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Billet de blog 9 juillet 2022

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Lightyear à la rescousse du « Wokisme » : libéralisme économique et réaction politique

Péril environnemental, destruction des services publics, surprofits records des entreprises du Cac 40, inflation sur les produits de première nécessité, conflits amenant à ses limites un modèle économique de société devenu sénile... Autant de problématiques mineures face au danger wokiste incarné récemment par la figuration d'une relation homosexuelle dans le dernier film d'animation Pixar.

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Vers le wokisme et au-delà !

La révélation, avant même la sortie du film, d’une scène montrant deux femmes s’embrassant dans le nouvel opus Pixar Buzz l’éclair (Lightyear en version originale) a créé beaucoup de remous : entre censures et polémique dénonçant le trop d'inclusivité des nouvelles productions cinématographiques. Précisons : polémique découlant d’un ensemble de réactions, et non du film lui-même, dont le contenu ne devrait pas susciter de réactions épidermiques. Ce qui est symptomatique ici n’est pas la représentation de l’homosexualité dans un film d’animation qui se destinerait majoritairement aux enfants mais la propension de certaines tendances idéologiques à y voir un symptôme d’une dictature de la pensée, ce que ceux-là appellent eux-mêmes la « bienpensance »(1) ou bien encore le << wokisme >> (terme péjoratif issu de l'anglais "éveillé'' employé généralement pas la droite et par le gouvernement pour décrédibiliser toute forme de lutte en faveur de la justice sociale). Cette logique de pensée réactionnaire révèle en creux deux réalités. Premièrement, l’imprégnation encore forte de l’intolérance et de la crainte du progrès social dans les pays dits « développés ». Celle-ci découle majoritairement d’une méconnaissance (et donc d’une peur) pleinement structurée par la classe bourgeoise à travers le maintien des inégalités sociales, de l’instabilité économique et des différences d’accès au savoir (capital culturel, transmission familiale, ancrage géographique) – socles sociétaux empêchant tout exercice total d’une politique réellement démocratique – au sein des classes populaires et de la petite-bourgeoisie(2). Deuxièmement, elle met en lumière la porosité entre les aspirations réactionnaires et les politiques menées par les dictatures politiques et théocratiques à travers le monde : des nationalismes et des fondamentalismes qui prétendent se combattre tout en révélant, au bout du raisonnement et de la mise en application de leurs politiques, leurs finalités communes et l’intérêt respectif qu’ils ont à maintenir leurs existences dichotomiques, cela pour se poser en rempart d’une menace qu’ils constituent eux-mêmes. En cela, cet article constitue un appel à la vigilance que l’actualité récente vient à nous rappeler avec force(3).

La polémique engendrée à partir de Buzz l’éclair exemplifie ces phénomènes qui viennent d’être décrits. Le film d’animation des studios Pixar n’en est pas le seul cas. Nous évoquerons, tout au long de cet article, d’autres polémiques découlant du conservatisme réactionnaire et qui en disent long sur la phraséologie d’extrême droite, sur ses biais de confirmation et sur ses procédés de disqualification. Cela permettra de prendre l’idéologie d’extrême droite pour ce qu’elle est : un poison résultant de l’alchimie catastrophique qu’est la démocratie libérale. Un pharmakon, qui se pose comme remède alors qu’elle a besoin des conditions du mal pour continuer d’exister : encore une fois, un conservatisme, un immobilisme politique.

I. Pinkwashing sélectif et censure économique : Disney et les États-Unis

Que nous propose donc ce Buzz L’éclair qui suscite tant de foudres et de querelles ?

Production Disney Pixar réalisée par Angus MacLane, principalement connu comme ayant été aux commandes du Monde de Dory (2016) et de plusieurs courts-métrages dérivés des films Pixar (Burn-E, Mini Buzz), il met en scène Buzz L’éclair, astronaute intergalactique, l’un des personnages phares de l’univers Toy Story (quatre films sortis entre 1996 et 2019) crée par John Lasseter et qui révolutionna le film d’animation. Une sorte de spin-off, où le jouet fictif Buzz devient le héros d’un film de science-fiction qui pourrait exister dans la diégèse inventée par le studio d’animation.

Si le monde inventé par Pixar, où les jouets prennent vie par la magie du cinéma, est peut-être prêt à accueillir des films sans polémique fondée sur la représentation de telle ou telle relation amoureuse, le nôtre semble rencontrer encore quelques difficultés à cet égard.

Tout d’abord dans le domaine de l’économie de l’audiovisuel. Car avant même que la scène du baiser lesbien ne suscite des réactions à l’internationale, c’est tout d’abord en interne, chez Disney, qu’elle créa quelques remous : au point qu’elle fut coupée au montage final du film.
Ce choix s’est fait dans le contexte de l’adoption, en mars 2022, dans l’État américain de Floride, de la loi nommée « Don’t Say Gay » proscrivant les enseignants du primaire d’aborder les questions d’orientation sexuelle et d’identité de genre auprès de leurs classes(4).La Floride est également l’état où se situe le plus grand parc Disneyland au monde, le Disney World d’Orlando. Or, la compagnie a été accusée tout à la fois de ne pas avoir pris position contre le projet de loi et d’avoir financé certains des sénateurs l’ayant votée. Ces dénonciations furent accompagnées par la publication d’une lettre ouverte rédigée par des employés de Pixar, pointant du doigt la politique ambiguë de Disney concernant la représentation des contenus LGBTIQA+(5) :

« Nous, à Pixar, nous avons vu partir de belles histoires, pleines de personnages divers et variés, revenir de chez les exécutifs de Disney taillées en pièce, sans plus aucun rapport avec ce qu'elles étaient avant. Presque tous les passages ouvertement gay sont coupés à la demande de Disney, sans prendre en considération les protestations des équipes créatives et exécutives de Pixar ».

