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Billet de blog 6 janvier 2015

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Paradjanov renaît avec Avédikian

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Le film sur l’un des plus grands cinéastes du 20è siècle « Le Scandale Paradjanov », signé Serge Avédikian et Olena Fetisova, sort le 7 janvier 2015 en salles. Courez voir ce bijou rare et surprenant !

Il fallait un artiste hors du commun pour (ré)incarner un autre sans égal. Dans « Le Scandale Paradjanov », Serge Avédikian réussit ce pari. Non seulement raconte-t-il avec intelligence et sensibilité la tumultueuse vie de l’un des plus grands cinéastes et plasticiens du 20è siècle, mais il parvient à le réincarner à travers une interprétation à couper le souffle. Dès les premières images, Avédikian devient Sergueï Paradjanov à travers ce film, à voir et revoir non seulement pour les connaisseurs de ce grand créateur, mais surtout pour ceux qui souhaitent s’initier au grand maître, souvent oublié, du siècle dernier…

Né Sarkis Paradjanian en 1924 dans une famille arménienne de Tbilissi, en Géorgie, et mort à Yerevan en 1990, l’univers fantasmagorique de Paradjanov est pourtant difficile à transmettre dans une fiction de 90 minutes. Serge Avédikian et sa co-réalisatrice Ukrainienne Olena Fetisova, évitent avec finesse le piège de présenter une reconstitution exacte de la vie mouvementée de Paradjanov. Au contraire, ils choisissent de nous faire plonger dans les profondeurs de son esprit, sans limites, sans inhibitions, dédié à la liberté dans son état pur pour produire une œuvre artistique hors du commun.

Et c’est d’ailleurs cette liberté de création qui vaudra à Paradjanov ses multiples ennuis avec les autorités soviétiques. Tout d’abord, en insistant pour garder la langue originale des houtsoules pour raconter leur histoire dans « Les chevaux de feu » en 1964. Il ne fera pas doubler le film en russe, mais ce sera le début d’une série d’ennuis qui aboutira en 1973 par son incarcération pour, entre autre, « viol d’un membre du parti et propagation de la pornographie ». Après sa sortie de prison en 1977, il lui faudra plusieurs années pour reprendre son œuvre cinématographique.

Serge Avédikian signe avec « Paradjanov » son premier long métrage, trois ans après la merveilleuse « Chienne d’histoire », court métrage qui lui a rapporté la Palme d’Or à Cannes. Auteur de nombreux court-métrages et documentaires (nous avions découvert son talent de réalisateur à travers son très beau « Nous avons bu la même eau »), « Chienne d’histoire » lui donnait la force de se lancer dans son projet qu’il avait préparé depuis si longtemps. Dans « Paradjanov », on retrouve la griffe de l’animation qui nous avait enchantés dans « Chienne d’histoire ». Le montage des scènes d’animation dans la narration rappelle ainsi les collages et assemblages enchantant de Paradjanov, aujourd’hui exposés dans le musée qui lui est dédié à Erevan.

Courrez voir les « deux Serge », l’un dans l’autre, mêlés, démêlés, prêts à vous envoûter…

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