Le dernier livre d'Eric Zemmour est un best-seller. On le trouve sur les consoles des meilleures ventes chez les ditributeurs qui ont pignon sur rue, dans les gares, partout. Christian Jacob, chef de file des députés UMP, est choqué de l'arrêt de l'émmission de Zemmour sur i-Télé. Après tout, ce dernier ne ferait qu'énoncer des idées, stimulantes pour le débat et la démocratie. Une sorte de miroir de droite d'un Jean-François Kahn.
Qu'un des principaux dirigeants d'un des grands partis de gouvernement français puisse à ce point défendre l'un des héraults du crépuscule qui vient, sans susciter le moindre sursaut politique, voilà qui indique clairement où nous en sommes: de part et d'autre d'une ligne de démarcation qui dépasse la géométrie héritée de l'après-guerre. Les oppositions gauche-droite, femmes-hommes, minorités-majorités, cèdent le pas devant la fracture anti/pro fascisme (ou pétainisme ou quelque nom qu'on voudra bien lui donner). Comme avec l'affaire Dreyfus, comme avec la collaboration, deux camps irréductibles se façonnent et devront sans doute bientôt s'affronter. Comme dans ces périodes historiques, nous voyons déjà se dessiner de l'autre côté de la ligne une typologie d'attitudes bien connues: du déni à l'adhésion enthousiaste, du silence complice aux arrangements intéressés, des petites compromissions aux grands profits. Plus ou moins feutrées, ces attitudes se préciseront, s'affirmeront, et se radicaliseront à l'approche de la prise du pouvoir. Préparons-nous.