Si par ailleurs l’entreprise de divertissement peut faire preuve d’ouverture et se poser en défenseuse des idées progressistes, en organisant une Gay Pride dans le parc de loisir Disneyland Paris, elle apparaît, tout autant pour des enjeux idéologiques que commerciaux, peu encline à sacrifier une partie de ses bénéfices en s’engageant sur le terrain d’une lutte politique. Ici, le « pinkwashing »(6) se révèle non comme le moyen d’un combat pour la liberté et l’émancipation, mais comme une politique marketing ciblée selon les territoires et les publics visés afin de maximiser les profits d’un grand groupe capitaliste ou, autrement, d’éviter les pertes quand la revendication peut porter préjudice aux bénéfices. C’est ici l’économie du groupe qui est aux commandes et non pas la revendication politique.

Finalement, c’est suite à d’âpres oppositions en interne que Disney a concédé le droit de laisser la scène représentant furtivement un amour homosexuel dans le film Buzz L’éclair. Auparavant, à travers de multiples coupes sans consultation des équipes de réalisation, la censure avait déjà opéré au sein des studios, en particulier dans le cas d’Alerte Rouge (Domee Shi, 2022), qui par de nombreux détours symboliques et métaphoriques aborde les problématiques liées à la puberté. Encore une fois, Disney a du mal à accepter de mettre en péril son image lisse et apolitique, par crainte de se mettre à dos une partie de son public et de ses marchés.

II. L’interdiction des dictatures théocratiques et la coopération économique

Sacrifice de marchés : la scène a été réhabilitée dans le film et plusieurs états ont décidé, purement et simplement, de ne pas le projeter en salle. Sont concernés les Émirats Arabes Unis, l’Arabie Saoudite, le Koweït ou encore le Liban.

Aux Émirats Arabes Unis - pays se targuant de mettre en place des réformes sociales et libérales, tout en exploitant des travailleurs migrants, en maintenant la peine de mort et en réprimant durement l’homosexualité - il a été interdit aux motifs qu’il intègre des contenus qui «offensent la pudeur et la morale publique >> ou qui << incitent à une vie de péché” » et “en raison d’une violation des normes liées au contenu médiatique en vigueur dans le pays”(7). On a là un pays qui affiche l’ouverture à la faveur d’une stratégie économique et militaire visant à renforcer sa place dans la péninsule arabique, à favoriser la venue des capitaux étrangers(8) de sorte à trouver des alternatives à la rente pétrolière. Cette stratégie est soutenue par quelques puissances occidentales, en particulier à travers la vente d’armes (10) qui sert aux EAU, avec l’Arabie Saoudite, pour mener une guerre au Yémen qui a tourné au désastre humanitaire.

Est-ce là ce que craint Disney ? De ne pas pouvoir maximiser la diffusion de ses films du fait de la politique rétrograde et théocratiques, de certains pays ayant porté l’Islam politique conservateur au pouvoir ? En partie certainement. Quand on entre dans la logique économique, toutes les aspirations progressistes sont mises de côté. C’est à l’image de ce qui est en train de se produire avec l’organisation de la coupe du monde de football au Qatar, qui, en dépit de tout respect des droits humains (criminalisation de l’homosexualité, chantiers-cimetières pour des milliers de travailleurs détachés(11), aberration écologique(12)) aura malgré tout lieu : non plus au nom d’un « washing » par lequel des multinationales utilisent des luttes d’émancipation pour amplifier leur visibilité et leur capitaux, mais clairement en faveur d’un « Money Washing » qui est prêt à toutes les concessions pour s’assurer le jackpot. Qu’importe alors les alertes de ONG, l’important est de coopérer, quoi qu’il en coûte comme concessions, quitte à s’arranger avec des dictatures qui bafouent les droits humains les plus élémentaires.

III. La puissance politique des conservateurs : Vers un recul des libertés individuelles en Occident ?

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Le signal de détresse d'une lutte qui reste encore à mener

Nous pourrions nous arrêter là et résumer, comme les réactionnaires et les conservateurs le feraient, que le problème vient donc d’un Islam politique qui fait pression sur nos états et sur les entreprises quant aux contenus qu’elles proposent. Toutefois, la position ambivalente de Disney nous éclaire sur le fait que cela serait réduire l’analyse à un point insatisfaisant, tout comme l’inaptitude des puissances occidentales à s’opposer fermement à des politiques liberticides. Non, le souci, c’est bien celui de l’accumulation capitaliste et de l'impératif de rentabilité qui instaurent une logique émancipatrice à deux vitesses et où les accords économiques valent plus que la liberté des populations. En outre, on ne peut malheureusement que constater que l’arriération politique de certains pays ouvre les vannes à certains camps idéologiques des pays « développés » pour qu’ils proposent des retours en arrière affligeants, souvent pour des raisons assumées de préservation des intérêts supérieurs et de l’unité de la Nation : contre, en somme, une forme de déconstruction jugée dangereuse et source d’instabilité. C’est ce qui est fondamentalement craint quand le wokisme est dénoncé : une perspective déconstructiviste mettant à mal un ensemble de valeurs et cassant l’identité sur lequel l’équilibre d’un état serait censé se fonder. C’est oublier que ce même conservatisme produit lui-même, en grande partie, les tensions sociales, les révoltes et les contradictions qu’il espérerait supprimer en les réprimant (policièrement ou idéologiquement).

