DEMOCRYPTE

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Billet de blog 15 octobre 2011

DEMOCRYPTE

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VIE DE CESAR SARKOMINUS XVIII

DEMOCRYPTE

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Chapitre XVIII : Où l’on raconte la marche de l’armée de Sarkominus vers l’Olympe et la rencontre de Démocrite avec les fils de Bia.
Résumé des épisodes précédents : Le sage Démocrite et son jeune compagnon, Protagoras, ont rencontré Sarkominus. Ayant reçu, quelques dizaines d’années plutôt, une lettre d’Auguste Comtus contenant des prédictions sur le règne de Sarkominus, Démocrite a jugé à propos d’enquêter afin d’éclaircir la question des « prémonitions » qui défient sa philosophie radicalement matérialiste. Pour pousser plus loin son enquête, Démocrite est descendu aux enfers pour y rencontrer Auguste Comtus. Il reçoit des soins dans un temple et aide par le chant son ami Abibos. Sarkominus a préparé une armée pour conquérir l’Olympe, que Protagoras et Orphée accompagneront.

1. Où l’on relate la marche de l’armée de Sarkominus vers l’Olympe
L’armée de Sarkominus s’ébranlait et d’un pas rapide avançait irrésistiblement à la conquête de l’Olympe. Je me tenais au côté d’Orphée et Gainoïus qui dirigeait mal que Sarkominus se soit entouré des philosophes de cours, Mincus, Béhachèlus, Galloïus et Glucksmannus.
Un centurion rejoignit au galop la tête de l’armée et lui donna une lettre d’Obwana. Sarkominus l’a lu à haute voix. Elle disait : « Ô grand César du pays de Droite, je suis certain que nous pourrons au cours des quatre années à venir collaborer ensemble dans un esprit de paix et d'amitié afin de construire un monde plus sûr. J’espère, cher et noble Chiracus, vous rencontrer très bientôt » (1). Sarkominus sursauta et enragea : « Une fois maître de l’Olympe, nous commencerons par chasser l’usurpateur Obwana ! » (2) Le philosophe Béhachélus qui se tenait à ses côtés ne manqua pas d’approuver : « Mon maître Platon a prononcé un jugement définitif contre les Atlantidéens en soulignant que lorsque « la portion divine qui était en eux s’altéra par son fréquent mélange avec un élément mortel considérable et que le caractère humain prédomina, incapables dès lors de supporter la prospérité, ils se conduisirent indécemment » (3). Ce peuple n’a plus la dignité nécessaire pour demeurer le porte-étendard du monde des Idées, et c’est à toi, ô Sarkominus, d’en supporter le noble fardeau. En chassant les Olympiens, tu prouveras que ce sont les Idées, et elles seules, qui, pour le meilleur et pour le pire, mènent le monde. » Mincus ajouta : « Les Atlantidéens sont vulgairement matérialistes. Nous autres, Sages du Pays de Droite, ne nous laissons pas guider par l’argent qu’on se met dans les fouilles, c’est l’Idée seule de l’argent qui tombe dans nos fouilles qui nous inspire ! » Glucsmannus voulu introduire un peu de nuance : « les Atlantidéens ont eu le plus grandiose des rôles historiques : celui d’anéantir l’Idée même d’égalité, Idée qui a engendré les plus grands crimes. Maintenant qu’ils ont accomplis leur tâche historique, c’est à l’Idée de liberté – je ne parle pas des petites libertés vulgaires, mais de l’Idée de liberté – de s’incarner grâce à ton règne. » Et Galloïus conclut : « Ainsi l’Idée du pays de Droite sera l’Idée de la liberté elle-même ! »
Un centurion rejoignit au galop la tête de l’armée. Il fit part de l’inquiétude qui saisissait quelques légionnaires. Contrairement aux géniales prévisions de Sarkominus, qui, on ne sait pourquoi, ne s’étaient pas (encore) réalisées, les légions plébéiennes ne s’étaient pas entredéchirées. Les chefs plébéiens étaient même en voie de s’unifier autour d’un chef unique. La cavalerie dirigée par Borloïus traînait le pas, des détachements désertaient. Cette inquiétude fit sourire Sarkominus : « Le programme des plébéiens se résume à un grossier « qui veut dépenser plus ? » (4) Croyez-moi, le peuple ne se laissera pas berner par ces démagogues, et vous pouvez compter sur moi pour rappeler que j’ai déjà vidé les caisses et qu’en conséquence leurs promesses relèvent de la tromperie la plus obscène ! »
Nous avancions encore quand un centurion rejoignit au galop la tête de l’armée. Il venait pour faire part de la désertion des troupes supplétives. Celles composées par les bandes criminelles de Lepenus, qui s’étaient ralliées au moment de la conquête du pouvoir, ralliaient la fille du brigand. Celles composées des traîtres plébéiens commandés par Jouyetus, Kouchnerus et Attalus, décampaient lamentablement. Le philosophe Béhachélus eut ce commentaire : « Noble Sarkominus, plus nous approchons du triomphe, plus nous ennemis affolés sont contraints de se démasquer, pour tenter, dans une manoeuvre désespérée, d’empêcher l’avènement du règne du monde des Idées. Chaque désertion doit être tenue pour une assurance de notre inéluctable succès ! »
Nous avancions toujours quand un centurion rejoignit au galop la tête de l’armée. Il venait annoncer qu’Horteufeucus et Guéantus (5) venaient d’être arrêté par un juge qui les avait surpris en train de charger des coffres du Trésor sur un char. Tout ce que l’on savait, c’est qu’Horteufeucus s’était exclamé en larmes : « Je le savais bien : quand on vole un trésor, ça va, c’est quand on en vole plusieurs qu’on commence à avoir des problèmes. »
Nous fûmes, soudain, contraint à nous arrêter. La sénatrice Boutina, entourée de ses vétérans, nous barrait la route. Pointant un doigt accusateur vers Sarkominus, elle s’écria :
« Honte à toi Sarkominus ! Honte à celui qui avait promis de restaurer les mœurs antiques et qui a trahit son serment ! Où est celui qui promettait de le retour des saintes orgies de nos ancêtres et qui déclarait : « Moi, je me suis senti partie prenante dans cette prière venue du fond des âges et j'ai senti que dans cette flèche de pierre dressée vers le Ciel, comme dans les flèches de tout les lupanars, il y avait là l'âme du Pays de Droite. Parce que l'âme du pays de droite est dans ce long manteau de lupanars que les siècles d'histoire nous ont léguées » (6) ?
