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Maire de Saint Médard en Jalles VP Bordeaux Métropole député suppléant 6 eme de Gironde et Militant de Gauche.

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Billet de blog 8 mars 2025

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Une nouvelle Renaissance plutôt qu’une nouvelle barbarie

Face à ce basculement, l’Europe doit plus que jamais se poser en bastion du droit, de la science et des valeurs humanistes. Elle ne peut plus être une simple puissance économique en espérant que son modèle se suffise à lui-même.

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L’Europe, ce vieux continent où se sont affrontées les plus grandes idées et les plus sombres barbaries, s’est relevée du chaos du XXe siècle pour bâtir un espace de paix, de droit et de culture. Elle n’a pas seulement survécu à la furie des nationalismes et aux totalitarismes meurtriers : elle a su, contre toute attente, transformer les cendres de l’Histoire en un projet de civilisation unique. Du droit romain à l’humanisme chrétien, des Lumières à la démocratie sociale, elle est le produit d’un héritage qui dépasse les frontières et les siècles.


Mais cet héritage n’est pas un musée. Il est un appel à l’action. Car l’Histoire n’est jamais finie, et les menaces n’ont pas disparu. « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde, écrivait Albert Camus, la mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande encore. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. »
Aujourd’hui, le monde vacille sous l’effet de trois forces conjuguées :
- L’impérialisme agressif de la Russie, qui mobilise plus de 40 % de son budget pour la guerre et qui rêve de vassaliser l’Europe comme elle tente de soumettre l’Ukraine.
- La montée en puissance de la Chine, qui avance méthodiquement dans les sphères économique et militaire, étendant son influence en Europe par le rachat d’infrastructures stratégiques et en Afrique par la dette.
- L’abandon du droit international et des valeurs humanistes par l’administration Trump, qui, par son rejet du multilatéralisme, du climat, de la science et du respect des institutions démocratiques, ne garantit plus la protection de l’Europe et l’entraîne dans un monde où seule compte la loi du plus fort.
Face à ce basculement, l’Europe doit plus que jamais se poser en bastion du droit, de la science et des valeurs humanistes. Elle ne peut plus être une simple puissance économique en espérant que son modèle se suffise à lui-même. Soit elle se dresse en puissance souveraine, soit elle sera reléguée au rang de territoire dominé, impuissant face à la violence des rapports de force mondiaux.
L’Europe, qui a failli détruire le monde entre 1914 et 1945, porte une responsabilité historique : elle peut désormais le sauver, en opposant à la brutalité une puissance politique, économique et militaire capable de garantir la paix et l’équilibre.

Un message universel pour le XXIe siècle : défendre les droits et la démocratie

L’Europe ne peut plus être un simple « soft power » dans un monde où la force brute dicte les relations internationales. Elle doit renouer avec la vision que portait Victor Hugo en 1849 lorsqu’il lançait : « Un jour viendra où vous, France, Russie, Italie, Angleterre, Allemagne, vous toutes, nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure et vous constituerez la fraternité européenne. »
Or, la fraternité européenne ne peut plus être une simple rhétorique. Il est urgent de la traduire en action. Une nouvelle Déclaration européenne des droits, inscrite au cœur des traités, doit voir le jour. Comme la Déclaration universelle de 1948 fut une réponse au désastre du nazisme, celle du XXIe siècle doit répondre aux périls actuels : le recul de la démocratie, la montée du fascisme, la crise écologique, la révolution numérique et les inégalités sociales croissantes.
Elle doit affirmer :
- L’universalité des droits humains, en s’opposant fermement à toute dérive autoritaire en Europe et au-delà.
- L’indépendance de la justice et des médias, afin de protéger les démocraties européennes contre l’influence des puissances étrangères et des populismes.
- Le devoir d’asile et de protection pour les artistes, les intellectuels et les scientifiques, qui, comme ce fut le cas lors de la montée des fascismes dans les années 1930, fuient aujourd’hui les régimes oppressifs.
Comme la France et l’Europe ont été des terres d’asile pour Einstein, Chagall, Victor Serge, Benjamin et tant d’autres fuyant la persécution, elles doivent aujourd’hui accueillir et protéger les artistes russes exilés, les chercheurs chinois censurés, les écrivains afghans condamnés au silence, les scientifiques et artistes américains muselés par Trump. L’Europe ne peut pas seulement se contenter de défendre les valeurs démocratiques : elle doit être un refuge vivant pour ceux qui les incarnent.

Une nouvelle Renaissance plutôt qu’une nouvelle barbarie

Le monde hésite entre deux chemins. Soit il sombre dans une nouvelle barbarie, faite de régimes autoritaires, de surveillance numérique totalitaire, de guerres de ressources et de nationalismes agressifs. Soit il embrasse une nouvelle Renaissance, où l’Europe peut jouer un rôle central.
Cette Renaissance ne peut être qu’un projet de progrès scientifique et social, un projet de souveraineté culturelle et technologique. Il ne s’agit pas seulement de préserver un mode de vie européen, mais d’en faire un modèle attractif pour le monde entier.
- Un pacte écologique global, non pas comme une contrainte, mais comme un projet de civilisation.
- Un effort massif pour la recherche et l’innovation, afin que l’Europe redevienne un leader en matière de médecine, d’intelligence artificielle et de transition énergétique.
- Un grand programme culturel et éducatif, où l’art et la science ne sont pas de simples commodités, mais les piliers d’un renouveau humaniste.
Cynthia Fleury nous rappelle que « la démocratie ne se décrète pas, elle se prouve. » Il en va de même pour la civilisation : elle ne se proclame pas, elle se construit chaque jour.

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