Détaillons. Les dictatures théocratiques musulmanes ont-elles le monopole de l’intolérance ? Si il faut bel et bien reconnaître qu’elles exercent une forme de répression particulièrement violente, les reculs quant à la condition des minorités, dont la focale est ici faite sur les groupes d’orientations sexuelles plurielles, peuvent se recenser autant en Europe qu’en Amérique du Nord et latine, sous couvert, le plus fréquemment, de préserver la tradition chrétienne. Nous avons déjà observé le cas de l’État Américain de Floride.

Au Pérou, Buzz L’éclair a vu son affiche estampillée par un avertissement « théorie du genre » à sa sortie, sous la pression d’une association de défense de la famille(13). Celui-ci a fini par être retiré suite aux dénonciations d’homophobie émises par les milieux féministes péruviens. Encore une fois, on constate à quel point l’affirmation des libertés fondamentales et des représentations de la diversité dans la société font toujours l’objet d’une lutte nécessaire à leur défense. En creux, cela montre que les combats pour l’émancipation féministe, sexuelle ou encore raciale demeurent d’actualité et sont d’autant plus importants à mener que de nombreux acquis sont régulièrement remis en cause partout dans le monde, même dans les territoires qui devraient être préservés de toute remise en question sur ces sujets. C’est le risque réel (comme l’illustre ce qu’il se passe aux Etats-Unis concernant le loi Don’t Say Gay ou l’interdiction de l’avortement) de retours en arrière qui encourage la virulence des revendications progressistes et LGBTIAQ+, celle-là même qui irrite le camp conservateur qui refuse de voir ou de considérer les aspirations de ces groupes ou qui minimise, voire nie, les attaques qu’ils subissent.

a. Le cas polonais : trouble identitaire et confusionnisme politique, terreaux de l’extrême-droite et de l’intolérance.

A cet égard, il faut rappeler ce qu’il se passe en Europe, comme en Pologne, suite à l’instauration de zones anti-LGBT(14). Ces zones situées principalement à l’est et au sud-est du pays – très catholiques -, qui se revendiquent « libres de toute idéologie LGBT », amènent à interdire toute « visibilisation » de l’homosexualité : pas de drapeau arc-en-ciel mais encore moins d’hommes et de femmes qui s’embrassent, l’exclusion potentielle d’un commerce de toute personne qui « exhiberait » son homosexualité. L’argument avancé par le gouvernement polonais pour contourner la logique discriminante à l’œuvre dans ce dispositif est d’ordre politique : il s’agit d’éviter une promotion idéologique, en l’occurence LGBTIAQ+, tout comme s’il s’agirait de s’opposer à n’importe quel type de prosélytisme. Dans les faits, cette politique conservatrice a pour conséquence l’exclusion sociale et la libération de la parole homophobe. Le cas polonais est révélateur d’une fracture politique et géographique(15) qui s’est cristallisée lors des précédentes élections (2015 et 2020) qui ont porté le conservateur du parti Droit et Justice (PiS) Andrzej Duda au pouvoir face aux libéraux Bronislaw Komorowski puis Rafal Trzaskowski. D’un côté Duda signataire de la « charte pour la famille » affirmant qu’il n’autoriserait jamais le mariage homosexuel et l’adoption d’un enfant pas un couple du même sexe afin de « protéger les enfants de l’idéologie LGBT », de l’autre, deux libéraux, tant sur le plan économique que sur celui des mœurs, favorables à la fécondation in vitro et affichant une volonté de lutter contre les violences sexistes et patriarcales. Le tout dans un climat de tension évident, qui mena à la mort en janvier 2019  du maire de Gdansk Pawel Adamowicz, poignardé lors d’un événement caritatif. Ce dernier était connu pour sa défense des droits des minorités sexuelles et ses positionnements favorables à l’accueil des personnes réfugiées et migrantes.

On ne peut évidemment pas transposer la situation polonaise à tous les pays occidentaux. Celle-ci révèle des contradictions historiquement ancrées, une construction nationale complexe de laquelle découle une mécanique de construction identitaire chaotique. Néanmoins, certains des paramètres socio-géographiques en action en Pologne se retrouvent ailleurs en Europe. L’affirmation d’un catholicisme traditionaliste et ultra-conservateur, et son instrumentalisation par des forces politiques d’extrême-droite, trouve une grande partie de ses racines dans les inégalités socio-spatiales intra-nationales, dans l’inégale intégration des territoires à la mondialisation. Cette inégalité, produite par une économie capitaliste mécaniquement vouée à favoriser et à défavoriser selon les perspectives de débouchés financières, encourage idéologiquement au sein des classes rurales et infra-urbaines(16) qui subissent ces différences de traitement (les zones anti-LGBT étant situées principalement dans les régions les moins riches et les moins intégrées à la mondialisation) l’opposition à des aspirations progressistes qui sont assimilées à un processus de mondialisation qui mettrait à mal l’identité et les intérêts objectifs des populations laissées à la marge. Le jeu des conservateurs et de l’extrême-droite est donc celui-ci : faire le lien entre l’oppression économique et les aspirations progressistes, en accusant les défenseurs de ces dernières d’être responsables de leur misère matérielle. Alors même que, souvent, si ils ne se côtoient pas géographiquement, les classes géo-économiquement marginalisées, conservatrices, et les classes urbaines progressistes partagent, objectivement, la même classe sociale.

b. Un péril européen : la stratégie idéologique réactionnaire, « canceliser » les luttes d’émancipation

Ce qui se produit en Pologne, et qui engendra des sanctions de la part de l’Union Européenne et les foudres de la présidente de la Commission Européenne Ursule Van Der Layen(17), amène à tirer la sonnette d’alarme sur ce mouvement de fond qui secoue le continent européen.

