31 décembre 2024. Les gens se préparent à réveillonner. Amusement au programme. Vœux partagés à minuit.
31 décembre 2024. Deux infos attirent mon attention. Il y a deux jours, le 29, la mort de deux personnes a les « faveurs » de la presse. Ahmed, sans-abri de plus de 70 ans, est mort dans l’incendie de son abri. Cela se passe en France. Joumaa, nourrisson de 20 jours, est mort de froid à Gaza.
31 décembre 2024. Les gens se préparent à la fête et moi, je me mets à pleurer. Des gouttes d’eau, salées, perlent au coin de mes yeux et ruissellent sur mes joues. Ce sont des larmes de peine, de colère et de frustration.
C’est une faculté étrange que possède l’être humain, celle de pouvoir oublier. Facilité au déni qui protège leurs bonheurs. Je suis autiste et je ne comprends pas. Je suis autiste et j’en suis incapable. Ces malheurs évitables, ces injustices mortifères, déchirent mon âme et font saigner mon cœur. Je suis autiste et je ne comprends pas.
Comment être heureux dans un monde où des personnes semblables à nous vivent et meurent dans une misère inacceptable ? Comment être heureux dans un monde où des enfants, semblables à ceux que nous avons été, meurent sous les bombes, de faim et de froid ?
Comment diable pouvons-nous festoyer pendant que d’autres souffrent de notre indifférence et de nos égoïsmes ?
Je suis autiste et je ne comprends pas. Je voudrais que nous soyons tous incapables de déni, pour agir enfin. Mais ce serait contraint et non par humanité — pour autant que ce terme ait encore quelque valeur à nos yeux.
Je pleure de colère à force d’écouter nos silences. Je pleure de frustration à force de ne pas trouver suffisamment de courage pour l’action. Je suis autiste et je ne comprends pas. Je suis autiste et je ne sais comment agir.
31 décembre 2024. Je n’ai pas plus de mérite que vous. Je n’arrive qu’à pleurer ou à écrire un poème ou ces quelques mots. Je suis autiste et je fais mon possible pour que les yeux et les cœurs s’ouvrent. Je souffre pour ceux qui meurent et espère qu’un jour, tous ensemble, réunis dans un même élan de colère et d’amour, nous ne soyons plus qu’un cri, si puissant, qu’il fasse changer le monde.