Comme tu as bien trompé ton monde, homme faux, en laissant dire à Mitterandus junior, à propos du juge d’Atlantide voulait poursuivre pour viol d’une enfant de treize ans le poète Polanskius, que c’était là l’image même de « l’Atlantide qui fait peur » (7). Ces mots, si bien choisis, flétrissaient la gorgone atlantidéenne, qui voulait nous faire refouler que la mythologie regorge de témoignages de viol commis par les divinités, et que le poète Polanskius n’avait sodomisé l’enfant que par conscience professionnelle et pour se laisser pénétrer par l’extase poétique. Douces paroles qui laissèrent penser au parti de la tradition que nous assisterions bientôt à la résurrection d’un priapisme salvateur ! Mais j’aurais dû déceler ta manoeuvre hypocrite ! Mitterandus Junior, dans sa jeunesse, n’avait-il pas produit des écrits équivoque, à propos de ses expériences avec les prostitués du temple de Dionysos : « Je m'arrange avec une bonne dose de lâcheté ordinaire, je casse le marché pour étouffer mes scrupules, je me fais des romans, je mets du sentiment partout ; je n'arrête pas d'y penser mais cela ne m'empêche pas d'y retourner. Tous ces rituels de foire aux éphèbes, de marché aux esclaves m'excitent énormément. » Curieuse formulation de la part d’un croyant ! Pourquoi, en effet, se retenir d’aller et revenir au temple si c’est un devoir sacré vous y appel ? Il ajoute à propos d’un serviteur du temple de Vénus qu’il fréquentait : « Mais il me plaît au-delà du raisonnable. La profusion de garçons très attrayants, et immédiatement disponibles, me met dans un état de désir que je n'ai plus besoin de refréner ou d'occulter. […]. La culpabilité de toujours, la honte que je traîne volent en éclats » (8). Eprouver un peu de frayeur à l’instant d’accomplir un acte sacré ou être surexcité par la pieuse besogne de l’orgie, cela s’entend… Mais éprouver de la culpabilité, de la honte en se rendant à l’office ! Ton ministre de peu de foi sera à jamais éclipsé par le pieu Pindare qui, lui, n’hésite pas à chanter les « servantes de Peithô dans l’opulente Corinthe, qui faites fumer sur l’autel les larmes blondes de l’encens pâle, tandis que souvent votre pensée s’envole vers la mère céleste des amours, vers Aphrodite. Et Aphrodite vous permet sans blâme, ô enfant, de cueillir, dans votre aimable couche, le fruit de votre tendre jeunesse. Quand la nécessité le veut, tout est bien… » (9).
J’aurais du comprendre, en constatant ton manque d’empressement à emboîter le pas de la réforme entreprise par le fervent Berlusconinus (10), que tu n’était pas aussi attaché aux usages de nos grands-pères et de nos grands-mères. Alors que ce saint prosélyte élevait les servantes sexuelles de ces temples au rang de sénatrices pour instruire le peuple dans l’idée qu’elles étaient leurs institutrices, tu as projeté, homme avare, de taxer les sectateurs d’Aphrodite. J’en fut toute retournée et, éplorée, j’ai invoquée les mânes de Cicéron, homme juste parmi les justes, qui clamait : « Interdire les amours mercenaires c’est rompre […] avec les habitudes et les tolérances de nos ancêtres. Quand donc n’a-t-on pas eu pareille conduite ? Quand l’a-t-on blâmée ? Quand ne l’a-t-on pas permise ? » (11)
Mais, vil Sarkominus, c’est le spectacle de la joie peinte sur ton visage à l’annonce de l’arrestation de ton rival Strauss-Kahnus par un juge d’Atlantide, qui l’accusait d’avoir violer une esclave, qui a achevé de me convaincre de ta duplicité (12). Face à la gorgone atlantidéenne, ton silence fut assourdissant ! Le parti de la tradition te supplia d’intervenir en faveur de cet innocent, de cet homme pieu qui ne manqua aucun office du temple de Vénus ! Ce saint homme, inspiré par les principes égalitaire des plébéiens, fut traîné dans la boue pour avoir défendu le droit inaliénable de toutes les femmes, celui d’être aimée, au moins une fois dans sa vie, par un homme irrésistible. Lorsqu’une esclave chargée du ménage pénétra dans sa chambre, notre plébéien de cœur ne put que se soumettre à ses nobles principes et se résoudre – comme c’était le droit inaliénable de cette femme d’être aimée, au moins une fois dans sa vie, par un homme irrésistible – à lui accorder sept minutes de bonheur absolu. Ces généreuses sept minutes ont été très exactement calculées par les juges atlantidéens eux-mêmes. Je ne les invente pas. C’est le procureur lui-même qui le dit.
L’esclave prétendit avoir été forcée. Comment croire que Strauss-Kahnus fut fautif ? La seule faute que l’on pourrait lui imputer, c’est celle d’avoir été en avance sur son temps. En effet, les siècles d’oppression qu’ont subis les femmes les ont mal préparées à l’exercice raisonnable de leur droit à être aimées, au moins une fois dans leur vie, par un homme irrésistible. L’esclave ne su pas se contenter des sept minutes de bonheur et a voulu, faute de pouvoir garder cet homme irrésistible pour elle, le savoir enfermé dans une geôle. Triste constat : en raison des siècles d’oppression qu’elles ont subis, les femmes ont intériorisée l’idée saugrenue qu’elles ne devaient se donner qu’à  un seul homme et développer des inclinaisons mauvaises qui les rendent envieuses et convaincues que toutes les autres femmes sont des rivales. La malheureuse esclave, victime des siècles d’oppression, aura forgé ce mensonge à seule fin d’interdire à Strauss-Kahnus d’accorder à d’autres femmes ce qu’il lui avait libéralement octroyée. En un mot, l’esclave aura agi en ennemie du droit des femmes à être aimées, au moins une fois dans leur vie, par un homme irrésistible. Mais au lieu de voler à son secours, misérable, tu t’es réjouis de l’injustice qui le frappait.
La goutte qui a fait déborder le vase, Sarkominus, c’est l’usage le moins conforme à la bienséance que tu fais de la copulation ! Notre nation a été couverte de honte par les révélations de l’entourage de la reine d’Atlantide. Poppée, ta nouvelle épouse, a demandée à cette reine si, elle aussi, pratiquait le sexe avec son époux en prenant un maximum de temps, dans le seul but d’arriver exprès en retard aux cérémonies officielles (13). Cet usage de la copulation, à seule fin de nuire aux règles de la courtoisie, qui exigent – quand on est poli - d’inviter ses hôtes à vous rejoindre dans votre lit et d’improviser avec eux une orgie, achève de me convaincre de ta vulgarité et de ton incapacité à restaurer les lois érotiques qui gouvernaient nos nobles ancêtres. Cette honte ne peut être lavée, aussi, le parti de la tradition a t-il décidé d’adopter la seule conduite honorable. »
A cet instant, la sénatrice Boutina et les vétérans qui l’accompagnaient sortirent leurs glaives, les levèrent bien haut et se les enfoncèrent dans l’abdomen. L’armée de Sarkominus passa sur les cadavres des traditionnalistes. « Cette pauvre femme n’a rien compris, fit observer Béhachélus, ce n’est pas le sexe qui gouverne le monde, mais l’Idée du sexe ! »
Je me penchais vers Orphée pour lui murmurer : « Si l’armée de Sarkominus ne cesse de s’étioler ainsi, comment pourrons nous affronter l’Olympe ? » Orphée me fit en souriant cette réponse : « quand il s’agit d’accomplir une prophétie, le nombre ne compte pas. »
2. Où Démocrite raconte comment il fut pris pour « l’envoyé d’Orphée »
Je retranscris ici la partie du journal de Démocrite qui relate sa troisième journée aux Enfers.  