En effet, contrairement à ce que l’on veut parfois nous faire croire, les aspirations émancipatrices, qu’elles concernent l’homosexualité, le genre, la couleur de peau ou le sexe, sont loin d’être pleinement réalisées et restent encore à protéger, voire à séculariser(18) face au confusionnisme politique cultivé par la réaction sur la base des contradictions économiques engendrées par les politiques économiques libérales. Il suffit de constater les horreurs qui surviennent régulièrement ça et là, en Italie(19) ou même en France(20) - avec une réponse des autorités insuffisante et très semblable à ce que l’on peut rencontrer quant aux dépôt de plaintes concernant les violences faites aux femmes(21) - pour saisir qu’il ne s’agit pas d’un combat de communauté mais bien un enjeu global de société intrinsèquement lié aux capacités émancipatrices de notre système socio-économique.

A ce propos, si nous en revenons à notre sujet premier - la façon dont le film d’animation Buzz l’Eclair illustre les dangers rencontrés par les libertés individuelles partout dans le monde - on remarque malheureusement la libération d’une parole homophobe, dénonciatrice d’une bienpensance « wokiste » dans la foulée de la sortie de ce film, que cela soit aux Etats-Unis, ou en France(22).

Il est évidemment réducteur (voire foncièrement méprisant) de prétendre que n’importe quel électeur en France du Rassemblement National serait ontologiquement raciste ou homophobe, cela serait nier les facteurs économiques et les inégalités à l’origine de ce vote. Cependant, on ne peut que constater que les partis réactionnaires jouent notoirement de cette ambiguïté(23) afin de créer leur système de pensée et leur méthode d’analyse dans lesquels luttes spécifiques d’émancipation et déclin économique vont de paire et portent le nom de « mondialisme ». Il faut alors faire croire que les combats progressistes, anti-racistes, décoloniaux et d’émancipation sexuel sont majoritaires et soumettent les populations qui veulent préserver leurs traditions(24) alors que, bien au contraire, il est question pour ces luttes de mettre un terme aux oppressions que les conservatismes ancrés continuent de perpétuer toujours aujourd’hui (supprimer ou interroger les oppressions qu’ils contiennent ne signifiant pas pour autant les détruire). En ce sens là, la « cancel culture » est dans le camp de la réaction et non dans celui du progressisme puisque c’est elle qui cherche à effacer, à nier ou à abolir certaines réalités du champ des représentations et du politique : à faire comme si un ensemble de problématiques n’existaient tout simplement pas. C’est cette posture idéologique que la droite et l’extrême-droite sont obligées de maintenir pour légitimer culturellement et philosophiquement leur continuation, pour attirer des parties toujours plus grande des classes moyennes et populaires dont ils ne défendent pourtant pas les intérêts.

IV. Cancel culture de droite, censure et brève histoire du représentable et de l’irreprésentable

a. Petit historique du figurable et de l’infigurable: la cancelisation est conservatrice

Cela nous amène, en dernier lieu, à interroger le caractère politique des représentations et leurs évolutions. La problématique est loin d’être nouvelle : l’histoire des formes est intimement liée à l’histoire politique, et si l’art et les représentations ne transforment pas le monde, elle agissent comme reflet de celui-ci et ont le pouvoir d’inséminer de nouvelles idées, de nouveaux codes, d’attester et de témoigner des pratiques ayant cours dans la réalité. Elles accompagnent le mouvement historique. Naturel donc qu’elles suscitent scandales et polémiques, censures et interdictions, hiérarchisation et jugements de valeur selon une mécanique de rapport de force.

Ce qui se rejoue aujourd’hui n’est qu’une redite d’anciennes oppositions esthétiques et formelles qui ont eu cours depuis l’Antiquité : la supériorité de la tragédie sur la comédie pour Aristote dans La Poétique jusqu’à ce que l’on fasse fie, comme chez Shakespeare, de ces considérations pour mêler les genres ; la figuration du nu en peinture en-dehors de thématiques mythologiques dans le Déjeuner sur l’herbe d’Edouard Manet ; la représentation réaliste à dimension égale avec les sujets jugés nobles (Gustave Courbet contre Jacques-Louis David) ; l’implicite de la revanche féminine sur la domination sexuelle masculine chez Artemisia Gentileschi dans son chef-d’oeuvre Judith décapitant Holophrène. Tout cela concerne ce qui est figurable ou non et comment est accordé le droit de représenté tel ou tel sujet.

