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Billet de blog 20 juin 2024

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Être à l'écoute... quelquefois

Nous à gauche, sommes fiers d’être toujours du côté des victimes. Cependant, lorsque les victimes sont juives, on sort nos griffes, on attaque et on éructe.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nous à gauche, sommes fiers d’être toujours du côté des victimes.

Une femme violée ou qui craint de l’être ?

On l’écoute, on la rassure. On lui dit qu’on fera tout pour la protéger, toujours.

Notre appui sera sans faille, sans retenue et trouvera sa source au plus profond de notre cœur.

Un homosexuel attaqué pour son orientation sexuelle ou qui craint pour son intégrité physique ?

On l’écoute, on le réconforte. On lui dit que notre porte sera toujours ouverte pour l’accueillir.

Notre soutien sera puissant et nous ferons tout pour dénoncer ses agresseurs ou ceux qui voudraient le devenir.

Une femme qui porte un hijab a été insultée en raison de sa religion ?

On l’écoute, on compatit à sa douleur. On lui dit que ces gens sont immondes et que nous serons toujours à ses côtés.

Même si nous ne partageons pas sa foi, nous la rassurons en lui disant que sa cause est aussi la nôtre. Nous serons et resterons son rempart.

Un juif fait part de sa crainte de l’antisémitisme ? Un juif s’horrifie que cet antisémitisme puisse venir de la gauche ?

On l’insulte en le traitant d’inculte et de complotiste.

Un juif suggère qu’on fasse attention à la façon dont on critique la politique menée par un gouvernement israélien ?

Que sur le fond, il est tout à fait normal que les politiques israéliennes soient critiquées, mais qu’il faut prendre garde à ne pas donner du grain à moudre aux antisémites.

Que cela peut se faire en utilisant des mots justes, qui ne soient pas outranciers.

On le renvoie dans les cordes en faisant mine qu’il demande à ce que l’État d’Israël ne soit pas critiqué.

Un juif fait remarquer que les leaders de la France insoumise – lorsqu’ils font référence au conflit israélo-palestinien – s’expriment régulièrement d’une façon identique à celle du Hamas ou de la chaîne de télévision arabe Al Jazeera ?

On tourne la tête et le regard, en ne sachant quoi dire.

Un juif note que le projet de paix entre israéliens et palestiniens formulé par la candidate de la France insoumise Rima Hassan signifie la fin de l’existence de l’État d’Israël et s’en émeut ?

On ignore sa question.

Un juif relève qu’en France les actes antisémites explosent depuis quelques années et s’en inquiète ?

On lui dit qu’en France, l’antisémitisme est « résiduel ».

À gauche, nous aimons penser que l’écoute des victimes nous honore.

De fait, les coches sont souvent remplies et notre attitude souvent empreinte de compassion réelle.

Cependant, lorsque les victimes sont juives, on sort nos griffes, on attaque et on éructe.

Le jour où j’ai compris cela, j’ai quitté la gauche et j’ai rejoint le Rassemblement National.

Illustration 1

Faisant partie de la classe moyenne, on me dit que celle-ci vote maintenant d’une façon majoritaire pour le Rassemblement National ; je n’en suis pas étonné.

Alors continuez vos trips contre les juifs, continuez à insulter les gens en les traitant de sionistes.

Continuez à traiter les leaders du RN de fascistes… En d’autres termes, continuez à insulter des millions de français.

Pour ma part, je fais la part des choses.

Si j’ai quitté la gauche et que la France insoumise me donne envie de vomir, je respecte ses membres qui le méritent : les Clémentine Autain, Alexis Corbière, Raquel Garrido, François Ruffin et Danielle Simonnet ont conservé mon respect.

Je ne partage sans doute pas leurs idées à l’égard d’Israël, mais rien dans leurs propos me fait penser à de l’antisémitisme ; il en va autrement pour d’autres membres dont l’antisémitisme me semble évident. En agissant de la sorte, je sépare le bon grain de l'ivraie.

Je regrette de constater que l'immense majorité des membres de la gauche - et plus particulièrement de l'extrême gauche - est incapable de conserver un minimum d'esprit critique en faisant de même.

Il est tellement plus facile de mettre tout le monde dans le même sac et de traiter tous et toutes de fachos, de racistes...

Pour ma part, j'ai quitté la France à cause de l'antisémitisme ; je n'avais pas envie que mes enfants vivent ce que j'ai vécu.

J'ai rejoins le seul pays au monde dans lequel les juifs sont majoritaires: Israël.

Ici, la vie n'est pas toujours facile et depuis le pogrom du 7 octobre, on remarque avec encore plus de clarté ceux qui sont nos amis français et ceux qui ne le sont pas.

Je laisse de côté ceux qui ne qualifieront jamais le Hamas de groupe terroriste, mais qui sautent de joie lorsque les israéliens subissent un coup terrible.

Que les Poutou et autre Mélenchon choisissent leur chemin pour détruire la France que nous ont légué nos anciens.

Qu'ils se réjouissent lorsque des vandales brûlent un commissariat et qu’ils continuent à participer à des manifestations dans lesquelles on crie : « Mort aux juifs ». Cela n’est pas ma France.

Le jour où la gauche aura cessé de délirer sur le dos des juifs et de la majorité des français, je la rejoindrai sans doute.

Le jour où la gauche dira aux jeunes casseurs d’aller travailler plutôt que de se plaindre en tout cassant, je la rejoindrai sans doute.

Le jour où en entrant dans les quartiers de voyous, les leaders de la France insoumise auront peur pour leur sécurité, je la rejoindrai sans doute.

Le jour où un policier ou un gendarme rassurera plus un membre de la France insoumise qu’un homme avec une cagoule, je la rejoindrai sans doute.

Je ne suis pas certain que cela se produira dans un proche avenir.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.