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Billet de blog 8 avril 2015

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[11 au 19 avril] 12e édition du Festival du cinéma de Turquie à Paris

Organisé par l’Assemblée citoyenne des originaires de Turquie (l’ACORT), la 12è édition du « Festival du Cinéma Turc à Paris » se déroule du 11 au 19 avril dans les cinémas Le Louxor et Le Brady. Avec 16 fictions et documentaires dans la programmation, ne ratez pas cette occasion pour vous initier ou pour replonger dans le jeune cinéma turc en plein essor.

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Organisé par l’Assemblée citoyenne des originaires de Turquie (l’ACORT), la 12è édition du « Festival du Cinéma Turc à Paris » se déroule du 11 au 19 avril dans les cinémas Le Louxor et Le Brady. Avec 16 fictions et documentaires dans la programmation, ne ratez pas cette occasion pour vous initier ou pour replonger dans le jeune cinéma turc en plein essor.

“Le Festival du Cinéma Turc” à Paris est une chance pour les cinéphiles français. Pour cette 12è édition, l’ACORT a programmé une sélection variée, mêlant film grand public à films d’auteurs, ainsi que des documentaires inédits en France.

Depuis plusieurs années, le cinéma en Turquie est en plein bouillonnement : le nombre de productions dépasse la centaine. Les chiffres d’entrée des films turcs s’alignent à cette évolution. Au sommet du box office, des productions turques se placent devant les produits hollywoodiens, même si ce sont des films populaires grand public dont la visibilité à l’étranger est difficile. Néanmoins, fort des grands maîtres tel Nuri Bilge Ceylan et Semih Kaplanoğlu, primés à Cannes et à Berlin, la jeune génération de cinéastes offre chaque année une vingtaine de films de grande qualité. Dommage que la distribution en France des jeunes talents turcs ne suit pas le courant…

La soirée inaugurale de la semaine se fera le 9 avril au Louxor, avec la projection de « Je conteste » (Itirazım Var) signé Onur Ünlü. Ünlü, qui a été récompensé plusieurs fois dans des compétitions en Turquie est également connu pour ses séries télévisées. A souligner que la Turquie est l’un des plus grands producteurs de séries populaires télévisées, avec une exportation qui dépassent les centaines de millions de dollars chaque année. « Je conteste » est un polar où le personnage principal est un imam fort singulier. Ancien boxeur, diplômé de sciences politiques et d’anthropologie, il cite volontiers Hegel ou Vitgenstein en cherchant le coupable d’une victime tué dans sa mosquée lors du sermon de vendredi. Le scénario est ficelé par des phrases de contestation contre la corruption et autres dérapages de l’administration Erdogan, rappelant souvent les slogans utilisés lors des événement Gezi en juin 2013.

Par ailleurs, à l’occasion du centenaire du génocide des Arméniens, une soirée sera dédiée aux films de la Plateforme de cinéma arméno-turque, une première en France. Cette initiative existe entre la Turquie et l’Arménie depuis plusieurs années. Elle est issue d’un accord de coopération signé en 2009 entre Anadolu Kültür à Istanbul et le festival Golden Apricot à Erevan. Une soirée-débat, avec la projection de deux courts-métrages issus de cette initiative, est organisée le 16 avril à 19h00 au Louxor.

A ne pas rater :

Les chants de ma mère (Klama Dayika Min) de Erol Mintaş, le samedi 11 avril à 19h00 en présence du réalisateur et le 13 avril à 17h00. Avec ce premier long métrage, Mintas a reçu plusieurs prix dans des festivals en Turquie et dans le monde, dont trois grands prix à Antalya et la Montgolfière d’Argent au festival des Trois Continents à Nantes en décembre 2014.  Mintas (lui-même kurde de Turquie) nous raconte ce que c’est que d’être Kurde en 2015 loin des terres ancestrales du sud-est anatolien. Au tout début du film, nous sommes en 1992, quand la répression de l’Etat turc au Kurdistan est des plus violentes. Durant le reste de l’histoire, nous sommes à Istanbul, où Ali, jeune instituteur kurde mène un quotidien partagé entre son travail, sa vie privée et sa mère. Celle-ci est piégée entre passé et présent, cloîtrée dans une mutisme où sa solitude est presque audible, perdue dans cette grande ville qui n’est pas « son pays » : comme beaucoup des siens, elle ne rêve que d’un retour dans son village, anéanti par l’armée turque…

Séléctionné à la Berlinale en 2014, Le Goût du Sable (Kumun Tadi), signé Melisa Önel, est l’un des rares films, si ce n’est le premier, qui porte sur un sujet brûlant de la Turquie actuelle : le passage de immigration clandestine internationale. Pour les plus avertis, inutile de rappeler que la Turquie est une plaque tournante de l’immigration clandestine, aux frontières (grecques) de l’Europe. Telle une broderie sombre, Önel tisse une histoire dramatique entre le poids de la conscience d’un passeur et le poids de la réalité de ceux qui sont contraints à choisir l’exil avec l’espoir d’y trouver un monde meilleur. Le titre original du film, Seaburners, est d’ailleurs le mot inventé par les immigrés qui le lancent dans la Méditerranée sur des radeaux de fortune et qui brûlent leurs pièces d’identités en cours de route.

Et les documentaires L’amour sauvera la terre (Yeryüzü Aşkın Yüzü Oluncaya Dek), documentaire de Reyan Tuvi sur les évènements contestataires du Gezi Park, La Haine (Nefret) de Esra Açıkgöz et Hakan Alp sur le discours de la haine en Turquie.  

Bonne(s) projection(s) !  

Pour le programme complet: http://www.cinematurc.com/festival/paris/2015/

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