Au motif de protéger la neutralité du net, la commission européenne s'apprête à permettre aux opérateurs de vendre des services privilégiés (quantité de donnée, priorité d'acheminement) aux grands services hébergés (ex. Google, Facebook, ...). Concrètement, cela signifie que la bande passante sera réservée en priorité à ceux qui peuvent payer, les autres passeront dans ce qui reste.
Source : La Quadrature du Net.
C'est exactement comme si une compagnie achetait une bande d'une autoroute à 2 ou 3 bandes ... les automobilistes n'ayant pas les moyens de payer une réservation de bande passante se verraient contraints d'utiliser la bande restante ... Bien évidemment, on voit très vite en quoi un tel système permet à ceux qui en ont les moyens de prospérer sur leurs acquis, de manière à consolider une situation de monopole, et comment donc, les petites entreprises (sans parler des particuliers) seraient ainsi un peu plus pénalisées.
Puis, dans une seconde étape, les plus influents revendront une partie de la réservation ainsi acquise, mais cette fois ci, dans un cadre "privé" (comprendre, sans législation), avec donc un droit de regard parfaitement légitime sur ceux qui utilisent "leur droit" à la bande passante, permettant ainsi de la refuser aux compagnies ou organisations non souhaitées. Une sorte de produit dérivé, en quelque sorte, qui deviendra le notionnel d'un autre ...
A la fin des cycles (de ce coup d'accordéon), ne restera plus rien ou presque de bande passante "communautaire", et encore une fois, on aura transféré vers des capitaux privés le droit de décider qui peut ou non communiquer, et un bon moyen de s'enrichir - pour ceux qui peuvent investir dès à présent. Du grand classique.
Madame Kroes, merci pour cette "contrepartie" glissée subrepticement dans le projet de règlement européen : voilà un parfait exemple de libéralisme éclairé !
Le web, qui a poussé mondialement grâce au principe de neutralité, subit et subira de plus en plus les assauts des "possédants". C'est lamentable, nous devons défendre sa neutralité. Autre leçon à tirer, il faut suivre en permanence ce qui se joue à Bruxelles. Et je suis par avance curieux de voir comment nos élus nationaux réagiront.