de l’organe de référence des néoconservateurs Weekly Standard et du Projet pour un nouveau siècle américain. La femme de Kagan, Victoria Nuland, a été, de 2003 à 2005, conseillère adjointe pour la sécurité nationale du vice-président Cheney et est depuis 2005 ambassadrice des Etats-Unis auprès de l’OTAN. Dans sa biographie officielle, on peut lire: «Diplomate de carrière, elle fut principale conseillère adjointe à la sécurité nationale du vice-président Cheney de juillet 2003 à mai 2005 où elle travailla sur la totalité des questions globales, dont la promotion de la démocratie et de la sécurité en Irak, en Afghanistan, en Ukraine, au Liban et au Moyen-Orient en général.»3
Des Russes de l’ombre qui défendent les intérêts américains
En novembre 2005, le Congrès américain a voté un budget 2006 de 4 millions de dollars pour le développement des partis politiques de Russie. Ceux qui ont lu les communiqués à ce propos ou le rapport Aslund comprendront que la Douma ait adopté fin 2005 une nouvelle loi sur le contrôle des activités des ONG. Pour Aslund, le meilleur candidat dans le rôle de chef des activités anti-Poutine était Mikhaïl Kassianov, qui entretient d’étroites relations avec des oligarques comme Berezovski et Leonid Nevzlin, ancien associé de Khodorkovski qui fut Premier ministre de janvier 2000 à février 2004. En 2005, Kassianov a fait savoir qu’il serait candidat à la présidence en 2008. Il a fondé son propre parti, l’Union populaire démocratique, et s’est allié avec le Front citoyen uni de Garry Kasparov. La Fondation Heinrich-Böll, favorable à l’opposition à Poutine, a écrit à propos de Kassianov: «Aux yeux de la plupart des Russes, son image continue d’être étroitement associée à la crise économique et à la corruption qui régnaient sous Eltsine.»4
Garry Kasparov, qui se dit «citoyen russe et cosmopolite», est la seule personnalité de l’opposition à Poutine qui soit populaire dans tout le pays. La plupart des politiciens libéraux ont tout fait, à l’époque Eltsine, pour se rendre impopulaires. Kasparov – «né en 1963 à Bakou, sur la mer Caspienne, sous le nom de Garik Weinstein», comme le précisait le 18 décembre 2006 le journal die Welt, qui lui est favorable – n’est connu qu’en tant que champion d’échecs. Pronostiquant pour l’année 2006 une inévitable crise de système, il possède, avec le Congrès citoyen panrusse et le Front citoyen uni, ses propres organisations politiques. Fait également partie du Congrès citoyen panrusse la libérale Irina Khakamada, candidate à la présidence en 2004. Les chefs des partis libéraux en place – l’Union des forces de droite (SPS) et le parti Jabloko, dirigé par Grigory Yavlinski – ne sont pas enclins à reconnaître Kasparov comme leur nouveau leader, mais Kasparov a d’autres alliés.
Kasparov, citoyen américain et membre de think tanks néoconservateurs
Kasparov, qui possède la double nationalité russe et américaine, a demandé, le 16 décembre 2006, que la Russie soit exclue du G-8. Une demande semblable avait déjà été faite plus tôt par le «prince des ténèbres» néoconservateur Richard Perle et les sénateurs favoris des néoconservateurs Jon McCain et Joseph Lieberman. Le 2 décembre 2006, Kasparov publiait dans le Wall Street Journal un article intitulé «Chessboard Endgame: obsessed with Iraq, we’ve lors sight of the rest of the world» [«We» fait référence aux Etats-Unis.].5 Il y demandait une politique plus dure à l’égard de la Russie et, à propos de l’Irak, il écrivait: «However, if you attack Iraq, the potential to go after Iran and Syria must also be on the table.» C’est là la propagande belliciste que font entendre également Richard Perle, Michael Ledeen, William Kristol ou Frank Gaffney.
Kasparov est lié aux néoconservateurs non seulement par ses idées mais également institutionnellement. Il est membre du National Security Advisory Council (NSAC) du think tank militariste Center for Security Policy (CSP) dirigé par Frank Gaffney, protégé de Richard Perle. Parmi les autres membres du NSAC figurent des intellectuels néoconservateurs, d’anciens fonctionnaires du gouvernement, des généraux et amiraux à la retraite (la plupart d’entre eux étant probablement liés au complexe militaro-industriel par des contrats de conseillers) et des représentants de l’industrie de l’armement. Les présidents d’honneur du Conseil sont le sénateur républicain Jon Kyl (proche de la droite chrétienne) et James Woolsey (président, de 2002 à 2005, du conseil d’administration de l’«organisation de défense des droits de l’homme» Freedom House, vice-président du cabinet de conseil en stratégie Booz Allen Hamilton [un des plus importants mandataires du gouvernement], propagandiste de la «quatrième guerre mondiale» et chef de la CIA de 1993 à 1995).6 En tant que chef de Freedom House, Woolsey a fait partie des tireurs de ficelles de la Révolution orange.