Avant l’aube :
Abibos m’a réveillé, accompagné de plusieurs patients, parce qu’il voulait chanter. J’aurais aimé dormir un peu plus longtemps...  
Chose curieuse : la jeune femme nous a écouté chanter. Lorsque j’ai remarqué sa présence, elle s’est éclipsée. A la pause, je me suis promené dans le temple et je l’ai trouvée, seule, dans la sacristie. Elle tournait en rond en proie à une grande agitation. Elle parlait toute seule. Quand je suis entré, elle m’a regardé surprise. Elle m’a menti en prétendant qu’elle récitait une leçon qu’elle venait d’apprendre. Puis, elle s’est enfuie.
Je dois retourner à la chorale. J’espère, à partir de cette petite formation, former un groupe résolu, uni et solidaire, capable d’affronter l’aventure de l’évasion.
Matinée :
Je me promenais dans un couloir du temple quand elle a surgit. Elle s’est arrêtée devant moi. Elle a marqué un instant d’hésitation. Puis, souriante, et même un peu crâneuse, elle m’a dit : « Je sais qui vous êtes ! »
Je n’ai pas compris le sens de cette tirade, puisque mon nom figure sur les registres ; mais comme je la trouvais amusante, je lui ai répondu : « Vraiment ?... Alors, vous pouvez toujours le crier sur les toits ! »
Elle a sursauté, puis mordu sa lèvre inférieure. Ayant reprit contenance elle répondit avec une intonation bizarrement bravache : « Evidemment non, ce qui est secret doit être tû. »
Sur un ton de plaisanterie, qui se voulait apaisant, j’ai rebondi : « Je vous en prie, ne vous gênez pas pour le dire, puisqu’il faut parler pour se taire. En effet, tant que ce qui doit être dit, ne l’est pas, un trouble contrarie nécessairement le désir de se taire. »
Elle a souri. Elle était comme rassurée.
Tout à fait détendue, elle m’a invitée à m’asseoir à côté d’elle et, charmeuse, elle m’a dit : « Merci de m’autoriser à vous parler... à cœur ouvert. » Puis, après avoir regardé autour d’elle, comme pour s’assurer que personne ne nous écoutait, elle me chuchota : « Beaucoup se réjouissent que vous soyez parmi nous. » « Moi la première », ajouta-t-elle souriante.
D’un côté, je trouvais ses airs mystérieux tout à fait désopilant, mais, d’un autre côté, je voulait conserver mon sérieux, car je tenais à faire avec elle une petite mise au point : « On espère que je serais d’un grand secours, n’est-ce pas ? », ai-je interrogé.
« - En effet, me dit-elle, tout nos espoirs sont tournés vers vous. »
« - Vraiment ? », fis-je.
« - La rumeur de votre présence s’est répandue et nombreuses sont les âmes qui veulent vous rencontrer », me confirma t-elle.
« - J’en suis flatté ! Encore que je trouve, qu’ici, certaine personne m’apprécie au-delà de la normale… », ai-je répliqué sur un ton sec.
« - Pourriez-vous préciser votre pensée ? », me demanda-t-elle amusée.
« - Ne me prenez pas pour un niaiseux. Vos manières séduisantes ne me trompent pas. Pour tout dire : je vois clair dans votre petit jeu. », ai-je précisé sur le ton plus direct, afin qu’elle soit mise en garde et l’assurer que je suis plutôt le genre d’homme qui va droit au but.
J’étais cependant étonné par son sourire. Etait-elle idiote pour ne pas voir où je voulais en venir ?
« - Un petit jeu, dites-vous ? Je vous écoute ! Parlez franchement, puisque vous ne semblez pas craindre de passer pour un homme péremptoire… », Prononça-t-elle avec un petit air de défi.
« - Puisque vous me provoquez si aimablement, j’aurais tort de me gêner, lui ai-je répliqué, bien décidé à mettre les pieds dans le plat. Croyez-vous que le changement de population intervenu dans ma salle soit passé inaperçu ? En douce, les léthéopathes retirent un à un les patients calmes pour m’envoyer tous les frapa-dingues du Temple ! Je sais que vous êtes en sous-effectif, et que le chant à des vertus apaisantes, et même curatives. Mais, mettons les choses au clair : la chorale, je l’ai mise en place pour soulager mon ami Abidos. Avez-vous vu ce qu’est devenu ma chorale ? Je dois les surveiller tout le temps ! Si vous m’envoyez tous les fracassés du dispensaire, je n’aurai plus de temps… pour mener à bien mes projets. Alors j’aimerais que vous demandiez aux léthéopathes qu’ils cessent de m’orienter en douce leurs patients les plus azimutés. »
« - Vos projets…, répéta t-elle avec l’air le plus grave. Je vous promets de veiller à ce que l’on ne vous dérange plus… Je n’ai plus beaucoup de temps, car j’ai terminé mon service et on s’étonnerait de ma présence. Parlons librement et directement. Qu’est-ce que vous faites demain soir ? »
Je l’observais pour cerner où elle voulait en venir. «  J’ai chorale jusqu’à 18h00, et après… rien », fis-je laconiquement.
« - Alors, nous nous retrouverons ici même à 18h30 », me dit-elle.
« - Ah !?! Et que ferons-nous à 18h30 ? », lui ai-je demandé.
Elle me regarda étonnée, puis elle inspecta autour d’elle avant de chuchoter : « C’est la mission d’Eurydice que de vous conduire jusqu’aux fils de Bia. Ils dirigent l’organisation de libération des Enfers. Si vous saviez combien nous avons attendu l’envoyé d’Orphée. Heureusement, vous avez été facile à reconnaître : l’envoyé de mon époux devait forcément illuminer le temple par ses chants. » Après quoi elle posa le chiton d’Orphée sur mes genoux, tenant là une « preuve » supplémentaire de mon « identité ».
J’avoue avoir été totalement désorienté. J’avais l’âme de la dryade Eurydice devant moi. Et j’étais « l’envoyé » d’Orphée, ce que j’ignorais encore l’instant d’avant !
