Après Orient XXI, un article de Mathieu Dejean dans Mediapart se penche sur les flottements supposés du PCF sur la question palestinienne. L'article donne la parole à Christian Picquet et à Léon Deffontaines d'un côté, et à des adversaires de la majorité actuelle comme Patrice Leclerc et Elsa Faucillon de l'autre.
L'article défend la thèse d'un flottement du PCF sur la question palestinienne. Soucieux de se démarquer de LFI, Fabien Roussel, conseillé par Christian Picquet, aurait adopté des positions qui s'éloigneraient des positions historiques du Parti communiste, de ses élus et de ses municipalités qui ont toujours soutenu la lutte du peuple palestinien, notamment en critiquant Rima Hassan.
Je suis en désaccord avec la thèse de l'article de Mathieu Dejean.
Le PCF soutient sans aucune ambiguïté la lutte du peuple palestinien. C'est une constante historique et les choses sont claires. Le PCF condamne aussi sans ambiguïté la poursuite de la colonisation israélienne. La Palestine doit être indépendante, dans ses frontières de 1967, sur l'ensemble de la Cisjordanie, y-compris Jérusalem-Est et la bande de Gaza. Les colonies israéliennes construites en toute illégalité depuis les accords d'Oslo doivent être démantelées.
Récemment, comme l'a d'ailleurs rappelé Mediapart, une délégation d'élus communistes conduite par Fabien Roussel s'est rendue en Cisjordanie pour apporter son soutien aux Palestiniens.
Par contre, nous ne soutenons pas la revendication d'une seule Palestine de la Mer au Jourdain qui supposerait l'éradication de l’État d'Israël dont nous avons approuvé la création en 1948.
Évidemment, on pourrait imaginer, et c'est au fond ce que dit Rima Hassan, un seul État binational et laïc sur le territoire de l'ancienne Palestine mandataire ; l'historien Shlomo Sand, qui vient de publier aux Éditions du Seuil le stimulant "Deux peuples pour un État ? Relire l’histoire du sionisme", admet lui-même dans sa conclusion à quel point un tel scénario paraît aujourd'hui improbable.
Je suis convaincu que le PCF a raison de continuer à défendre la solution à deux États, qui est d'ailleurs aussi la ligne défendue par LFI.
Mais le PCF a également le droit et le devoir de dire que le mouvement national palestinien ne peut pas s'incarner dans un mouvement islamiste réactionnaire, antisémite et terroriste dont le projet politique est l'édification d'une dictature théocratique sur le modèle iranien sur l'ensemble du territoire de la Palestine mandataire.
Je n'ai pour ma part aucune sympathie pour le Hamas et je considère toute expression de sympathie à son encontre comme une grave faute politique. Je ne suis pas le seul.
Oui, Danièle Obono et Rima Hassan, poussées dans leurs retranchements, ont eu des propos maladroits en interview. Sans les accabler, il est permis de dire son désaccord avec elles sans y voir une sournoise tentative d'isoler LFI ou de hurler avec la meute.
Certains condamnent les crimes du Hamas avec un "mais" quand d'autres à l'extrême gauche vont jusqu'à soutenir inconditionnellement la lutte de libération du peuple palestinien derrière les mouvements de résistance qu'il s'est donnés, y-compris le Hamas. Ce n'est absolument pas ma ligne et je souhaite évidemment que ça ne devienne jamais la ligne du Parti communiste.
Quant au terme de génocide, personnellement, je ne le manie qu'avec une grande prudence. Fabien Roussel a eu parfaitement raison de s'excuser de la comparaison maladroite qu'il avait faite entre la situation à Gaza et le ghetto de Varsovie. Israël commet des crimes de guerre, mais pour qu'il y ait génocide, il faut qu'il y ait une intention génocidaire et je me refuse à mettre sur le même plan les massacres et les crimes de guerre commis par l'armée israélienne et l'action des nazis. Dans cette comparaison implicite qui est faite par celles et ceux qui utilisent le mot génocide, il y a une volonté de relativiser l'horreur indicible de la Shoah et dans cette relativisation, je perçois une forme d'antisémitisme.
A mon sens, le Parti communiste défend sur la question palestinienne une ligne de soutien à la cause palestinienne parfaitement correcte. Il faut tenir bon et ne céder ni aux pressions politiques, ni aux pressions médiatiques qui voudraient nous faire adopter des positions erronées et éloignées des valeurs humanistes que nous défendons.