Instigateurs des «révolutions» de Belgrade, Tiflis et Kiev
Peu avant le sommet du G-8, Kasparov et Kassianov ont organisé à Moscou, sous le nom d’Autre Russie, une conférence anti-Poutine à laquelle participaient également des diplomates occidentaux et des représentants d’organisations occidentales connues dans ce domaine (Council of Foreign Relations, National Endowment for Democracy, Project on Transitional Democracies, Fondation Heinrich-Böll, Fondation Carnegie). Bruce Jackson, du Project on Transitional Democracies (une des personnalités les plus importantes du réseau des néoconservateurs et des militaristes et qui fait partie, comme Kasparov, du CSP) a mis au point une déclaration de solidarité de personnalités occidentales à l’intention de la conférence.7 Ladite conférence était parrainée par le National Endowment for Democracy (une des organisations «privées» financées par le budget américain qui est aussi indépendante du gouvernement que le Komintern l’était de l’Union soviétique) et par la Fondation du spéculateur George Soros. Ces deux organisations faisaient partie des instigateurs des «révolutions» de Belgrade, de Tiflis et de Kiev. Ni les chef de Jabloko ou de l’Union des forces de droite ni le Parti communiste de la Fédération de Russie de Ziouganov n’ont assisté à la conférence.
En revanche, on y a rencontré Edouard Limonov, chef du Parti national-bolchévique de Russie (dont le drapeau rappelle celui du parti nazi allemand sauf que dans le cercle blanc sur fond rouge figurent, à la place de la croix gammée, le marteau et la faucille) et des antisémites comme Victor Anpilov du mouvement stalinien Russie au travail ou Sergueï Glaziev (ancien président du parti Rodina).
Ce patchwork montre combien la situation de Kasparov, de Kassianov et de leurs soutiens occidentaux est désespérée. Des hommes comme Bruce Jackson, Richard Holbrooke du Council of Foreign Relations, Carl Gershman du National Endowment for Democracy ou Reinhard Bütikofer des Verts, qui ont assisté à la conférence ne participeraient certainement pas, dans des circonstances plus favorables, à une conférence avec Limonov ou Anpilov. Les nationaux-bolchéviques de Limonov, qui se font connaître par leurs provocations, assuraient la sécurité de la salle de conférences et y ont entonné leur devise préférée: «Staline, Beria, Goulag».
«Marche de ceux qui se prostituent pour des devises»
La conférence a donné naissance à une large alliance qui va de Kasparov à Anpilov en passant par Limonov mais qui ne comprend ni l’Union des forces de droite ni le Jabloko de Iavlinski. Le 16 décembre, l’alliance Kasparov-Kassianov-Limonov-Anpilov (à laquelle s’était joint Vladimir Rychkov, du petit Parti républicain de Russie) a organisé la «Marche des Mécontents» qui a rassemblé moins de 2000 manifestants encadrés par 8000 membres des forces de sécurité. Des militants du mouvement Jeunesse russe ont organisé une contre-manifestation où ils ont déployé une banderole portant l’inscription «Nous saluons la marche de ceux qui se prostituent pour des devises» et ont tenté d’autres perturbations. Les nationaux-bolchéviques, qui, à la fin de la manifestation sur l’ancienne Place Maïakovski, voulaient, malgré l’interdiction de la police, entamer une marche à travers le centre-ville, ont été arrêtés. La manifestation, prévue pour se dérouler de 12 h à 14 h, a duré de 12 h 30 à 13 h 20.
Les médias occidentaux se sont indignés de la présence massive de la police et des arrestations du 16 décembre. Mais nous devrions nous souvenir que les médias allemands avaient souvent qualifié auparavant le Parti national-bolchévique de Limonov de néonazi et d’extrémiste de droite, que les partisans de Limonov se sont souvent signalés par des manifestations dont les méthodes s’inspiraient de celles des néonazis occidentaux et du mouvement autonome et que Limonov aussi bien qu’Anpilov font de l’agitation en faveur d’un renversement du pouvoir par la violence. Si, en Allemagne, le bloc autonome, les néonazis et les staliniens marchaient ensemble, comment réagiraient les organes de l’Etat? Poser la question, c’est y répondre.
Empêcher l’importation de «fruits pourris»
A l’époque, l’opération du pouvoir russe contre Khodorkovski a causé un choc profond. En revanche, la grande campagne de Kasparov n’a pour le moment été qu’un coup d’épée dans l’eau et la crise de système qu’il prévoyait pour 2006 n’a pas eu lieu. Vladimir Poutine mène une politique dans l’intérêt de son pays. La plupart des Russes savent cela et le soutiennent.
