Septembre 2002
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Juin 2000, le public de la galerie new-yorkaise Postmaster découvre Painting, the Movie: Cinq petites boîtes percés sur des socles devant une peinture minimaliste. Si on se dirige vers une de ces boîtes, elle devient opaque et empêche de distinguer nettement son contenu. Si on recule, le verre redevient transparent. Il y a également un cadre-écran pour lequel c'est l'inverse: à distance c'est une surface blanche et opaque, il devient lorsqu'on s'en rapproche une fenêtre claire donnant sur une installation performance. Claude Wampler commente avec détachement: «Les gens n'ont pas conscience que je suis là. Ils pensent qu'ils regardent une vidéo.»
La perfection de l'image qui apparaît (un corps qui se déplace dans l'espace) n'est complétée qu'au moment de la révélation finale. L'espace existe peut-être mieux en dehors de toute forme artistique, la scène est peut-être meilleure sans acteur.
L'artiste émaille des interventions qu'elle réalise en solo de dispositifs protéiformes. Avec l'installation à Paris, Claude Wampler a peint des portraits et elle danse une danse. «Il s'agit de programmer une amnésie qui va inverser les effets dangereux de l'accumulation et qui va construire une expérience sans accumulation, juste créer un léger résidu.»
De nombreux portraits de Denis Lavant, de taille variable, allant de l'énorme au minuscule. Les peintures sont invisibles sous la lumière de la pièce. La lumières de l'ensemble du bâtiment passent lentement, progressivement, imperceptiblement de la lumière blanche à la lumière noire, ce qui révèle les images peintes sur le mur. Les spectateurs déambulent librement. Chaque soir, à la fin de l'exposition, les visiteurs sont guidés dans une petite pièce où ils assistent la reconstitution live de la dernière scène du Beau Travail, le film de Claire Denis dans lequel Denis Lavant danse dans une boîte de nuit. Une danse solitaire, exaltée, perdue en Afrique, à Djibouti. Le décor est reproduit, Claude Wampler porte le même costume que Denis Lavant, elle s'adonne à la même dépense.
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Ayant grandi en Pennsylvanie, Claude Wampler étudie le théâtre, l'opéra et la danse à New-York -et part deux ans à Tokyo pour étudier le Butoh. Elle travaille avec des artistes tel·le·s que Meg Stuart, Doug Elkins, ou Richard Foreman. Elle se produit dans ses propres spectacles, souvent en solo. Elle traverse les arts visuels et le théâtre, elle recouvre l'installation et la performance. Son travail est hybride, plastique, discutable, drôle, gênant... Blanket, the surface of her (1997) ou Bucket, the working title (1999) sont mises en avant comme des oeuvres conceptuelles. Elle présente rapidement ses projets à NYC (Performiance Space 122 et Knitting Factory), et expose dans plusieurs galeries. Au début des années 2000, elle est sur les scènes émergentes en Europe (le Kaaitheater de Bruxelles, le Museumsquartier à Vienne, la Ménagerie de verre à Paris).
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A la fin des années 2010, elle partage sa vie entre New-York et Charlottesville en Virginie.
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