Dans le domaine cinématographique, la censure a déjà opéré à de multiples reprises, cela à la faveur de logiques politiques conservatrices et puritaines. Aux États-Unis, on rappellera le célèbre Code Hayes qui « comporte des principes généraux tels que : ‘’No picture shall be produced which will lower the moral standards of those who will see it.’’ »(25) soit « aucun film produit ne devra abaisser les standards moraux de ceux qui les voient ». Ces standards moraux consistent à rejeter toute légitimation d’une quelconque forme de crime, l’interdiction de tourner au ridicule le sentiment patriotique ou la foi religieuse et à valoriser les valeurs de la famille traditionnelle en invisibilisant les questions relatives à l’adultère, à l’homosexualité ou aux relations inter-ethniques. En France, les choses ont également avancé petit à petit : dans l’après-guerre il était très compliqué pour un film d’attaquer la religion chrétienne – Viridiana de Luis Bunuel est interdit en 1961 - ou d’évoquer le comportement de l’armée française, que cela soit durant la 1ère Guerre Mondiale ou la Guerre d’Algérie. La Bataille d’Alger (1966) de Gillo Pontecorvo ne pu être projeté en France avant 1970 et fut très vite retiré des salles sous la pressions de groupuscules d’extrême-droite(26). En 1981, deux personnes sont blessées dans un attentat visant le cinéma parisien Saint-Séverin qui projetait le film. Auparavant, la sortie des Sentiers de la Gloire (1958) réalisé par Stanley Kubrick avait déjà provoqué une sévère levée de boucliers. Le film n’a pas été directement censuré, mais les réactions sulfureuses exprimées par de nombreuses associations d’anciens combattants ont incité a ne pas demander de visa d’exploitation avant 1975(27).

En bref, contrairement à ce que la droite conservatrice affirme généralement, ce n’est pas le camp progressiste qui possède le monopole de la « cancel culture ». C’est, et cela a toujours été les réactionnaires, de tous les pays, qui ont eu l’ascendant dans ce domaine et qui ont pu mettre en place une forme de censure morale et effective sur les contenus artistiques et esthétiques qui battraient en brèche l’ordre établi. Il n’y a pas aucun exemple réel d’une censure ou d’une interdiction effectuée sur un contenu jugé trop nationaliste, trop hétéronormé ou pas assez mixte ethniquement. Puisqu’elle critique quelque chose qui n’existe pas, la droite morale vise avant tout à « canceliser » tout ce qui ne pense pas comme elle et surtout ce qui met à mal ses fondements idéologiques. Pure posture morale et affective. Elle cherche, contre l’histoire des formes et de l’humanité, à condamner les représentations ne correspondant pas à son discours, à sa vision et fait ce chantage aux populations : empêchons ces évolutions sinon vous perdrez votre identité et nous allons disparaître. Or, ce ne sont pas les populations qui disparaîtrons, ni leur identité qui ne se réduisent en rien au nationalisme et au patriotisme tel qu’il s’ébauche à un endroit donné à un moment donné, mais les meneurs de ces camps politiques tournés vers un passé anachronique. Passé qu’ils souhaitent imposer et séculariser contre, en conséquence, la liberté des autres.

C’est là le point de faillite absolu de le pensée conservatrice et réactionnaire, de son idéologie et de sa phraséologie, là où elle révèle sa pleine vacuité. Elle se scandalise qu’on lui empêche tout - « on ne peut plus rien dire »- tandis que, dans la réalité quotidienne, c’est elle qui engendre l’impossibilité pour des personnes de vivre leur individualité, qui favorise – au moins inconsciemment - des comportements individuels et collectifs violents et oppressifs, qui rompt la parole et la possibilité du débat en s’effrayant que certaines questions viennent à se poser et que certaines critiques parviennent à émerger. Le cas Buzz l’Eclair en atteste ; ce n’est pas le seul.

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Elles vécurent heureuses et eurent des enfants !

b. Retour chez Disney : le droit de questionner les représentations

Dans l’univers Disney, en 2021, une polémique a éclaté suite à la rénovation de l’attraction Blanche-Neige et les Sept Nains dans le parc d’attraction californien de la compagnie. Y a été ajouté la scène de baiser échangé entre le prince charmant et l’héroïne endormie qui se réveille alors comme par magie(28). Des journalistes sont venus interroger cette représentation en posant la question du consentement. Est-il bienvenu de donner ce modèle daté à des enfants ?

Les conservateurs n’apprécient pas ce type de réflexion : c’est toucher à la tradition, à l’identité, à l’histoire occidentale et à ses modèles de représentation. On se demande bien de quelle histoire ils parlent : de celle qui leur permet de préserver leur hégémonie idéologique et politique. Viennent alors les procès en « wokisme ». Or, s’agit-il de supprimer ou d’interdire le dessin-animé Blanche-Neige et les Sept Nains de Disney paru en 1937, adaptation du conte des Frères Grimm de 1812, d’en détruire toutes les pellicules, VHS et DVD ? La question est en elle-même absurde et grossière. Personne n’a cette intention. Tout comme personne – à l’exception des minorités militantes les plus radicales, très minoritaires - n’a l’intention, en voulant retirer de l’espace public une statue de Christophe Colomb ou de Colbert(29) de supprimer leur évocation et leur rôle historique. L’intention est autre : il s’agit, à l’aune des avancées faites tout au long du XIXème et du Xxème siècle dans la compréhension des processus sociaux et des mécanismes de domination oppressifs d’une classe ou d’un groupe sur un autre, de ne pas reproduire des modèles qui maintiendraient ces oppressions et empêcheraient, de facto, l’émancipation réelle des groupes dominés. La posture conservatrice est généralement très simple à ce sujet : il faut nier coûte que coûte que ces dominations (économiques, sociales, patriarcales, raciales) continuent d’exister pour dénoncer comme relevant d’une forme de censure morale la critique de la représentation et la promotion de ces formes de domination. Toutefois, l’analyse rigoureuse de la société ne cesse de leur donner tort.

Personne n’empêche quiconque de regarder Blanche-Neige ni même les chefs-d’œuvre du cinéma classique américain pétris de conceptions patriarcales et sexistes(30), personne ne parle de détruire les œuvres exposées à la Galerie des offices de Florence sous prétexte qu’elles font l’éloge d’une conception religieuse anachronique avec les enjeux de notre époque. Par contre, toutes ces représentations nous sont utiles en tant qu’elles témoignent et attestent, en plus de leur valeur purement esthétique, des rapports de toute nature qui existaient à l’intérieur et entre les individus au fil de l’Histoire.

