Partage de midi, dans la carrière de Boulbon ? Potable. Dommage que les comédiens se soient payés le luxe des se passer de metteur en scène. Son absence se fait cruellement sentir.
et BLA BLA BLA BLA BLA.
On l'aura entendu cette critique, sur le Claudel d'Avignon.Parce que vous croyez qu'une mise en scène collective, par Sivadier, Dréville, Bouchard, Baron, et Clemens, c'est un non-spectacle ?
STOP. Rarement un Claudel n'aura été si puissamment mis en scène. Mais les journalistes, dépassés, frustrés, n'ont pu s'empêcher de sauter sur cette critique facile. « Rrrah ! une mise en scène collective ? Mais ça n'existe pas ! » Seraient-ils déçus de voir cette utopie se réaliser sous leurs yeux ?
Et quoi ? Ils fallaient qu'ils se travestissent en clown pour apporter des preuves que leur travail était une mise en scène ? Le drame qui se noue autour d'Ysé nous est montré comme il n'a jamais été, et avec Claudel, cela tient du miracle.
Les ombres sur les parois vertigineuses de la carrière dansent avec les ballons illuminés soumis aux souffles du vent. La femme, les hommes évoluent sur cet échiquier géant, broyés par la main d'un joueur qui se moque des convenances : les tensions sont exacerbées entre des êtres torturés, appelés, happés par des passions qui les dépassent. Un regard neuf est posé sur ce chef d'oeuvre, maintes fois mis en scène (l'année dernière avec une Marina Hands récemment césarisée), et qui nous révèle pourtant encore l'une de ses faces les plus sombres, mais fascinante.
Et quoi ? Ai-je été illusionnée ? Une petite chauve-souris égarée sous ma couverture, alors que Mesa entame son chant, semble vouloir me le rappeler. Ce beau songe n'était-il qu'un rêve ?
Je ne demande rien de plus au théâtre.
Et pour toujours un peu plus d'impartialité, le sentiment vrai d'une élève...
Gaël Baron, Nicolas Bouchard, Valérie Dréville, Jean-François Sivadier et Charlotte Clamens mettent en scène Partage de Midi, de Paul Claudel, dans la carrière de Boulbon. Les quatre premiers jouent, sous le regard de Charlotte Clamens, mais tous les cinq mettent en scène. Il s'agit bien d'un travail collectif : il y a, non pas un metteur en scène dirigeant des acteurs, mais bien cinq, se mettant eux-mêmes en scène, avec l'aide d'un regard extérieur.
Regard extérieur fondamental pour se mettre en scène. C'est d'ailleurs un spectacle très visuel. On découvre de belles images, des tableaux magnifiques (notamment le dernier). La carrière elle-même renforce la beauté des images qui nous sont offertes.
La langue de Claudel en revanche est comme mise de côté. Elle parvient difficilement aux oreilles de ceux qui ne la connaissent pas. La mode au théâtre est le tableau. Ce qui compte - et ce festival s' en fait l'écho - c'est le son, la lumière, la performance artistique. On commence à s'habituer à voir des pièces dont le texte n'est qu'un matériau, ou même un outil. Des pièces où le texte n'est plus, parfois. Aussi plaisant que cela puisse être, on aime encore écouter un peu, se voir offrir une langue, des mots, un sens. En allant voir Partage de Midi, beaucoup se réjouissent d'avance de ce bonheur-là. Pourtant, en sortant, nombreux sont ceux qui admettent ne pas avoir « suivi l'histoire ». Rares sont ceux qui se sont accrochés au texte lui-même.
Bref : on aurait aimé entendre un peu plus, mais on est satisfait de ce que l'on a VU.
Noémie N.