Voici les Chinois à l'honneur. Et aucune raison de boycotter ceux dont je vais vous parler : courez au CINEMA !

Vous ne pouvez raisonnablement pas manquer LA MOMIE 3 - LA TOMBE DE L'EMPEREUR DRAGON. Quelle fantastique aventure, doublée d'un documentaire riche et complet sur le Premier Empereur et sur la fascination qu'il a exercée sur des générations d'archéologues. Car, c'est bien connu, la mort et les tombes truffées de pièges impitoyables sont les risques du métier. Je n'y avais pas pensé lors de mes dernières fouilles. Ce film apporte donc un vrai éclairage sur les méthodes d'archéologie d'après-guerre...
NON, je déconne !...
Vous trouverez dans les salles obscures deux petits bijoux du cinéaste chinois WAYNE WANG. Deux, oui. Il se trouve qu'il lui restait un peu de sous à la fin du film prévu... alors il en a fait un autre ! L'étoffe d'un génie je vous dis. Ces deux films fonctionnent en diptyque. L'histoire d'une jeune femme qui a émigré aux Etats-Unis depuis plusieurs années, et à qui son père vient rendre visite, dans Un millier d'années de bonnes prières ; l'histoire d'une adolescente venue elle aussi aux Etats-Unis, juste le temps d'un avortement, et de rencontres étranges et fortes, dans La Princesse du Nebraska. Deux esthétiques totalement différentes, deux propos distincts, mais tous les deux portent un message d'espoir, l'idée d'un multiculturalisme salvateur. Quand Babel, en rappelant le châtiment divin, mettait en lumière l'incohérence du monde, Wayne Wang filme délicatement les liens qui se tissent entre les êtres humains, quelles que soient leur langue.
UN MILLIER DE BONNES PRIÈRES est un film sensible, le rythme est lent, mais nous nous laissons entraînés par Henry O revenue vers sa fille pour enfin accomplir un rôle qu'il n'a jamais tenu. C'est une histoire ordinaire, mais sublimée par Wayne Wang, qui nous dévoile pudiquement le fond de toutes ses âmes errantes, toutes ici, toutes d'ailleurs (Chine, Russie, Israël,...), toutes face aux mêmes doutes.
LA PRINCESSE DU NEBRASKA se pose dans une ville américaine plus flashy, les couleurs sont électrisantes, et la petite est une véritable garce totalement perdue. Elle erre aussi, et nous évoluons avec elle dans un monde aseptisé et affolant. Récit d'initiation, fait d'épreuves et de rencontres. La plus importante reste celle de cette call-girl dans le quartier chinois, qui se prend d'affection pour cette petite. Et reste une image alors, bel hommage aux Blueberry Nights de Wong Kar Wai : le baiser de ces deux femmes, apaisées le temps d'un instant...
Bientôt, la semaine prochaine, nous aurons LE SOLEIL SE LEVE AUSSI, de Jiang Wen.
Et en attendant, savourer l'oeuvre de ZHANG YIMOU, dans quelques minutes, à 14h08 : le réalisateur chinois met en scène la cérémonie d'ouverture des JO. Ses oeuvres ne sont pas des films, ce sont des ravissements, des épopées fabuleusement dramatisées, un souffle shakespearien associé à une science des couleurs et des effets extraordinaire. Vous excuserez cet excès de superlatifs, mais Hero, Le Secret des poignards volants, La Cité interdite ne peuvent pas laisser indifférent.
J'ai le souvenir aussi d'un ballet venu au Théâtre du Châtelet en 2004 : Epouses et Concubines. Rien à dire, sinon que la cérémonie d'ouverture s'annonce époustouflante.
Dommage que le spectacle à venir participe à la propagande d'un système répréhensible. Ce qui prouve bien que l'art, comme le sport, ne peut pas faire semblant d'ignorer le politique : les émotions, les sensations seront réfrénées, à la simple évocation de toutes les libertés bafouées.