Je réalisais aussitôt que cette organisation secrète pourrait m’aider à pénétrer dans le Tartare.

Démocrite se plaignant auprès d'Eurydice qu'on lui envoie tous les fracassés du dispensaire

3. Où il est question de Bia, sœur d’Anankè et tante des Moires.
Eurydice m’avait préparé une rencontre avec les « fils de Bia », les seuls à même de m’aider à pénétrer le Tartare. Elle me fit passer dans sur le Champs Elysée, « ces plaines de pourpre, qui, pour reprendre le mot de Virgile, connaissent leur soleil et leurs astres. » Pour échapper à la surveillance des centaures, nous devions nous réunir dans une petite grotte. Pour couvrir nos conversations et détourner l’attention, un groupe d’âmes prit dès que l’on me vit arriver l’air le plus enjoué et se mirent à exécuter toutes sortes d’exercices et cabrioles : « les uns exercent leurs membres sur des palestres herbeuses, / s'affrontent dans des jeux et luttent sur le sable fauve ; / d'autres, battant du pied, rythment des choeurs et chantent des poèmes. / Le prêtre de Thrace, revêtu d'une longue robe, / les accompagne en cadence, faisant sonner, tantôt avec les doigts, / tantôt avec un plectre d'ivoire, les sept notes de la gamme. » (14) L’image du bonheur le plus innocent, celui qui doit régner au Champs Elysée, partie de l’Enfer réservé aux Bienheureux !
Je dois dire, ici, quelques mots sur Bia, avant de présenter ceux qui se présentèrent comme ses « fils ».
Bia est la déesse de la Violence. C’est la petite sœur d’Anankè, déesse de la Nécessité, celle qui dirige le monde avec ses trois filles, les Moires, qui ensemble incarnent la Justice. Bia est celle qui parle quand la Nécessité et la Justice se taisent. Quand les hommes n’ont plus les moyens de s’adapter à la Nécessité et de s’accorder avec la Justice, le monde se laisse habiter par le souffle de Bia. Cette divinité offre aux hommes l’image paroxystique de la Nécessité, devenue contraintes brutales et l’image paroxystique de la Justice, devenue haine insatiable de vengeance. Bia est toute action. Elle suspend la pensée. Elle nourrit tous les excès, invite à la surenchère et n’offre que l’extase que produit la destructivité et l’anéantissement mutuel.
Bia s’offre comme un animal sauvage à dompter. Elle convoque le souvenir des tout premiers temps de l’humanité, l’époque où les hommes apprirent à coopérer pour faire face à la Nécessité et où ils apprirent la Justice pour que leur coopération soit durable. Face à la sauvagerie, les hommes découvrirent qu’ils pouvaient coopérer avec l’animal. L’homme  apprit d’abord à coopérer avec le chien, grâce auquel il accrût ses prises de chasse, puis avec toute sorte d’animaux grégaires, qu’il se mit à nourrir et soigner en échange de leur lait, de leur force, de leur chair et de leur peau.
L’homme ne tarda pas à comprendre qu’il pourrait s’émanciper de la Nécessité, s’il pouvait dominer d’autres hommes, dirigeant les uns comme une meute de chiens et plaçant les autres sous le joug, tel des bêtes de sommes. Déjouant la Nécessité, ces hommes s’affranchirent de la Justice, condamnant les divinités maîtresses de l’Univers au silence.
Bia se donne comme une bête sauvage que l’homme ne peut domestiquer qu’en retrouvant la voie qui l’oblige a agir en accord avec la Nécessité et la Justice.  
4. Où Démocrite présente les fils de Bia
Dans la petite caverne, dix âmes m’accordèrent audience ; c’était celles des fils de Bia.
L’âme qui se tenait la plus à droite avait traversé la vie sous le nom de Titus Minutius (15). Titus avait été un chevalier romain qui s’énamoura d’une esclave qu’il voulu racheter à son propriétaire. Ce dernier flairant l’aubaine exigea une somme exorbitante, de sept talents d’Attique. Le chevalier feint de rechercher la somme pour conserver le droit de fréquenter la couche de la jeune femme. Mais, au lieu de lasser de son amour, la sensualité exaspéra ses sentiments. Curieux et séduit par le monde barbare de cette femme, il devint l’ami de quelques étrangers, esclaves fugitifs, et conçu avec quelques uns d’entre eux le projet d’user de son prestige d’aristocrate pour obtenir un prêt assez considérable pour armer un groupe de rebelles.
L’enlèvement de sa maîtresse et le meurtre de ses propriétaires inaugurèrent une geste, ponctuée d’attaques de domaines et de libération d’esclaves. Il fut bientôt à la tête de trois mille cinq cent hommes en armes. Diodore de Sicile nous apprend que Lucullus fut chargé d’anéantir sa sédition, et qu’ayant retourné en sa faveur « Apollonius, le plus considérable des officiers de Minutius, en lui promettant l’impunité sur la foi publique » celui-ci livra la forteresse où s’était réfugié Minutius. « Mais au moment qu’Apollonius, pour exécuter sa promesse, mit la main sur Minutius, celui-ci pour prévenir le supplice qui l’attendait, se perça lui-même de son épée ; et tous les compagnons de son entreprise à l’exception du seul Apollonius qui les avait trahis, furent égorgés. » Titus est à l’image de bien des fils de Bia : homme animé de sentiments sincères et lancé éperdument dans la lutte, naïvement convaincu que la justesse d’une cause saura pallier aux défauts de la stratégie. La stratégie, ce n’est pas l’intention guerrière, mais la perception d’un objectif, qui sans doute exige de la violence pour être atteint, mais qui finalement doit favoriser l’avènement d’une paix acceptable. La stratégie est l’art de dompter la violence, de faire plier Bia devant la Nécessité et la Justice.
A côté de Minutius se tenait Eunus, dit Antiochus, roi des esclaves de Sicile (16). Eunus était un homme libre jeté dans l’esclavage. Dans sa lointaine Syrie, il était connu comme prophète et d’oneirocrite. Un jour, des esclaves comme lui d’origine syrienne, qui avaient jurer d’assassiner leurs maîtres pour se venger de leurs cruautés, le trouvèrent pour lui demander si leur « projet avait l'approbation des dieux. Il se mit en transe et il indiqua clairement que les dieux étaient favorables à leur révolte à condition de passer immédiatement à l’acte ; en plus il annonça que le Destin avait décidé qu’Henna, la citadelle de l'île, devait devenir leur terre. » Le premier coup porté contre les maîtres déchaîna aussitôt une cascade de révoltes au travers de toute la Sicile, car l’inhumanité était de règle dans cette contrée. Et bientôt Eunus se trouva à la tête de plus de six mille hommes qui s’emparèrent aisément de la citadelle d’Enna.
