Il semble que les juifs ne posent plus de problème en ce moment. A en croire certaines radios, les sujets de plusieurs quotidiens, magazines, télés, webzines et de blogs, ce sont les musulmans qui catalysent les tensions sur cette terre au passé chrétien. Bien sûr, je joue de l’ironie. A travers cette tribune, j’espère juste que chacun des citoyens français réalise que l’adage « Diviser pour mieux régner » attise la haine. Devise que Nicolas Sarkozy n’a cessé de véhiculer depuis son arrivée au ministère de l’Intérieur en mai 2002, et ce jusqu’au terme de sa présidence dix ans plus tard.
Au risque de passer pour un moralisateur vaniteux, il faut urgemment pacifier les conflits interreligieux dans notre pays. Il y a une immédiate nécessité à vivre-ensemble. Pour avoir voyagé au Liban en 2010, la similitude des discours radicaux de certains croyants du pays du Cèdre - terre multiconfessionnelle si riche humainement – et ceux de la France de 2012 m’inquiète. Sans tomber dans le catastrophisme ambiant, il ne faut pas que notre pays - où a été corédigée en 1948 la Déclaration universelle des droits de l’homme avec 58 Etats - ne tombe dans une guerre civile sanglante. Comme l’ont connu le Liban des années 80, la Syrie d’aujourd’hui, et peut-être bientôt à nouveau la Libye.
Comment peut-on tuer des pratiquants de religion différente à la sienne en toute impunité ? Vis-à-vis de la situation anxiogène liée à AQMI, une question s’impose : comment des nations peuvent cautionner l’application de la charia à travers le monde ? Une idéologie d’ailleurs contraire aux cinq piliers de l’islam, religion de partage. Les djihadistes reproduisent, ni plus ni moins, l’inexpiable vision monolithique qu’a véhiculée l’église pendant des siècles.
Afin d'éviter tout amalgame avec l’islam modéré pratiqué par l'immense majorité de nos concitoyens, prenons aussi l'exemple des deux autres religions les plus pratiquées sur notre territoire. Comment la France de 2012 peut justifier que des juifs intégristes et des catholiques extrémistes refusent d’employer un musulman dans leur entreprise au motif de sa seule religion ? Comment peut-on déplacer les tensions propres à Jérusalem ici ? Ce discours d’exclusion fonctionne avec toutes les religions existantes, à partir du moment où la raison laisse place à l’intégrisme.
Face à la radicalisation inquiétante d'une poignée de religieux français, un seul message s’impose : l’unité interconfessionnelle. Ouvrez vos églises. Ouvrez vos mosquées. Ouvrez vos synagogues. Allons plus loin dans cette démarche : homos, parlez avec les hétéros dubitatifs. Et inversement. Athées, comprenez que l’exercice de la religion n’est pas si dangereux si la modération est intégrée par chacun de ses partisans. Enfin, musulmans, juifs, catholiques et consorts, cessez de croire qu’il n’y a que votre religion qui puisse dominer le monde.
Mes expériences personnelle et professionnelle m'ont amené à une forte mobilité en France et aussi à l'étranger. Une seule solution, très simple et pourtant non-appliquée, règlera les tensions actuelles : l’unité, la modération et le respect des règles. C’est-à-dire s’ouvrir aux autres ; travailler et créer ensemble ; payer son dû à la société de manière égalitaire (les impôts) qu’on soit acif ou au chômage ; être patient et ne pas croire que tout arrive sans effort.
La France redeviendra alors le pays des Lumières qui s'est enrichi à travers la diversité. L’intégration des religions autres que chrétienne n'a pas été chose simple pour les catholiques, mais elle a pourtant été possible dans un passé pas si lointain. Chaque individu sensé reconnaîtra que la France avance de manière forte lorsqu'elle se mélange et que ses habitants cessent de se replier sur eux-mêmes. Que ce soit au niveau confessionnel, mais aussi générationnel et/ou identitaire. Respect et partage constituent l’essence de la paix, plus que jamais nécessaire dans notre pays aujourd'hui.
Les autres nations doivent "naturellement" accepter cette mixité. Pourquoi ? Parce que le mélange et l’interaction représentent la survie indispensable au vivre-ensemble planétaire. N’ayons pas peur de l’autre. Parlons. Echangeons. Jouons l’unité : la France va y gagner. Plus que des mots, cela relève d’un état d’esprit. Agissons maintenant.