Questionner les représentations, questionner le baiser du prince charmant, permettre, dans un film majoritairement destiné à un public juvénile, de montrer furtivement une relation homosexuelle ou encore suggérer que James Bond pourrait être interpréter par un acteur noir(31), ce n’est pas vouloir faire disparaître les représentations antérieures, qui ne font qu’attester d’une époque, des ses mœurs, croyances et pratiques. C’est simplement se demander si, au regard de la conscience sociale acquise tout au long des deux siècles précédent, si il est toujours pertinent aujourd’hui de les reproduite et si il ne serait pas risqué de les laisser perdurer pour assurer la liberté de toutes et tous. Pourquoi alors s’indigner dans Buzz l’éclair de l’évocation d’un amour entre deux femmes pendant une vingtaine de secondes tandis que les enfants sont déjà confrontés, dans la très grande majorité des films qu’ils regardent, à la représentation d’une norme hétérosexuelle ? La représentation de la diversité humaine et de ses pratiques demeure, encore aujourd’hui, minoritaire au regard de la production esthétique globale.

Conclusion : L’échec économique du capitalisme libéral renforce la réaction politique et met à mal la pleine réalisation des libertés individuelles.

Il n’y a pas de question à se poser quant à la représentation d’une relation homosexuelle dans le film d’animation Pixar Buzz L’éclair. Par contre, les réactions critiquant cette représentation disent énormément. Une certaine droite prétend qu’évoquer sans cesse les questions de genre, de sexe, de couleur éloignerait des vrais sujets – sociétaux et économique - : c’est aussi que qu’affirme une partie de la gauche bourgeoise, poussiéreuse et pas moins conservatrice que ses homologues de droite dont elle ne se distingue en rien(32). Revers de la médaille, par leurs polémiques, ce sont ces camps politiques qui contribuent pleinement à en faire un sujet, qui palabrent inlassablement dessus et qui, finalement, n’évoquent jamais, ou très peu, les thématiques socio-économiques (parce qu’ils n’ont pas grand-chose de concret à dire à ce propos).

Cependant, ils profitent, pour que leur discours deviennent aussi audible et repris par des masses non-négligeables de la population, d’un cadre économique capitaliste qui marginalise des populations qui en plus de leur déclin matériel craignent de voir symboliquement disparaître ce qui leur reste : leur territoire, leurs croyance, leurs pratiques, leur famille... Ils font se confondre la suprématie économique américaine avec une invasion culturelle – alors qu’il n’a pas fallu attendre les Etats-Unis pour parler d’émancipation sexuelle ou de lutte contre les oppressions raciales et sexistes – qui saborde les piliers d’une Nation. Tout questionnement et toute critique est alors perçue comme une attaque personnelle. C'est pourtant, pour d’autres individus d’une même classe sociale (mais situés dans un autre lieu géographique et qui partagent d’autres croyances, pratiques et représentations), la recherche de la possibilité de leur existence sans danger de persécution.

Si la domination économique et le « grand remplacement » culturel sont confondus c’est aussi parce que l’économie capitaliste use (ou n’use pas ) des luttes d’émancipation à des fins de rentabilité et non pas d’émancipation réelle : la politique marchande de Disney en est un exemple, la Coupe du Monde de Football au Qatar en est un autre. Pinkwashing, Greenwashing et Moneywashing.

Il est tout à fait possible que bon nombre de libéraux croient sincèrement que leur système est celui qui permet l’émancipation individuelle réelle et totale, qui passe par l’abolition de toutes les formes de domination dans la sphère privée. Néanmoins, les politiques menées par ces mêmes libéraux sont celles-là même qui empêchent le développement à terme d’un écosystème social viable puisqu’il perpétue, par les inégalités socio-économiques et professionnelles, les oppressions spécifiques : la discrimination à l’embauche selon la couleur et le sexe, le harcèlement au travail, l’inégalité salariale homme/femme, la non-reconnaissance économique du travail domestique. En somme, une égalité autant dans la sphère du public que du privé et de l’intime, l’une ne pouvant pleinement exister sans l’obtention de l’autre.

En face, il faut rester en alerte face aux cyniques de ce même camp libéral bourgeois (Bolloré et sa propagande réactionnaire débridée sur Cnews en est un bon exemple) qui comprennent très bien l’obligatoire retour en arrière et conservatisme dont ils ont besoin pour maintenir durablement leur position sociale. Historiquement, la bourgeoisie a clamé la liberté face au féodalisme et à l’absolutisme, vient un moment où elle doit s’en faire le plus fervent opposant au risque de perdre sa place de classe dominante. Ici point le danger fasciste :

« Au dogme pessimiste de la chute de l’homme, la bourgeoisie a opposé l’idée du progrès indéfini ; à la connaissance révélée, la raison, la pensée libre ; au ‘’principe aristocratique’’, à ‘’l’Etat-Moloch’’, le gouvernement des masses, la démocratie ; à la force brutale, le droit.

Mais un jour vient où la bourgeoisie s’aperçoit, suivant les termes de Marx, ‘’que toutes les armes qu’elle a forgées contre les idées féodales se retournent contre elle-même, que tous les moyens d’instruction qu’elle a imaginés se liguent contre sa propre culture, que tous les dieux qu’elle a créés lui tournent le dos’’, où elle comprend que ‘’tout ce qu’on appelle libertés bourgeoises ou organes de progrès attaque et menace sa domination de classe’’ »(33).