Eunus avait une stratégie, à savoir un objectif à atteindre, qui, espérait-il, permettrait de sortir de la violence : il croyait sincèrement que si les esclaves parvenaient à créer une Cité, qui eu tout les aspects d’une cité normale, avec son roi et une cours, les autres cités siciliennes, rassurée, finiraient par pactiser avec elle. Aussi Eunus porta t-il le diadème et se fit pompeusement appeler Antiochus. Il forma un Conseil, une armée permanente et prit des dispositions prudentes pour prévenir les exactions et protéger les biens et les moissons stockées. Sa cité, devenue terre franche pour les esclaves, fit trembler tous les propriétaires de l’île, non seulement à cause de la crainte d’une contagion à d’autres domaines esclavagistes, mais aussi à cause de l’esprit de sédition qui gagnait le petit peuple des libres. Diodore nous dit que « le petit peuple était non seulement opposé aux riches mais il se réjouissait de leur situation difficile car il ne supportait pas l'inégalité de leurs sorts respectifs et la disparité de leurs modes de vie. Leur envie, comme un chancre, se changea alors en joie quand ils s’aperçurent que le sort magnifique du riche changeait. » Les propriétaires siciliens, avec le concours des romains, mirent sept années pour anéantir Eunus. La citadelle d’Enna fut reprise et le général Rupilius fit torturer, puis jeter du haut d’une falaise tous les rebelles qu’il captura. Eunus fut jeté dans une geôle puante et mourus affamé et dévoré par les poux.
A droite d’Eunus se tenaient l’âme d’Aristonicos et celle du philosophe Caius Blossius de Cumes (17). Aristonicos était le fils d’Eumène, roi de Pergame, et d'une courtisane d'Éphèse. A la mort du roi Attale, il s’empara du trône et conçu de fonder une société égalitaire. Il  avait accordé l’asile politique à Caius Blossius de Cumes, proche conseiller de Tiberius Sempronius Gracchus, le tribun romain qui tenta vainement de faire approuver une réforme agraire. Les deux hommes savaient, comme je l’ai moi-même toujours professé, que « l’esclave de l’argent ne saurait être juste », et qu’en conséquence, l’esclave rebelle ne trouverait jamais d’issue acceptable à sa révolte s’il est incapable d’établir un rapport de force durable, et s’il oublie que « les natures viles ne tiennent pas les serments arrachés sous la contraintes, quand le danger à disparu. » (18)
Ils élaborèrent une stratégie qui devait unir les esclaves et les hommes du peuple dans une armée de libération capable de libérer un territoire assez vaste pour établir des bastions capables de résister durablement. Aristonicos rassembla « une foule de prolétaires et d'esclaves appelés par lui à la liberté, [auquel il] donna le nom d'Héliopolites. » Cette armée d’une Cité à venir, baptisée Héliopolis, libéra Thyatira, puis Apollonis, puis des Cités d’Ionie, comme Mynde, Samos et Colophon, gagnant chaque fois à sa cause une foule nombreuse. Mais Nicomède, roi de Bithynie et les rois de Cappadoce, aidés par les Romains, formèrent une nombreuse troupe et matèrent la rébellion. Aristonicus fut emprisonné et Caius Blossius de Cumes « lorsqu'il vit les affaires de ce prince perdues sans ressource, il se donna lui-même la mort. »
A côté se tenait Salvius, dit Tryphon, Athénion et Satyrus, qui menèrent la seconde révolte des esclaves de Sicile (19). A la suite de coups de forces et d’émeutes, une troupe de quelques milliers d’esclaves se réunirent dans une zone montagneuse et se choisirent Salvius, qui prit le nom de Tryphon, pour commandant. Salvius avait une stratégie différente de ses prédécesseurs : plutôt que de s’épuiser à conquérir des Cités, il harcelait l’ennemi, pour créer un état d’insécurité suffisant pour que les maîtres et leurs affidés fuient leurs domaines.
Diodore nous dit que Salvius, « partageant son armée en trois corps, et donnant à chacun son chef, il leur prescrivit de courir tout le pays par bandes séparées, et de se rassembler tous ensuite dans le même lieu », pour porter quelques coups brefs. Ainsi entreprit-il le siège de Morgantine, non pas pour la prendre mais pour y jeter la confusion. Diodore nous rapporte qu’il y « fit publier à son de trompe qu’il donnerait la liberté à tous les esclaves. Mais les citoyens de cette ville leur ayant fait la même promesse s’ils aidaient leurs maîtres à se défendre, ils [les esclaves] crurent trouver plus de sûreté dans la parole de ces derniers, et ils combattirent avec tant de zèle qu’ils parvinrent à faire lever le siège. Cependant le préteur Nerva ayant annulé cette promesse des maîtres, donna lieu à la plupart des esclaves de passer chez les ennemis. » Son armée ne cessa de grossir et il multiplia les succès militaires. Toutefois, pour ménager l’avenir et faciliter d’ultérieures négociations, « le chef des rebelles fit aussitôt publier l’ordre de ne tuer aucun des fuyards qui jetterait les armes ; et ce fut par cet expédient que la plupart des Romains s’échappèrent. »
A l’autre extrémité de l’île, Athénion, un administrateur de domaines, écœuré par le sort des esclaves, organisa un soulèvement. Athénion pensait qu’une armée rebelle trop nombreuse n’était ni nécessaire, ni souhaitable. Aussi, nous dit Diodore, quand des esclaves se présentaient à lui, « il ne les recevait pas tous indifféremment dans ses troupes ; mais faisait son choix des plus braves. » Son expérience d’administrateur l’avait convaincu que les esclaves étaient des hommes compétents, capables d’administrer eux-mêmes les domaines et qu’ils soutiendraient la révolte si celle-ci leur permettait de développer leurs talents individuels. Il suffisait pour cela d’un petit nombre de combattants pour chasser les propriétaires et contrôler les voies de communication et, ainsi, soustraire les esclaves à d’éventuelles représailles. Aussi, nous dit Diodore « il ne donnait aux autres [esclaves] les fonctions auxquelles ils étaient accoutumés, et ne leur demandait que ce qu’ils savaient faire : par là il procurait à son camp toutes les commodités qu’on peut avoir à la guerre » car les esclaves libérés ne manquaient jamais de lui fournir tout ce dont il avait besoin. Athénion aperçu quelque chose d’essentielle : la revendication égalitaire ne serait que le revers de l’envie et de l’avidité, sa simple négation dans une rage de destructrice de toute propriété, si elle visait à imposer un nivellement sous la forme d’un minimum égal pour tous. Il comprit que la révolte devait au contraire affirmer les capacités particulières, les talents de chacun et la possibilité pour chacun de jouir de ce qu’il a crée. Et c’est bien pourquoi sa troupe réduite et redoutable recevait les vivres et les armes qu’il demandait.
