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Billet de blog 21 septembre 2017

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Danse - Performance : Les mécanismes du sens - Otto, chorégraphie de Kinkaleri

Le collectif italien Kinkaleri approche l'acte performatif en pointant les contradictions de mises en situation caustiques et burlesques.

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Illustration 1
<OTTO> (2002), du collectif Kinkaleri © Bertrand Prévost

[Mai 2003]

En Italie, kinkaleri désigne le vaste ensemble d'objets qu'on regroupe sous l'appellation de bibelots, babioles, breloques. Par extension, ce mot désigne aussi la boutique, le bazar où on peut tout trouver, le plus souvent des choses qui ne servent à rien. Dans le bric à brac des Kinkaleri, on découvre comment ce collectif pluridisciplinaire -qui travaille au Teatro Studio di Scandicci, près de Florence- a articulé un langage propre, renouvelant les perceptions de l'équation espace, corps et temps.

En 1998, 1,9cc GLX laisse le spectateur interdit. Une variation sur Pinocchio. Plutôt que de développer le récit, le collectif présente la figure d'un orphelin solitaire, une malheureuse marionnette qui ne cesse de se heurter aux parois d'un labyrinthe, faute de pouvoir en relever les limites. Une quête qui semble ne jamais s'achever, où le même heurt se répète, obstinément. Dans My love for you will never die les protagonistes coexistent sans jamais vraiment se rencontrer. S'ils se livrent au public qui les regarde, c'est au travers de leur isolement. Empêchés, entravés, ils sont dans l'impossibilité d'échafauder un récit, même quelconque.

Avec Otto, on retrouve la même incapacité à communiquer. Incongru et réjouissant. Une jeune femme danse sur le plateau et son baladeur est la seule source de diffusion de la bande-son. Deux hommes s'affairent et manipulent des objets assez communs. L'un d'entre eux s'effondre, immanquablement, il revient sur le plateau, encore et encore, et il tombe. Ici ou là, de part et d'autre, chacun des trois laisse une bricole, une trace qui marque la scène de leurs différents passages. Répétition des heurts et des chutes. Et ce temps mesuré par la multiplication de gestes quotidiens. «L'espace, dans sa forme, est l'expression directe du lien entre la scène et le public; c'est un lieu marqué en pointillé par des actions indépendantes les unes des autres, mais si étroitement connectées entre elles par la linéarité du temps et les associations possibles qu'elles sont perçues comme une unité.» Dans Otto, chacune des actions laisse un résultat qui est en soi indifférent, mais en les réunissant le temps d'une représentation, les Kinkaleri appellent le spectateur à les superposer et à les confondre. Pour mieux recomposer du sens dans le jeu sans cesse renouvelé des interprétations.

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- Va bene la compro.
- Tutta o un terzo?
- Metà.
- Metà di un terzo o metà di tutta?
- Allora se la metti così decidi da solo vado a prendere un caffè.
- Aspetta.
- Muore il vento, muori tu, moriamo tutti.
- Sarebbe?
- Novanta.
- Novanta per un terzo.
- Va bene, solo perchè sei te.
- Solo perchè sono io.

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Kinkaleri &quot;OTTO&quot; - Le spectacle vivant, Centre Pompidou © kinkaleri

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Spectacles, archive of spectacles interviews - &lt;OTTO&gt; (in Italian) © Spectacles - Sara Manente

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www.kinkaleri.it

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