Vertigineux rétropédalage historique et répétition que Daniel Guérin, militant antifasciste et défenseur des minorités sexuelles, éclairait déjà, au regard des situations italiennes et allemandes, ce qui semble se rejouer petit à petit sous nos yeux et dont le simple exemple d’un film d’animation pour enfant raconte déjà beaucoup.

Illustration 4
Le faisceau de licteur du fascisme et le serpent capitaliste

Notes, références et sources journalistiques

(1) Le principe de bien-pensance est régulièrement lié au concept de « culture de l’excuse » : cette approche conservatrice et bourgeoise se pose comme un rejet de la sociologie comme science du social et des causes des phénomènes ayant lieu au sein de la société, entre groupes et individus. Pour une déconstruction de ces concepts anti-intellectuelle et a-scientifiques, se référer au livre de Bernard Lahire, Pour la sociologie et pour en finir avec une prétendue culture de l’excuse, La Découverte, 2015.

(2) La petite-bourgeoisie est ici entendue dans le sens marxiste du terme : petits propriétaires, classes moyennes intellectuelles, aristocratie ouvrière, commerçants, victimes des crises du capitalisme mais dont les revendications politiques oscillent entre celles du prolétariat et celles de la bourgeoisie (souvent par crainte du déclassement).

(3) On évoque là la possibilité d’interdire l’avortement qui a été décrétée aux Etats-Unis et déjà appliquée par de nombreux états : Quels Etats américains ont interdit ou protégé l’interruption volontaire de grossesse ? (msn.com), article Le Monde, publié le 30 juin 2022.

(4) Article Le Parisien, publié le 1er Juillet 2022, Etats-Unis : la loi interdisant d’évoquer l’orientation sexuelle à l’école entre en vigueur en Floride - Le Parisien.

(5) Article du journal en ligne Ecran Large, publié le 11 mars 2022 Alerte rouge : Disney en pleine polémique après avoir censuré des films Pixar (ecranlarge.com).

(6) Le « pinkwashing » désigne une technique mercatique, un ensemble de techniques commerciales et politiques visant à apparaître en faveur d’idées progressistes, ici les droits LGBTIQA+. Elle permet à l’état, l’entreprise ou l’organisation qui la met en place d’améliorer son image. Cette posture irrite les conservateurs en cela qu’elle consisterait en une invasion culturelle, une propagande, tandis qu’au sein de la gauche non-libérale, radicale ou révolutionnaire, cette démarche est assimilée à du cynisme, les entreprises faisant la promotion d’idées progressistes ne contribuant généralement pas, dans les faits, à l’amélioration du sort des populations discriminées ou exploitées. Le « washing » n’est qu’une variable d’ajustement économique.

(7) Article du Huffington Post, publié le 13 juin 2022 : "Buzz l'éclair" censuré aux Emirats arabes unis à cause d'un baiser entre deux femmes | Le HuffPost (huffingtonpost.fr).

(8) Article Le Figaro, publié le 15 septembre 2021 : Les Émirats arabes unis cherchent à séduire les investisseurs (lefigaro.fr)

(10) Article de La Ligue des Droits de l'Homme, publié le 14 décembre 2021 : Ventes d’armes : France et Émirats arabes unis, partenaires dans les crimes commis au Yémen ? - Ligue des droits de l’Homme (ldh-france.org).

(11) Article de RMCSport-BFMTV publié le 22 juin 2022, avec une intervention de Lolo Schulmann, chargée de plaidoyer à Amnesty International. Coupe du monde 2022: alcool, sexe, homosexualité, habits… que dit la loi au Qatar? (bfmtv.com)

(12) Article de Geo.fr, rédigé par Nastasia Michaels, publié le 16 mai 2022, Coupe du monde de football au Qatar : un "signal désastreux" pour la planète - Geo.fr .

(13) Article Lefigaro.fr, publié le 19 juin 2022 : Buzz l'Éclair: une chaîne de cinémas péruvienne retire l'avertissement «théorie du genre» (lefigaro.fr).

(14) Article LaCroix.com, publié le 12 mars 2021 : Pologne : que sont les zones anti-LGBT ? (la-croix.com)

(15) Article de Classe International, publié le 4 février 2021 : L’homophobie en Pologne : Pénétré pénétrant, un refus de la mondialisation des genres – Classe Internationale (classe-internationale.com)

(16) Sur le terme d’infra-urbain, voir le livre du géographie Jacques Lévy, Réinventer la France : trente cartes pour une nouvelle géographie, Fayard, 2014. Grossièrement, sont désignées par ce terme l'ensemble des territoires situées entre les métropoles d'équilibre et dont le maillage est composé de nombreuses villes de populations moyennes (entre 10 000 et 100 000 habitants).

(17) Article FranceInfo, publié le 15 juillet 2021, Droits des LGBT+ : la Commission européenne lance des procédures d'infraction contre la Hongrie et la Pologne (francetvinfo.fr). Est également pointée du doigt la politique réactionnaire et discriminante menée par le gouvernement de Viktor Orban, dirigeant politique avec lequel Marine Le Pen ne s’est jamais caché de vouloir en faire un allié si elle était au pouvoir : En Hongrie, Marine Le Pen fait bloc avec Viktor Orban contre l'Union européenne (france24.com) .

