Le temps n'existe pas.
Il me fait croire que nous sommes mardi
Alors que je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit
Que veut-il que cela me fasse.
Mardi et puis?
Je n'aime pas les jours
On les égrène comme un chapelet
Samedi, heureux sans raison
Lundi, malheureux pour les mêmes raisons
Mercredi n'y changera rien
Pas plus que vendredi.
Comme les miettes de pain parsemées par Hansel et Gretel
On laisse des jours sur notre passage
Et quand on se retourne
Ils ont disparu.
Têtu, le calendrier martèle
Répète niaisement sa comptine
Imprime
Incruste
Tatoue
Dans mes carnets
Dans ma vie
Des journées qui affichent fièrement vingt-quatre heures.
Le temps a peur que je l'oublie
Alors il ricane
Et affirme
Dimanche ne quittera jamais lundi.
La suite est fatale.
Mardi presse le pas pour garder sa place
Mercredi s'inquiète du retard de jeudi
Vendredi prend ses aises
Samedi se mérite
Et dimanche…déjà, dimanche.
Moi j'envoie tout valser
Les secondes peuvent bien s'évanouir
Les minutes en demander encore
Les jours revenir sur leurs pas.
Trois, deux, un.
Le décor se fige
Les couleurs déferlent
Prennent possession
De ma toile
De ma chambre
Je plonge
Je navigue
Entre les vibrations du rouge
Les frémissements du vert
La frénésie du jaune
Les ondulations du bleu.
Orange…Orange me retient, souvent il me demande de rester, là.
Voilà.
Moi je ne connais que ça.
Ce tempo-là.