En novembre 2013, alors que j'enseignais depuis 1990 dans un grand lycée de province et que j'avais envie de terminer ma carrière en enrichissant mon expérience, j'ai eu le malheur d'envoyer ma candidature (CV et lettre de motivation parfaitement fidèles à la réalité de mon option de recrutement et de mon expérience passée) pour postuler à un poste typé BTS à pourvoir dans un lycée parisien réputé. Ce genre de poste, dit "à profil" échappe au mouvement national et la procédure de recrutement se fait à l'époque sur dossier.
En mars 2014, j'apprends avec joie que ma candidature est retenue par le ministère mais je déchante vite après l'entretien que j'ai quelques jours plus tard avec le proviseur du lycée d'accueil : celui-ci m'informe qu'il ne comprend pas et qu'il conteste ma nomination, mon profil ne correspondant pas au poste qu'il a demandé. Il déplore par ailleurs une "erreur d'étiquetage" du poste sur SIAM (système numérique de l'Education nationale)où le poste a été publié.
Très déçue, je demande aussitôt à la DRH du ministère d'annuler ma nomination afin de pouvoir conserver mon poste actuel : refus catégorique. Je contacte alors le doyen des IPR de ma spécialité qui m'oppose une fin de non recevoir. Je mets également le SNES au courant qui m'avoue "n'avoir jamais vu un tel sac de noeuds". Plus tard, j'envoie un mail à la médiatrice et à l'IPR de l'académie de Paris qui, s'ils jugent mon affaire "très délicate", concluent que "j'ai imprudemment postulé à un poste ne correspondant pas à mes compétences", ce que je ne nie pas mais que j'ai du mal à admettre dans la mesure où mon dossier a été retenu par la commission paritaire adéquate (sauf à imaginer que celle-ci ignorait les spécificités du poste à pourvoir !).
Sans doute pour tenter de "réparer les pots cassés", ils me proposent un poste ordinaire PROVISOIRE( pour l' année scolaire) dans le lycée où j'ai postulé, assorti de la promesse de pouvoir postuler l'année suivante à un "vrai" poste spécifique en BTS après une formation dont je dois trouver moi-même les modalités (à 57 ans). La mort dans l'âme, je finis par accepter le poste d'autant "que je risque de me retrouver dans une très mauvaise situation à la rentrée, avec un statut de TZR (titulaire sur une zone de remplacement)" puisque j'ai perdu mon poste en province. Je loue un appartement dans le 19ème arrondissement de Paris (à un prix bien supérieur à celui que je payais dans ma ville) et supporte évidemment tous les frais qui vont avec (caution , frais d'agence, déménagement, etc...). Je m'installe à Paris en juillet et les vacances d'été se passent mal car je suis de plus en plus angoissée par mon avenir professionnel. Deux semaines après la rentrée, je craque et je sombre dans une grave dépression qui nécessite une hospitalisation de trois semaines à l'hôpital Lariboisière. Je me retrouve en congé de longue maladie, puis de longue durée. Je quitte Paris en novembre 2015 pour revenir en province et je demande un an plus tard ma ré-affectation dans mon académie d'origine. Je vis ma fin de carrière comme un vrai cauchemar et peu de gens me croient quand je raconte ce qui m'est arrivé ...
Le plus troublant est que je viens de découvrir que la procédure de recrutement pour les postes à profil a été modifiée pour 2022. Les postulants doivent désormais être auditionnés par une commission adéquate, soit en présentiel, soit en visioconférence, avant d'être pré-sélectionnés. Mon cas (sans doute pas isolé) aurait-il signé la fin du recrutement sur dossier, mettant en lumière les défaillances de la procédure antérieure ?
Dommage que j'aie dû en faire les frais, d'autant que la "machine Education nationale" n'a pas fait preuve d'une grande humanité et de transparence à mon égard...