Les deux chefs de révolte se jaugèrent, et Athénion se rallia à Salvius-Tryphon. Leur relation fut houleuse, mais les Romains ayant envoyé un corps expéditionnaire, ils turent leur rivalité. Ils pensaient que l’ennemi finirait par se lasser d’affronter un ennemi qui ne défend aucune position et n’en conquiert aucune, parce qu’il frappe à l’improviste et se replie. Mais, ils furent obligés de constater que l’ennemi ne se lassait pas. Trois années d’une guerre cruelle et sans merci vinrent à bout des rebelles et les deux chefs périrent au combat. Les rescapés, commandés par Satyrus résistèrent encore quelques mois. Pour en finir, le consul C. Acilius, leur envoya un député qui leur promit le pardon s’ils rendaient les armes ; ce qu’ils acceptèrent. « Dans la suite, nous dit Diodore, les ayant envoyés à Rome, il les destina à combattre dans les spectacles publics contre les bêtes féroces : en ce qu’étant présentés dans l’arène à ces animaux, ils s’égorgèrent réciproquement les uns les autres devant les autels publics, et l’on ajoute que Satyrus ayant tué le dernier de tous ceux qui restaient avant lui, se donna héroïquement la mort à lui-même. » Pour le révolté, le combat n’est pas un métier et encore moins un spectacle où l’on s’abaisse à massacrer un ami dans l’espoir de survivre.  
Les trois dernières âmes étaient celles de Crixus, Œomaus et Spartacus (20). Tous trois prirent la tête de la plus redoutable des guerres serviles. Spartacus était un numide qui, alors qu’il vivait au milieu des Thraces, fut enrôlé de force dans les légions romaines. Il en déserta, fut rattrapé et vendu comme gladiateur. Refusant l’existence infâme du gladiateur, il souleva ses compagnons et ils s’évadèrent sans armes. Trait d’ironie, « ils rencontrèrent en chemin des chariots chargés d'armes de gladiateurs, qu'on portait dans une autre ville » et, retournant le stigmate infligé par l’oppresseur, ils s’armèrent de ce sinistre attirail pour en faire un symbole de lutte contre l’oppression. Par ce retournement, selon le mot de Florus, « le fer de leurs chaînes, refondu, leur servit à forger des épées et des traits. » Spartacus comprit, comme nul autre, la nécessité d’utiliser les symboles et de conquérir l’opinion. Plutarque, lui-même, fut séduit par cet homme valeureux et nous dit qu’ « à une grande force de corps et à un courage extraordinaire, [il] joignait une prudence et une douceur bien supérieures à sa fortune, et plus dignes d'un Grec que d'un barbare. »  
Peu à peu, les révoltés levèrent une formidable armée d’esclaves, auquel se joignit des libres, notamment « un grand nombre de bouviers et de pâtres, tous robustes et agiles ; ils armèrent les uns et se servirent des autres comme de coureurs et de troupes légères. » Appien constate qu’à chaque fois que les romains répliquaient, Spartacus « harcelait, par diverses escarmouches, l'armée qui le cernait. Il lui tombait continuellement dessus à l'improviste. » Puis, lorsque l’ennemi était assez affaiblie, il engageait un combat décisif et victorieux. Les domaines s’émancipaient de leurs maîtres et de leurs hommes de mains. Les routes devinrent impraticables pour tous ceux qui n’obtenaient le quitus des insurgés. Selon Appien, « il défendit aux marchands d'y rien apporter à vendre en matière d'or ou d'argent, et aux siens de rien acheter en ce genre. Ils n'achetaient en effet que du fer ou de l'airain, qu'ils payaient cher, et ils faisaient bon accueil à ceux qui leur en apportaient. » Proscrire la détention d’or, c’était faire savoir à l’ennemi qu’il ne tirerait aucun butin de cette guerre et le fer et l’airain accumulé lui promettait une lutte durable. Selon le mot d’Appien, il lui annonçait que « le combat [serait] long et acharné tant il y [aurait] au combat des milliers d'hommes désespérés. »
Spartacus pensait épuiser l’adversaire et le contraindre à négocier en multipliant les foyers insurrectionnels. C’est pourquoi il scinda son armée. Il confia à Crixus le soin d’entretenir la rébellion dans le sud de l’Italie, quand il gagnait le nord pour y réveiller la révolte. Œomaus devait se rendre en « Sicile et y jeter deux mille hommes ; ce nombre, observe Plutarque, aurait suffi pour rallumer dans cette île la guerre des esclaves, qui, éteinte depuis peu de temps, n'avait besoin que de la plus légère amorce pour exciter un vaste embrasement. »
Mais, il joua de malchance : au sud, Crixus fut défait ; au nord, les populations fatiguées de leurs anciennes rébellions et des répressions subies refusèrent de se soulever ; enfin les corsaires qui devaient faire passer un détachement d’insurgés en Sicile trahirent leur engagement. Spartacus tint ses ennemis en échec, trois ans durant. Mais, les déboires et l’absence de perspective finirent par enrager ses troupes. Pour venger Crixus, trois cents prisonniers romains furent contraints à se battre en gladiateurs.
Crassus, dit « le riche », prit le commandement des légions romaines. Son premier acte, fut de punir les légionnaires de s’être laissé battre à de si nombreuses reprises en leur infligeant la décimation, supplice qui consiste à tirer au sort un soldat sur dix et à le faire massacrer publiquement par ses frères d’armes. Il « fit égorger environ quatre mille de ses soldats, sans aucun égard au nombre », nous dit Appien. Non seulement « cet acte de vigueur rendit sa sévérité plus redoutable que le fer de l'ennemi », mais chacun des légionnaires survivants pensa avoir été sauvé par le sort et les dieux et avoir été élevé au rang d’exécuteur de sacrifice humain. Après avoir connu pareille extase sanglante, la troupe devint impitoyable.
