Quand on parle de misère sexuelle, on pense tout de suite aux hommes qui ont du mal à avoir des rapports sexuels. Ce concept a été largement critiqué dans de nombreux essais féministes. Je comprends pleinement ce qui peut déranger dans cette idée. Ce qu’il faut condamner c’est si cette idée sert de prétexte aux hommes pour contraindre les femmes à avoir un rapport sexuel. Du genre moi je suis un homme donc faire l’amour est un besoin donc tu dois m’aider à assouvir ce besoin puisque pour toi ce n’est pas essentiel. Mais pour ma part, je ne rejette pas complètement ce concept, et trouve même cette expression plutôt juste. Passer plusieurs années voire une vie sans aucun contact physique d’ordre sensuel ou sexuel, essuyer constamment le rejet de l’autre ça confine à la torture. Je pense qu’il est plus juste de dire que cette misère existe certes chez les hommes, mais aussi chez les femmes.
Ce qui m’intéresse dans cet article, c’est qu’on a tendance à opposer la misère sexuelle masculine à l'abondance de choix, de possibilités la sexualité féminine. Hors qui a décrété qu’abondance signifiait choix et plaisir. Certes, en général les femmes ont plus de possibilités, mais choisissent-elles vraiment toutes leurs relations et en retirent-elles forcément plus de plaisir ?
Dans ma vie sexuelle, et n’en déplaisent à certains, j’ai eu de multiples partenaires. Concernant le désir, je ne saurais dire combien de ces partenaires j’ai choisis, c’est à dire combien me plaisaient vraiment sans que je ne me pose d’abord la question de savoir si je leur plaisais. Parfois c’était même la seule question que je me posais. Et en ce qui concerne le plaisir, c’est simple seulement deux m’en ont donné. Je ne parle pas d’orgasmes car il peut venir assez mécaniquement, je parle d’harmonie parfaite entre le désir et des sensations physiques intensément agréables. Faire l’amour sans aucune retenue en le voulant complètement, en n’ayant aucune sensation désagréable du début à la fin, en ne se forçant jamais dans aucune pratique, en somme en étant libre.
Car je ne compte pas le nombre de fois où j'ai fait l'amour sans réel désir et plaisir. Je dirais que c’est la majorité de mes relations. Je me suis souvent imposée d’avoir des relations sexuelles. La première des raisons est je pense la contrainte de satisfaire l’homme par crainte qu’il me rejette. Souvent pendant l’acte, je me demandais s’il aimait, si je faisais bien, si je collais à ses fantasmes, s’il allait jouir, sans jamais me demander si j’aimais. Peut-être que la réponse était trop évidente pour être posée. C’est de cette misère sexuelle que je voudrais parler ici : l’habitude qu’on a contraint la femme à prendre, c’est à dire s’oublier.
Il m’est parfois arrivé que l’homme me regarde en disant c'était génial. Mais non, ce n'était pas génial du tout. Je n'ai rien ressenti. Tu ne m'as pas caressée comme j'aime, tu ne m'as pas demandé ce que j'aimais, tu n'as pas été suffisamment doux, tu as été brutal comme dans les films pornos, et surtout, à la fin tu ne m'as pas demandé si j'avais joui. Est-ce que cela t'intéresse seulement.
Et encore, faire l’amour sans plaisir mais au moins sans avoir mal était parfois le moindre des maux. Car lorsque l’on a mal pendant un rapport, l’absence de douleur peut presque être perçue comme du plaisir. Combien de femmes se sont forcées à avoir un rapport alors qu'elles n'étaient pas assez mouillées, pas assez excitées. Les hommes se préoccupent-ils tous et toujours de toucher le sexe de leur copine pour vérifier qu'elle sont bien mouillées et donc prêtes à recevoir la pénétration. Combien de femmes ont serré les dents en sentant le sexe de leur copain aller et venir sans grande douceur dans leur vagin tout sec, et simulé pour que tout ça se termine au plus vite. Car on sait toutes qu’un homme qui n’a pas joui, dans une large majorité, est un homme qui n’est pas tranquille. Il s’agitera autour de nous, nous chatouillera partout en faisant la mou (dans le meilleur des cas), ne trouvera pas le sommeil jusqu’à ce qu’il ait délivré le précieux liquide.
Il est sur moi va et vient
Et mon esprit lui aussi va et rarement revient.
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