Défendre les enfants (avatar)

Défendre les enfants

Blog Médiapart de la liste aux Européennes « Défendre les enfants ».

Abonné·e de Mediapart

34 Billets

0 Édition

Billet de blog 12 décembre 2025

Défendre les enfants (avatar)

Défendre les enfants

Blog Médiapart de la liste aux Européennes « Défendre les enfants ».

Abonné·e de Mediapart

Défiscalisation des pensions alimentaires : une proposition de loi sous tension

Défendre les enfants (avatar)

Défendre les enfants

Blog Médiapart de la liste aux Européennes « Défendre les enfants ».

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

🔎 Contexte de la PPL

  • La PPL, dĂ©posĂ©e le 14 octobre 2025 Ă  l’initiative du groupe La France insoumise (LFI), vise Ă  « corriger une iniquitĂ© fiscale frappant les familles monoparentales » en dĂ©fiscalisant les pensions alimentaires perçues pour les enfants mineurs ou majeurs jusqu’à 25 ans en Ă©tudes/formation.
    Cf. https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/17/textes/l17b1956_proposition-loi.pdf

  • Concrètement, l’article 1er du texte propose que les pensions perçues ne soient plus soumises Ă  l’impĂ´t sur le revenu, tandis que celles versĂ©es deviennent imposables (et ne donneraient plus droit Ă  dĂ©duction) — rompant avec le rĂ©gime fiscal actuel, oĂą le parent bĂ©nĂ©ficiaire est imposable et le parent payeur peut dĂ©duire.

  • L’article 2 prĂ©voit d’indexer automatiquement les pensions sur l’inflation, pour prĂ©venir la stagnation des montants versĂ©s.

  • L’article 3 prĂ©voit de revaloriser l’Allocation de soutien familial (ASF) pour les situations d’impayĂ©s, ce qui concerne près de 1,5 million d’enfants.

  • Le rapport de la commission de l’AssemblĂ©e justifie ces mesures par la rĂ©alitĂ© selon eux d’une « double injustice » fiscale et sociale : les pensions alimentaires ne devraient pas ĂŞtre considĂ©rĂ©es comme un revenu imposable au bĂ©nĂ©fice du parent gardien, car elles servent Ă  l’entretien et Ă  l’éducation de l’enfant.

Ce sont ces dispositions qui ont motivé le dépôt de 72 amendements, certains cherchant à renforcer, amender, clarifier, ou au contraire supprimer tout ou partie du dispositif.


đź“„ Principales positions politiques Ă  travers les amendements

✅ Le soutien / l’enrichissement du texte (en modification)

Ces propositions – souvent qualifiées de « précisions » ou de « gardes-fous » — montrent que même parmi des oppositions, certains députés cherchent à améliorer le texte plutôt qu’à le rejeter purement et simplement.


❌ L’opposition ou la remise en cause — un clivage fort

🟨 Renaissance / majorité « gouvernementale »

Autrement dit : la majorité craint que la mesure se fasse « sur le dos » du parent débiteur — sans garantie pour l’équilibre familial — et que l’objectif de lutte contre la précarité ne soit pas réellement atteint (voire renversé).

🟦 Les Républicains (LR)

🟩 Parti socialiste (PS) / groupes apparentés

⚠️ Autres groupes (RN, UDR, etc.)

  • Certains amendements « de prĂ©cision » (rĂ©daction, portĂ©e, modalitĂ©s) sont plutĂ´t neutres — visant Ă  clarifier le texte.

  • D'autres demandent des Ă©tudes d’impact ou des rapports — sur le coĂ»t budgĂ©taire, l’effet sur les impayĂ©s, la pĂ©rennitĂ© des pensions, les aides sociales, le recours Ă  l’Agence de recouvrement et d’intermĂ©diation des pensions alimentaires (Aripa), etc.

Ainsi, même les soutiens critiques à la PPL ne rejettent pas forcément son objectif, mais demandent précaution, encadrement, ajustements ou garanties supplémentaires.


🧪 Un amendement LFI “marquant” retiré

Un amendement déposé par le groupe LFI, demandant un rapport actualisant les données nationales sur les décisions judiciaires du juge aux affaires familiales en cas de séparation, et sur les pensions alimentaires versées ou reçues.
L’idée : les chiffres utilisés pour justifier la réforme dataient de 2012 (enquête “résidence”) — manifestement obsolètes.

  • En effet, selon le rapport de la commission, la PPL s’appuie sur des statistiques anciennes pour chiffrer le nombre de familles concernĂ©es, le montant moyen des pensions, et les effets sur la pauvretĂ© des familles monoparentales.
    Cf. https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/17/rapports/cion-soc/l17b2121_rapport-fond.pdf

  • Un tel rapport actualisĂ© aurait permis d’avoir une base factuelle plus robuste — enjeu crucial pour mesurer l’impact rĂ©el de la rĂ©forme sur le terrain.

  • Or, cet amendement a Ă©tĂ© retirĂ©.


🧑‍⚖️ Ce que révèlent les choix et clivages

  • La majoritĂ© (Renaissance) et une partie de la droite incarnĂ©e par LR manifestent une mĂ©fiance forte : pour eux, la rĂ©forme risque de crĂ©er une “prĂ©carisation accrue du parent payeur”, sans garanties suffisantes. Leur amendement de modification de l’intitulĂ© est un signal politique fort.

  • Ă€ l’inverse, LFI — mĂŞme si elle a retirĂ© l’amendement de rapport — reste convaincue de la dimension Ă©galitaire et de justice sociale de la rĂ©forme : la pension alimentaire ne devrait pas ĂŞtre considĂ©rĂ©e comme un revenu, mais comme un soutien Ă  l’enfant.

  • Le PS tente un positionnement “modĂ©ré” : il reconnaĂ®t la problĂ©matique, mais plaide pour un dispositif ciblĂ© et plafonnĂ©, afin d’éviter les effets d’aubaine.

  • Les autres groupes (RN, UDR, diversification des amendements) montrent qu’on peut ĂŞtre opposĂ© Ă  la PPL tout en ne rejetant pas l’idĂ©e d’un soutien aux familles — ils privilĂ©gient des garde-fous, des garanties, des Ă©tudes d’impact.

En somme, ce texte révèle un éclatement des consensus traditionnels : les lignes ne se font plus strictement droite vs gauche, mais entre partisans d’une réforme sociale et partisans d’un équilibre fiscal, familial et budgétaire prudent.

--Mise Ă  jour au 28 novembre 2025--

Les débats s'étant interrompu à minuit, l'Assemblée nationale n'a pas procédé à l'examen complet de ce texte.

Retrouvez ci-dessous les 20 minutes de débat (Présentation de la PPL par Sophia Chikirou et la réponse du Ministre délégué chargé de la Fonction publique et de la Réforme de l’État de France
David Amiel).

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.