Lorsqu'il était ministre, Xavier Bertrand squattait régulièrement la rubrique "Désintox" de Libération. Amateur de petites phrases assassines, partisan de statistiques obsolètes ou inappropriées, le maire de Saint-Quentin a compris depuis longtemps que la masse ne vérifie pas des données chiffrées. L'effet "vu à la TV" ou "buzz sur Internet" vaut mieux qu'une vérité. Lui qui s'est façonné une image d'homme de terrain, avance dans Le JDD du 19 mai 2013 : "C'est quand la gauche est au pouvoir que le populisme monte le plus : c'est le prix du mensonge."
La vérité, maintenant qu'il appartient à l'opposition, semble tenir à coeur à ce self-made-man. Surprenant. Surtout lorsqu'en 2008, dans l'émission "A vous de juger" sur France 2, Xavier Betrand n'accréditait pas l'argumentation de François Bayrou selon laquelle Nicolas Sarkozy avait avancé que "l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur" dans l'apprentissage des valeurs. Le discours de Lattran restera un fait marquant du quinquennat sarkozyste, du moins chez les défenseurs de la laïcité. Faut-il rappeler que si un journaliste soulève une information à propos de l'un de ses camarades, l'ex-ministre du Travail n'a rien contre le populisme. Bien au contraire. En juillet 2010, Xavier Bertrand accusait Mediapart d'avoir utilisé "des méthodes fascistes", après ses révélations dans l'affaire Bettencourt.
La victoire de François Hollande n'a jamais été digérée par le député UMP. Selon lui, c’est une « sacrée conception de la parole politique, un mois après les élections législatives que de se renier ». Sur France Inter, il se réjouissait d'avoir pris le président « en flagrant délit de mensonge politique ». Il fallait oser, car l'Axonnais a été plusieurs fois épinglé par les médias pour ses mensonges. Comme l'atteste cet article de Libé, Xavier Bertrand aime avancer des informations faussées. « Chaque année, c’est 7 milliards d’euros d’impôts de plus que les régions gérées par le Parti socialiste ont décidé d’augmenter. » Pour un ancien assureur, l'erreur laisse des doutes sur sa bonne foi. La liste est longue, arrêtons-nous là.
Dans la biographie non-autorisée de Christophe Jakubyszyn et Muriel Pleynet ("Le Fabuleux Destin de Xavier Bertrand"), un ancien collaborateur confie : « Il n’y a aucune spontanéité chez lui. Tout est préparé, même les blagues. Cela révèle un grand manque de confiance en lui. » Pour avoir fréquenté le maire de Saint-Quentin, alors journaliste dans un groupe de presse départementale marquée à droite, je confirme que le populisme représente l'une des qualités n°1 de ce suiveur hors pair. Toutes les vérités sont-elles bonnes à dire M. Bertrand ?