La cruauté de Crassus enragea les rebelles, au point de les rendre assez déraisonnables pour accepter des combats réguliers. A la première bataille, les insurgés subirent des pertes considérables, mais, nous dit Plutarque, « on n'en trouva que deux qui furent blessés au dos ; tous les autres périrent en combattant avec la plus grande valeur et tombèrent à l'endroit même on ils avaient été placés. » A la seconde bataille, nous dit Appien, « Spartacus fut enfin blessé à la cuisse d'un coup de flèche. Il tomba sur son genou, et, se couvrant de son bouclier, il lutta contre ceux qui le chargèrent jusqu'à ce que lui, et un grand nombre d'hommes autour de lui, encerclés, succombassent. » Les derniers rebelles furent traqués et massacrés sur place, à l’exception de « six mille, qui, faits prisonniers, furent crucifiés tout le long de la route de Capoue à Rome. »
5. Où est relaté le dialogue de Démocrite avec les fils de Bia
J’étais préoccupé d’obtenir l’aide des fils de Bia, car sans eux je voyais mal comment franchir les portes du Tartare et rejoindre Auguste Comtus. Mais, au fil de la conversation, je découvris que mes interlocuteurs avaient de hautes préoccupations et qu’ils attendaient de moi une aide qu’ils jugeaient précieuse. Spartacus prit la parole :
« - Nous vous recevons, Démocrite, envoyé d’Orphée, parce que nous comptons sur vous, sur votre notoriété et votre influence auprès des vivants... Ne soyez pas modeste, Démocrite, on ne vous a pas auréolé pour rien du titre de plus grand sage de la Grèce… Nous comptons sur vous pour faire passer ce message auprès des vivants : il doivent changer de mode de vie au plus vite. La surconsommation de naphte et de bois de chauffe, pour toujours augmenter la production de marchandises, qui doivent toujours être renouvelées, telle celle des tuniques et des sandales rapidement démodées, des chars à obsolescence programmée et jamais réparables, des amphores jetables et des toges à usage unique, a pour effet de réchauffer le climat. Ce qui a des conséquences critiques sur les Enfers. Nous en faisons le constat tous les jours : le niveau du Cocyte, le fleuve des larmes, ne cesse pas de régresser, alors, qu’à la source, les larmes ne tarissent pas ! Même constat pour le Phlégéthon, « fleuve torrentueux [qui] entoure de ses flammes ardentes » le Tartare (21). Bientôt, nous traverserons le Styx à guet et nous pataugerons dans un lac Averne boueux ! Les plaines jadis verdoyantes et bucoliques des Champs Elysée se sont empourprées d’herbes sèches et les étés sont étouffants ! Les enfers sont un écosystème très fragile. Il faut que les vivants comprennent que si nous continuons dans cette voie, les Enfers risquent de devenir invivables ! Je ne voudrais pas avoir l’air de céder au catastrophisme, mais il se pourrait qu’à l’avenir, les âmes, au lieu de se féliciter d’aller aux enfers pour y jouir d’un repos bien mérité, ne s’y rendent plus qu’en traînant la patte.
Démocrite, vous devez avertir les vivants que, s’ils ne changent pas rapidement de mode de vie, l’organisation des fils de Bia sera contrainte à prendre des mesures appropriée. Nous ne reculerons pas devant une grève générale : nous mettrons des piquets à toutes les entrées des Enfers et nous en interdiront le passage à toute nouvelles âmes. Ainsi les hommes devront vivre au milieu des fantômes, cernés d’âmes qui envahiront leurs songes. Et chaque nuit, ils subiront les acrimonies des âmes qui ressasseront le récit de leur vie et leur mauvaise conscience, qui radoteront sur leurs sentiments culpabilité, d’échec, d’incomplétude, d’insatisfaction et de frustration. Toutes les nuits, ils les entendront dans leurs rêves - et j’aime autant vous dire qu’une âme inapaisée, ça cause ! C’est même tout ce qu’elle sait faire ! »
J’étais un peu embêté, d’abord parce qu’ils semblaient sincèrement compter sur moi pour cette tâche qui me dépassait, ensuite, parce que je voyais mal comment faire avancer ma propre affaire et leur parler de mon projet d’aller visiter Auguste Comtus. Après avoir laissé un silence solennel s’installer, je pris un ton grave et solennel :
« Rebelles magnifiques, vous avez raison de tenter d’étendre le domaine des luttes aux inconscients qui peuplent la Terre et de les associer à la résolution de ce grave problème. Les mobiliser ne sera sans doute pas aisé. Je les ai de nombreuses fois interpellés sur leurs mœurs avides, et j’ai professé : « Si ton désir est mince, le peu te semblera beaucoup. Car la minceur de l’appétit rend la pauvreté égale à la richesse » ; je leur disais : « Pauvreté et richesse sont des noms par lesquels on désigne le besoin et la satiété. Donc celui qui ressent le besoin n’est pas riche et celui qui ne connaît pas le besoin n’est pas pauvre » ; j’ai enseigné : « Tout ce dont l’enveloppe charnelle a besoin est à portée de la main de tous, sans peine ni souffrance : mais ce qui exige peine et souffrance et rend la vie douloureuse est l’objet de la convoitise, non de la chair, mais d’une conscience sans but » ; j’ai écris : « Le désir des richesses, s’il n’est pas contenu dans les limites de la satiété, est bien plus insupportable que l’extrême pauvreté ; car plus grands sont les désirs, plus grands sont les besoins. » J’ai même soutenu qu’il fallait refuser les diktats des pseudo désirs parce qu’ils nous conduisaient à acquiescer à tous les autres diktats et que « la pauvreté en régime démocratique est aussi préférable au prétendu bonheur en régime tyrannique que la liberté à la servitude. » (22). Je dois convenir que je n’ai rencontré jusqu’ici qu’un succès des plus mitigé. Je n’en suis que modérément étonné. Vous connaissez ce mot de Lucien à propos de vivants : « Tu ne sais pas à quel point ils en sont d'ignorance et d'erreur. Une tarière (23) ne pourrait pas leur percer les oreilles, tant elles sont bouchées avec de la cire, comme Ulysse ferma celles de ses compagnons, afin qu'ils n'entendissent pas les Sirènes. Comment alors entendraient-ils ta voix, lors même que tu crierais à te rompre ? Ce que fait chez nous [en Enfers] le Léthé, l'ignorance le produit chez eux. » (24) Aussi, je crains de vous être fort peu utile. Toutefois - et je m’étonne que vous n’y ayez pensez vous-mêmes -, pourquoi n’étendez-vous pas le domaine des luttes aux faunes ? »
Les dix âmes guerrières me regardèrent incrédules et quelques unes me demandèrent de me répéter.