Depuis que Poutine est président, l’économie russe se porte mieux et le taux de chômage est inférieur à celui de l’Allemagne. Les salaires augmentent et, contrairement à ce qui se passait à l’époque d’Eltsine, ils sont effectivement versés. Les gisements de pétrole et de gaz sont de nouveau entre les mains de la Russie. Dans d’autres secteurs économiques stratégiquement importants, l’Etat a renforcé ses positions, les terres agricoles appartiennent à l’Etat et ne peuvent qu’être affermées. Elles ne peuvent pas être achetées par des sociétés.
La Russie possède des armes modernes, elle s’est débarrassée de sa dette vis-à-vis de l’étranger et possède des réserves considérables de devises. En politique étrangère, elle poursuit ses intérêts au lieu d’être à la botte de Washington. Elle n’a pas besoin de «démocratisation» effectuée par des ONG américaines ou européennes. Une «démocratie» telle que l’entendent le National Endowment for Democracy, Freedom House, George Soros, divers think tanks et des fondations de partis allemands signifierait la liberté pour des oligarques criminels et les banques et grands groupes occidentaux de piller la Russie. Si Washington ne réussissait pas, grâce à ses pressions, à amener la Russie à modifier sa politique, Kasparov, Kassianov et leurs sponsors occidentaux pourraient se livrer à d’autres tentatives de déstabilisation (et ils seraient assurés de l’approbation de ces bonnes âmes que sont les Verts allemands). Les «Oranges» d’Ukraine se sont déjà révélées être des fruits pourris et si les autorités russes pratiquent une politique intelligente, les organes responsables de la sécurité du pays sauront empêcher l’importation de ce genre de fruits pourris. •
Source: www.berlinerumschau.com du 21/12/06
(Traduction Horizons et débats)
1 An Open Letter to the Heads of State and Government of the European Union and Nato: www.newamericancentury.org/russia-20040928.htm
2 www.carnegieendowment.org/files/pb41.aslund.FINALI.pdf
3 nato.usmission.gov/Bio/Ambassador_Nuland.htm
4 www.boell.de/downloads/jahresberichte2006/Pol_Jb_Russland_2005_2006.pdf
5 www.opinionjournal.com/editorial/feature.html?id_110009331
6 Liste des membres du National Security Advisory Council du Center for Security Policy:
www.centerforsecuritypolicy.org/index.jsp?section=static&page=nsac
Liste des anciens membres et de leurs fonctions dans le gouvernement de George W. Bush:
www.centerforsecuritypolicy.org/index.jsp?section=static&page=nsac-gvtsvc
7 An Open Letter to the G-7 Leaders «The Other Russia»:
www.charter97.org/eng/news/2006/07/18/leader
Liste des participants annoncés à la conférence «Autre Russie» : www.theotherrussia.ru/eng/list/
A propos de cette conférence, cf. également: Justin Raimondo, Russia’s Fifth Column. An unnatural alliance: Russian «liberals», commies and neo-Nazis unite against Putin: antiwar.com/justin/
«Au mépris de toutes les règles de souveraineté …»
«Une étrange pratique est apparue dans les relations internationales depuis que Washington, au nom de la ‹liberté› et de la ‹démocratie›, lâche dans la nature une série de ‹fondations› et de ‹think tanks› pour qu’ils s’immiscent dans la politique intérieure d’Etats étrangers au mépris de toutes les règles de souveraineté.»
Source: Peter Scholl-Latour, Russland im Zangengriff, Putins Imperium zwischen Nato, China und Islam, 2006
Instruments divers destinés à promouvoir la «démocratie»
Extrait d’un rapport du ministère américain des Affaires étrangères
«Les USA donnent la priorité à l’action des défenseurs de la démocratie et des droits de l’homme en Europe et en Eurasie. Ils poursuivent leur politique consistant à soutenir les gouvernements de la région dans ce sens, cela souvent en collaboration avec d’autres alliés démocratiques et dans des forums multilatéraux. Ils ont recours à une série d’instruments pour soutenir concrètement, en 2006, la lutte en faveur de la démocratie et des droits de l’homme. Il s’agit de formations destinées aux fonctionnaires, aux médias, aux partis démocratiques et aux représentants d’ONG, à la surveillance d’élections et de procès criminels, à l’aide à la formation de groupements de la société civile et de structures gouvernementales, d’assistance technique et juridique, de subventions et d’ouverture de marchés. […]
Les Etats-Unis ont encouragé des processus démocratiques et la tenue d’élections honnêtes en soutenant par exemple le développement de partis politiques en Biélorussie, en renforçant des groupements d’électeurs en Serbie – y compris des groupements de militantes féministes et de jeunes – et en soutenant les efforts internationaux en faveur de la surveillance internationale d’élections en Ukraine. En vue des élections de 2007 et de 2008 en Arménie, les Etats-Unis ont aidé à améliorer le système électoral, à actualiser les listes d’électeurs, à informer l’opinion sur les scrutins et les principes démocratiques, et à renforcer les partis politiques. Les Etats-Unis apportent un soutien analogue aux Russes en vue d’élections libres et équitables à la Douma de décembre 2007 et des élections présidentielles de mars 2008. Cela en formant des partis politiques, des représentants des médias sur la manière de rendre compte des questions politiques controversées, et des associations d’électeurs. […]
Les USA ont également apporté une aide technique et un soutien à des groupements de la société civile russe, à des ONG, à des think tanks, à des syndicats et des organisations de surveillance pour renforcer leur participation active à la collectivité. […]
En Russie ont été réalisés plusieurs programmes américains destinés à promouvoir l’indépendance des médias en améliorant les normes professionnelles, les pratiques commerciales et le journalisme socialement responsable.»