(18) Article L’Humanité, publié le 27 juin 2022 : Constitutionnalisation de l'avortement : la volte-face de la Macronie ne doit rien au hasard | L'Humanité (humanite.fr)


La proposition avait déjà été faite de constitutionnaliser l’IVG en 2018 et 2019 par la France Insoumise et s’était vue refusée par La République en Marche. Dans ce nouveau contexte où le droit à l’avortement est remis en cause aux États-Unis, le nouveau groupe Renaissance profite de l’occasion pour se donner un vernis progressiste qu’il avait jusqu’ici rejeté.

(19) Article sur RevolutionPermanente, publié le 23 juin 2022 : Italie. Mobilisations transféministes après le suicide d'une enseignante trans (revolutionpermanente.fr)

(20) Article Bfmtv.com, publié le 26 juin 2022 : Homophobie: les actes et insultes anti-LGBTI+ en augmentation (bfmtv.com)

(21) Dans son enquête d’infiltration Flic (Editions Goutte d’Or, 2020) Valentin Gendrot explique à quel point la formation policière, en particulier celle des policiers contractuels, est inconsistante concernant de nombreux sujets, dont celui du traitement des plaintes pour violences conjugales.

(22) Pour un petit florilège de réactions suite à la sortie du film, voir l’article de Crossovor, publié le 29 juin 2022 : Buzz l’éclair : face aux critiques homophobes, Disney doit faire un choix – Crossovor.
Voir également ce qui s’exprime sur certains forums : BUZZ l'ECLAIR fait un bide aux box office US. Top GUN 2 seulement 15% de Baisse ... sur le forum Blabla 18-25 ans - 19-06-2022 18:29:10 - page 11 - jeuxvideo.com
Ou en commentaire de certains journaux en ligne : Disney : « Nous devons poursuivre sans peur notre politique inclusive » - Le Point.

(23) Article Oh !Mymag publié le 27 juin 2022 : "L'avortement est un génocide de masse" : des élus RN et proches de Marine Le Pen ouvertement anti-IVG (ohmymag.com)

Y sont mentionnés les propos anti-IVG de plusieurs députés RN, rapprochant l’avortement à une forme de génocide ou encore comme constituant une stratégie favorable au « grand remplacement ».

(24) En cela, et même si très grande majorité de la population française s’exprime comme étant favorable à l’avortement et à sa constitutionnalisation, on remarque que la majorité des oppositions à l’IVG ou à sa défense inconditionnelle proviennent de l’électorat de droite et d’extrême-droite (Le Pen, Pécresse et Zemmour largement en tête)Huit Français sur dix favorables à l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution - France - Le Télégramme (letelegramme.fr), article Le Télégramme, publié le 5 juillet 2022.
Un prétexte invoqué étant que le droit à l’avortement n’est pas mis en danger et que la loi Veil suffirait. C’est oublier que la loi demeure le résultat d’un rapport de force, comme le montre la situation américaine, et que l’extrême-droite en arme existe en France.

(25) Brigitte Gauthier, Histoire du cinéma américain, p. 39, Editions Hachette, 2012.

(26) Article LeMonde : Publié le 10 mars 2012 : La Bataille d'Alger (lemonde.fr)

(27) Article de Libération, publié le 11 novembre 2004 : «Les Sentiers de la gloire», du sacrilège à la consécration. – Libération (liberation.fr)

(28)  Deux exemples d’articles condamnant la « cancelculture » qui se cacherait derrière la question du consentement du baiser du prince charmant : Quand la « cancel culture » fustige le baiser non consenti que le prince donne à Blanche-Neige (demotivateur.fr)

États-Unis : polémique autour du baiser "non-consenti" du prince charmant à Blanche-Neige - TVLibertés - 1ère chaîne alternative | Nous, c’est vous (tvlibertes.com)

(29) Notons qu'en France, aucune statue n'a été réellement déboulonnée. On peut toutefois constater des dégradations, comme celle de la statue de Colbert, créateur du Code Noir, située devant l'Assemblée Nationale.

Article l'Express, publié le 24 juin 2020 : Dégradation de la statue de Colbert : l'auteur sera jugé au tribunal correctionnel - L'Express (lexpress.fr

Par ailleurs, la question de la préservation dans l'espace public de statue représentant des personnalités historiques controversées suscite évidemment de nombreux débats dans la communauté des historiens : Déboulonner, expliquer, remplacer… Pourquoi les statues ont pris une place monumentale dans le combat contre le racisme (francetvinfo.fr)

Nous sommes ici encore dans une réflexion autour des représentations, de leur place et de leur réactualisation.

(30) A ce sujet, les travaux pionniers de Laura Mulvey initié dans son essai Visual Pleasure and Narrative Cinema, paru en 1975, qui mettent en évidence la dominance du regard masculin sur la majeure partie du cinéma américain de l'époque en prenant, entre autre, l'exemple d'Alfred Hitchcock. 

(31) Article et vidéo Arrêt sur images (réservé aux abonnés) : James Bond contre Dr Woke - Par La rédaction | Arrêt sur images (arretsurimages.net)

(32) C'est la ligne de la gauche réactionnaire telle que défendue par Manuel Valls. De façon générale, cette ligne idéologique, qui rejoint la conception idéologique de la droite française, rassemble une grosse partie du parti socialiste de pouvoir sous François Hollande.

Voir l'article de Valeurs actuelles, publié le 6 février 2022 : Manuel Valls voit en Christiane Taubira l’incarnation du “wokisme” - Valeurs actuelles

(33) Fascisme et Grand Capital, Daniel Guérin, pp. 315-316, citant K. Marx dans Le Dix-Huit Brumaire de Louis-Bonaparte, éditions Libertalia, 2014, publication originale en 1936.

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