L’actualité de ces dernières années a été marquée par de nombreuses catastrophes environnementales. S’agissant des dommages subis par les arbres, nombreux sont ceux qui se souviendront des terribles mégafeux qui ont dévasté les forêts de Californie, du sud de l’Europe, de Sibérie et surtout d’Australie durant l’hiver 2019. En France, les dépérissements massifs qu’ont connu les plantations résineuses dans plusieurs régions (nord-est du pays par exemple) ont eu également un certain retentissement médiatique. Mais s’agissant des arbres qui peuplent nos villes, et au-delà des abattages parfois justifiés… souvent motivés pour des raisons qui ne relèvent pas de la sécurité des personnes et des biens, qu’en est-il ?
Les végétaux sont aujourd’hui, et plus que jamais, des alliés essentiels pour lutter contre les impacts exacerbés du changement climatique sur l’espace urbain (ilots de chaleur). Par ailleurs, au-delà de leur rôle essentiel pour permettre le maintien voire le retour de la biodiversité, leur contribution à l’amélioration de la santé physique et mentale de la population est aujourd’hui largement démontrée. Or, les arbres des villes souffrent. Les sécheresses successives de ces dernières années ont considérablement amoindri leur capacité de résistance aux agressions parasitaires et environnementales. Dans certains territoires fortement exposés au stress hydrique (Centre de la France, vallée du Rhône, Massif central…), les dépérissements de ceux qui bordent les avenues ou habitent les parcs et autres squares se multiplient. Certains arbres (érables, séquoia géant, cèdre de l’Atlas…) sont de plus en plus exposés à ces agressions alors que nombre d'entre eux sont devenus centenaires et ont marqué l’histoire paysagère des parcs et jardins. Dans mon dernier livre, Au chevet des arbres, j’estime que leur espérance de vie moyenne est désormais d’une soixantaine d’années, bien moins que celle d’un être humain dans notre pays et surtout que leurs lointains congénères évoluant dans les forêts faisant l’objet d’une sylviculture raisonnée.
Face à ce constat, il y a lieu de réagir. Les arbres urbains seront de plus en plus « sollicités » pour préserver l’habitabilité de nos villes. Même si de nombreuses collectivités s’engagent pour les préserver, il y a urgence à mieux considérer globalement les arbres « hors forêt », catégorie dans laquelle il convient également d’intégrer ceux qui composent les paysages bocager de nos territoires ruraux. Qu’ils soient remarquables ou plus ordinaires, les arbres de nos paysages quotidiens se doivent d’être davantage respectés afin que cessent les abattages et les supposées tailles de « mise en sécurité » injustifiés et contraires au respect de la vie végétale. Par ailleurs, il est devenu plus qu’essentiel de leur redonner un espace de vie décent et compatible avec leur développement. Il en va de leur pérennité et donc de la résilience climatique et écologique des territoires urbains dans lesquels vivent désormais 80 % de nos concitoyens.
Pour en savoir plus:
Au chevet des arbres - Réconcilier la ville et le végétal aux Editions Le mot et le reste
Parution: le 17 mars 2022 (déjà disponible en pré-commande)
Prix: 15 euros
