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Docteur en histoire contemporaine et chargé d'enseignement vacataire à l’Université de Lille. Président de la LDH 62.

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Billet de blog 4 avril 2025

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En Iran, la persécution des Bahaïs se poursuit

Méconnue en France, la foi bahaïe, née au XIXe siècle, est une vraie religion, qui compte plusieurs millions d'adeptes dans le monde. En Iran, les Bahaïs continuent d'être persécutés, dans l'indifférence de la communauté internationale.

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En Iran, il n’y a pas que la jeunesse éprise de liberté et les jeunes femmes qui se dévoilent qui sont jetées dans les prisons du régime. Depuis 1979 et l’avènement de la République islamique, les Bahaïs sont persécutés, souvent dans l’indifférence. Un rapport de l’organisation Human Rights Watch, publié en avril 2024, est venu documenter cette persécution qui s’intensifie.

Méconnu en France, le bahaïsme est une religion monothéiste syncrétique issue du chiisme apparue en Iran au XIXe siècle.

Une religion syncrétique apparue en Iran

Son fondateur s’appelle Sayyid Ali Muhammad Sirazi. En 1844, il annonce l’arrivée d’un nouveau « Mahdi » qui sauvera le monde à la fin des temps et il se fait appeler le Bab (la porte). Accusé d’apostasie, le Bab est condamné à mort et fusillé en 1850. En 1863, un de ses disciples, Mirza Husayn Ali, né à Téhéran en 1817 et fils d’un ministre du shah, emprisonné pour avoir suivi le Bab, proclame en 1863 être le prophète annoncé par le Bab et se proclame Bahá’u’lláh (la Gloire de Dieu). Il est exilé à Saint-Jean d’Acre en Palestine ottomane en 1868. C’est là qu’il écrit la majorité de son œuvre – une centaine de volumes – qui constitue le fondement de la foi bahaïe. Se présentant comme un messager de Dieu, Bahá’u’lláh écrit des lettres à Napoléon III, à la reine Victoria et au Kaiser Guillaume Ier pour les exhorter à faire la paix.

A la mort de Bahá’u’lláh en 1892, son fils aîné Abdu’l-Baha (1844-1921) lui succède. Il est enterré à Haïfa, près du Bab. Shoghi Effendi (1897-1957), le petit-fils d’Abdu’l-Baha, se consacre au développement de la foi bahaïe mais ne laisse aucune descendance. Dès lors, c’est la Maison universelle de Justice, composée de neuf membres élus, qui devient l’organe dirigeant mondial des bahaïs.

Pour les bahaïs, le message divin est un message universel, de paix et d’unité, adressé à l’humanité toute entière, par les différents prophètes qui se sont succédés, de Moïse à Bahá’u’lláh en passant par Zarathoustra, Jésus et Muhammad. Les différences entre les religions s’expliquent par le contexte historique, social et culturel dans lequel elles sont apparues. Attachés à l’éducation, à la paix et à l’égalité hommes-femmes, les bahaïs considèrent donc que les obligations alimentaires et vestimentaires n’ont pas lieu d’être et doivent être abrogées.

Depuis son apparition en Perse et malgré l’interdiction faite aux fidèles de tout prosélytisme, le bahaïsme s’est répandu partout sur la planète. La religion compterait entre 5 et 7 millions d’adeptes dans le monde. Le bahaïsme est une religion très dépouillée, qui ne comporte ni clergé, ni texte officiel. Si les écrits de Bahá’u’lláh restent une référence, les fidèles utilisent aussi la Bible, les Évangiles et le Coran. Leur seule obligation est de pratiquer un jeûne de 19 jours, entre le 2 et le 20 mars.

Plusieurs centaines de milliers de bahaïs vivent encore en Iran où ils sont persécutés comme hérétiques, apostats et agents israéliens au prétexte que leur centre administratif et spirituel mondial est situé à Haïfa.

Les bahaïs n’ont aucun droit. Depuis 1979, des milliers d’entre eux ont fui l’Iran. Leurs biens sont confisqués, leurs commerces fermés, ils sont exclus des universités, leurs cimetières sont rasés à coups de bulldozers et les corps de leurs défunts jetés dans des fosses communes.

Pour Human Rights Watch, « cette répression systématique et soutenue prive délibérément les bahaïs de leurs droits fondamentaux, ce qui constitue la persécution, un crime contre l’humanité ». L’organisation de défense des droits de l’homme appelle les Etats signataires du Traité de Rome instituant la Cour pénale internationale (CPI) à « soutenir les mesures visant l’obligation de rendre des comptes, y compris les enquêtes et les poursuites au niveau national, selon le principe de compétence universelle ».

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