Cette mobilisation s'inscrit dans un cadre bien plus large d'augmentation des prix des denrées alimentaires, des carburants, des loyers, de l'énergie... du coût de la vie en général. L'inflation galope, les salaires stagnent.

Par ailleurs, alors que les gouvernants nous insultent en nous traitant de paresseux, de fainéants, voire selon les métiers, de privilégiés ou de nantis -les sénateurs, quant a eux, vont maintenir leur régime spécial (1) - la productivité n'a jamais été aussi élevée, les heures travaillées aussi nombreuses. En conséquence, les accidents de travail explosent, les burn-out atteignent un nombre record : on n'en peut plus ! (2)
Le travail tue, il est la violence la plus banalisée de notre époque. On souhaite désormais, en nous obligeant à travailler jusqu'à 64 ans (ce qui est l'âge minimal pour envisager de partir avec une retraite à taux plein, selon l'âge de départ de l'activité professionnelle, certain.es pourront être amenés à bosser jusqu'à 65,66, ou encore 67 ans), s'assurer que toute notre vie soit régie par le travail.
Or, il n'y a pas de problème avec le financement des retraites. Et si problème il y a vraiment, l'argent "magique" existe : profits records des milliardaires et dividendes versés à la pelle (3)
Cette réforme est un choix idéologique et économique mené par des politiciens libéraux radicalisés qui sont ravis de nourrir leurs amis bourgeois en ouvrant la porte à la retraite par capitalisation : chacun se débrouille pour financer sa retraite.
On l'a vu lors des séquences médiatiques des dernières semaines, cette classe politique n'hésite pas à mentir, à nier tout un ensemble de réalités, à camoufler des éléments essentiels de leur réforme, pour tenter de duper la population sur ses véritables intentions.
En outre, il est largement prouvé, à l'inverse des "impératifs" et du "bon sens" invoqués avec véhémence par une clique politicienne véreuse (de LREM à l'extrême-droite de Zemmour (4) ), qu'au regard des enjeux sociaux et environnementaux à venir, ce n'est pas vers un allongement du travail qu'il faut aller, mais vers une diminution du temps de travail sur l'ensemble de la vie : départ à la retraite à 60 ans ou moins, semaine de 32 heures, augmentation du nombre de semaines de congés payés (5).
La cadence imposée par le grand patronat soutenu par les politiciens professionnels n'est que l'expression d'objectifs de rentabilité qui ne concernent qu'eux, un modèle minoritaire, mégalomane et sénile qui met en danger tout le monde.
S'opposer à la réforme des retraites, c'est revendiquer son droit de vivre dignement, correctement et de pouvoir profiter de sa fin de vie en bonne santé, entouré des gens que l'on aime, en faisant pleinement ce que l'on a pas eu le temps de faire durant sa vie "active" : bénévolat, vie associative et familiale...
S'y opposer, c'est affirmer son désir de vivre avec ses ainés, ses parents, ses grands-parents, qui ne seront pas minés par la maladie et avec qui on pourra encore partager longtemps des moments avec eux.
S'y opposer, c'est refuser un monde qui marche à contre-sens, à contre-sens du bien commun, à contre-sens des libertés de tous de vivre dans un environnement sain, serein, durable.
S'opposer, c'est donc ouvrir la possibilité de construire un autre projet de société.
A partir d'aujourd'hui, de multiples secteurs (énergie, cheminots, éducation, logistique) se mettent en grève reconductible et sont prêts à renforcer le mouvement par des moyens de blocage, des piquets de grève, des opérations escargots... La jeunesse, consciente des enjeux futurs est également entrée en lutte de façon conséquente, via des blocages lycéens et des occupations d'universités. Face à un gouvernement inflexible, les moyens de lutte doivent être à la hauteur. C'est le gouvernement qui a choisi ce bras de fer, au risque d'amener à bloquer le pays pour lui faire comprendre l'inutilité et la dangerosité de son projet.
Face à ce durcissement du mouvement, les chiens de garde (médias, police...) à la botte des milliardaires et des politiques qui représentent leurs intérêts vont aller bon train dans les insultes, violences et provocations. On traitera les grévistes de casseurs, de terroristes, de priver la "France qui travaille", "celle qui se lève tôt" de ses libertés (alors que les grévistes et les opposants à la réforme sont justement cette "France qui travaille"). Stratégie classique de division : ce sont les politiques en faveur du patronat qui obligent des millions de personnes à se lever tôt, à surtravailler en accumulant les heures sup ou en ayant deux boulots, à s'épuiser au taf via des lois qui nous précarisent toujours plus.
Celles et ceux qui se mobilisent savent très bien que ce n'est là qu'une simple inversion des rôles : les casseurs de vie, les assassins, ceux qui sèment la terreur sont au pouvoir. Nous nous octroyons la possibilité de les mettre hors d'état de nous nuire.
Plus que jamais, il faut avoir confiance en nous, en la légitimité du combat que nous menons.
Selon sa situation, il n'est pas facile de faire grève, de se mobiliser. Beaucoup de salariés sont isolés dans de petites entreprises, l'uberisation met le travailleur dans la crainte permanente, dans la dépendance totale à son travail.
Soyons solidaires ! La grève, dure, longue, s'organise ensemble : rassemblons-nous dans des Assemblées générales interprofessionnelles, soutenons la grève des femmes, plus lourdement encore pénalisées par la réforme, du 8 mars (6), mettons en place des caisses de solidarité pour éviter que cela soit la misère qui plombe notre détermination (pour apporter votre soutien à la caisse de grève nationale : https://caisse-solidarite.fr/?fbclid=IwAR1SLJyaLuAbIkR2NyM2hlZqREJz30WD9F45Fw9Aju-M4XtHf6H131gdNP4), continuons autour de nous de convaincre de la nécessité, plus que jamais et avant qu'il ne soit trop tard, de se mobiliser, exprimons notre solidarité avec les secteurs en lutte en allant soutenir leurs piquets de grève (7)) ! Quelques jours de grèves ne sont rien en face d'heure et d'années de vie de perdues ! Et peut-être, si le gouvernement cède, cela sera alors la possibilité d'imposer nos mots d'ordre, d'aller plus loin, de ne plus se laisser écraser, en somme, de relever la tête !

Quelques sources et compléments d'information :
(1) Les sénateurs préservent leur régime spécial
(2) Augmentation du nombre d'accidents de travail en France et de burn-out :
https://www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/40567-Les-arrets-maladie-repartent-hausse?fbclid=IwAR0mH4xrUq76WIjn13OICbgzmCToyhwhUW7-Mbqsx5PyTS7Voaszz9okcfI
(3) De la richesse à foison... mais mal répartie :
(4) Une extrême-droite qui soutient la réforme des retraites :
(5) La diminution du temps de travail, plus que jamais nécessaire :
https://www.youtube.com/watch?v=0XPRVXqK3S8
(6) Les femmes, grandes perdantes de la réforme des retraites :
https://www.cgt.fr/actualites/france/retraite/egalite-femmehomme/les-femmes-principales-victimes-de-la-reforme-des-retraites#:~:text=Le%20recul%20de%20l'%C3%A2ge,et%20donc%20des%20pensions%20amput%C3%A9es.
(7) De multiples piquets de grève à aller soutenir :
https://basta.media/reportage-reforme-des-retraites-Si-on-bloque-tous-les-secteurs-ca-va-les-faire-bouger-sur-les-piquets-de-greve-l-espoir-de-la-victoire