Source: Supporting Human Rights and Democracy: The U.S. Record 2006 (chapitre Europe and Eurasia) du 5/4/2007
Des ONG instruments d’Etats étrangers
Vladimir Poutine: «En ce qui concerne les ONG, elles sont très actives en Russie. Oui, nous avons introduit un nouveau système d’enregistrement. Il se distingue peu de ceux d’autres pays. Les ONG elles-mêmes ne nous ont pas adressé de remarques à ce sujet. Nous n’avons refusé l’enregistrement à pratiquement aucune ONG. Il y a deux ou trois cas d’objections formelles et les ONG sont en train de corriger certains passages de leurs statuts, etc. Aucune n’a été refusée pour des raisons de fond essentielles. […]
Qu’est-ce qui nous inquiète? Je peux le dire et je crois que tout le monde le comprendra: Quand des ONG sont financées par des gouvernements étrangers, nous les considérons comme des instruments utilisés par ces Etats étrangers pour réaliser une politique dirigée contre notre pays. C’est le premier point. Le second est le suivant: Dans tous les pays, il existe des règles concernant par exemple le financement des campagnes électorales. Or des pays étrangers assurent ce financement par le biais d’ONG et cela n’est pas admissible. Est-ce normal dans une démocratie? C’est un financement occulte que la société ignore. Pouvez-vous me dire en quoi c’est démocratique? Non, vous ne le pouvez pas. Vous ne le pourrez jamais. C’est un moyen utilisé par un Etat pour en influencer un autre.
Toutefois nous tenons à ce que la société civile se développe en Russie, qu’elle critique les autorités et aide le pouvoir à découvrir leurs erreurs et à corriger la politique dans l’intérêt de la population et en cela nous soutiendrons la société civile et les ONG.
Source: Discours de Poutine à la Conférence de Munich sur la sécurité, le 14 février 2007
La «Révolution S.à.r.l.» américaine
«Le monde a rendu un hommage admiratif presque unanime à la rébellion d’une jeune nation d’Europe de l’Est qui a voulu non seulement secouer les chaînes de ses despotes et de ses exploiteurs mais également la tutelle imposée par l’équipe de Poutine au Kremlin. N’est-ce pas un miracle que cette foule considérable ait passé des nuits dans un froid glacial sans approvisionnement approprié et sans manifester de signes de faiblesse pour chercher à imposer ses idéaux?
Les caméras des chaînes de télévision occidentales ont curieusement évité de filmer l’immense rassemblement de 1500 tentes chauffées dans lesquelles on distribuait gratuitement des repas chauds. Les reporters se sont gardés à l’époque de mentionner les activités douteuses qui avaient lieu en coulisses, les dépenses considérables allant jusqu’à la corruption qui ont permis de soutenir ce délire organisé. Les lecteurs de journaux – sans parler des téléspectateurs à qui on n’a pas fourni ces informations – ont dû attendre des mois pour être informés de manière exhaustive et exemplaire par la presse de renom sur les magouilles des sponsors américains – instituts, fondations et offices gouvernementaux – qui n’ont pas cherché à dissimuler leur immixtion subversive. A cette occasion, on a appris l’existence de ce que le Spiegel a appelé la «Révolution S.à.r.l.» américaine, une troupe de «révolutionnaires» internationaux qui se tient à la disposition des Services secrets américains pour renverser les régimes mal vus.»
Source: Peter Scholl-Latour: Russland im Zangengriff, Putins Imperium zwischen Nato, China und Islam, 2006, p. 386
Source :
http://www.horizons-et-debats.ch/index.php?id=117
Horizons et debats > N°18, 14 mai 2007 > La «cinquième colonne» de Washington en Russie
Horizons et débats
Case postale 729
CH-8044 Zurich
Tél.: +41-44-350 65 50
Fax: +41-44-350 65 51