« - Les faunes ! Ce sont des alliés de poids les faunes !, repris-je avec un aplomb qui me déconcerta moi-même. Toujours gambadant dans les bois, les faunes sont à l’avant-garde de la protection de la nature ! Je suis certain que leurs conseils vous seront des plus utiles et qu’ils vous permettront d’éviter de répéter les erreurs du passé. » J’ajoutais : « Car, il n’est que de vous regarder, pour comprendre pourquoi vous avez échoués jusqu’ici. »
J’accompagnais cette dernière remarque d’un grand sourire qui ne pu tout à fait désarmer l’élan de stupéfaction et de colère qui soudain les anima. « En effet, poursuivis-je, vous êtes dix hommes... Et il n’y a aucune femme parmi vous ! La solution est probablement d’étendre le domaine des luttes aux vivantes, plutôt qu’aux vivants. Peut-être, seront-elles moins sourdes, s’il est question de la nature ! »
Comme les dix âmes me regardaient décontenancées, je poursuivis : « Nous pouvons faire l’hypothèse que les femmes, puisqu’elles jouent un rôle éminent dans la formation des premiers goûts et des impressions des enfants, pourraient grandement contribuer à éduquer les hommes à un tout autre mode de vie. Car l’heure n’est plus à se lamenter sur la Terre que les hommes laisseront à leurs enfants, mais de s’interroger sur le genre d’enfants que nous lègueront à cette Terre. Associer massivement les vivantes à cette lutte pourrait être décisif ! Mais comment faire, comment les convaincre ? J’avoue ne pas savoir ! Mais, si on y réfléchit attentivement, on est obligé de convenir que ce sont ceux qui connaissent le mieux les femmes qui sauront les convaincre. Or, je vous le demande, qui les connaît mieux que les faunes ? Eux seuls, jusqu’ici, les ont prises pour un objet d’étude sérieux ! Cherchez dans toute la philosophie, tout ce que vous lirez sur les femmes est d’une stupidité ou d’une platitude atterrante. Cherchez bien, ajoutais-je en leur lançant un regard de défi, et citez moi seulement UN homme qui ait compris quelque chose aux femmes ! »
Les dix âmes, à leur manière de dodeliner de la tête, semblaient convenir que je touchais à quelques vérités profondes et très probablement irréfutables.
« - Aussi, poursuivais-je, avant de se lancer dans un plan hasardeux, je vous suggère de prendre contact avec un faune. D’ailleurs, parce que je me sens très concerné par votre lutte, je vous propose de me rendre personnellement dans le Tartare. Je sais qu’un faune du nom d’Auguste Comtus y est détenu et je recueillerais ses précieux conseils. C’est sans doute une mission périlleuse, mais c’est un sacrifice auquel je consens bien volontiers, vu mon grand âge. Mais, j’aurais besoin de votre concours, car franchir les murailles du Tartare est une tâche malaisée. »
Les dix âmes me demandèrent de sortir pour délibérer. Ils me rappelèrent et Spartacus me fit part de leur décision.
« - Vous avez raison, au point où nous en sommes, plus aucune hypothèse ne doit être négligée. Entrer dans le Tartare est possible. La camarade Eurydice et le jeune camarade Môquetus vous guideront. Môquetus, vous le verrez, est un garçon plein d’audace et de courage. Mais, il nous faudra créer une sorte de diversion et semer un climat de confusion pour que les centaures relâchent leur surveillance autour de cette forteresse. »
« - Aurez-vous besoin d’une chorale pour votre diversion ? », demandais-je. Mais je n’obtins pas de réponse des nobles guerriers.
Notes :
(1) En mars 2009, Chirac rend public un extrait d’une lettre que lui a adressé B. Obama
(2) Barack Obama est resté très peu de temps le « copain » de Nicolas Sarkozy. SI N. Sarkozy s’aligne sur la politique US, il s’installe très vite un sentiment de rivalité chez N. Sarkozy qui le conduit à multiplier les piques. Le 18 mars 2009, Nicolas Sarkozy pointe les USA et adopte un ton menaçant avant le sommet du G20 : « Si ça n'avance pas, ce sera la chaise vide ! Je me lèverai et je partirai. » Il ironise : « M. Obama, dont je souhaite de toutes mes forces le succès, est au pouvoir depuis un an et il a perdu trois élections. » Invité aux USA, il fait, le 29/03/10, ces remarques passablement caricaturales à propos de la réforme de l’assurance maladie souhaitée par B. Obama : « Bienvenue dans le club des Etats qui ne laissent pas tomber les gens malades [...] L'idée que les plus pauvres d'entre vous ne soient pas laissés dans la rue, seuls, sans un centime face à la maladie, excusez moi, nous ça fait 50 ans qu'on a résolu le problème. Je ne veux pas trop m'immiscer mais en France on ne vous demandera pas votre carte de crédit avant d'être accepté à l'hôpital. » ; et d’ajouter que « le dollar n'est plus la seule monnaie du monde » ; le 21.09.11, il déclare à l’ONU a propos d’un veto des USA à la création d’un Etat palestinien : « personne ne peut imaginer qu'un veto [US] au Conseil de Sécurité ne déclencherait pas un cycle de violence au Proche-Orient », avant de proposer une voie de garage en proposant la Palestine de devenir un Etat observateur à l’ONU.
(3) Platon, Critias, 120a-120c
(4) Le 15/09/2011, N. Sarkozy ironise à propos des primaires socialiste, sur France 2, à l'occasion d'une visite aux jeunes agriculteurs d'Alsace : Le PS « c'est pas : qui veut gagner des millions ?, c'est : qui veut dépenser plus ? »
(5) Claude Guéant et Brice Hortefeux vont apparaître très proche du marchand de canon Ziad Takieddine, inculpé dans l'affaire dite de Karachi, qui comprend un volet de rétro commissions. Ils apparaissent à la manoeuvre pour contrer les initiatives du juge Renaud Van Ruymbeke.
(6) N. Sarkozy déclaré à Montpellier, le 03/05/0) : « Moi, je me suis senti partie prenante dans cette prière venue du fond des âges et j'ai senti que dans cette flèche de pierre dressée vers le Ciel, comme dans les flèches de toutes les cathédrales, il y avait là l'âme de la France. Parce que l'âme de la France est dans ce long manteau de cathédrales que les siècles d'histoire nous ont léguées. »
(7) Le cinéaste Roman Polanski est arrêté et incarcéré le 27 septembre 2009 par la justice Suisse, à la demande de la justice américaine, pour qui Polanski est un « fugitif ». En 1977, aux USA, Roman Polanski a été inculpé suite a une accusation par une enfant de treize ans d’avoir commis sur elle un rapport sexuel anal après lui avoir administré un sédatif, le méthaqualone, et l’avoir incité à consommer de l’alcool. Polanski fuit les USA et gagne la France, où il est protégé du fait de sa nationalité française. Des personnalités se mobilisent en faveur du cinéaste et Frédéric Mitterrand dénonce une « Amérique qui fait peur ». Le 12 juillet 2010 la Suisse renonce à l’extrader vers les USA.
(8) Extrait du livre « La Mauvaise Vie », de Frédéric Mitterrand
(9) Pindare, Eloges, 3
(10) Silvio Berlusconi, président du Conseil italien, s’est illustré par des scandales à répétition, le mettant en cause pour des partouzes impliquant des prostituées dont au moins une mineure. Il réplique avec des « Je suis une personne espiègle, pleine de vie. J'aime la vie, j'aime les femmes » (le 30.10.10) et des « Je travaille depuis toujours à un rythme infernal et s'il m'arrive de temps en temps de regarder les belles femmes... eh bien il vaut mieux avoir la passion des belles femmes qu'être gay ». Il s’est aussi illustré en nommant, notamment, une ancienne « showgirl » (soubrette de la télévision), députée du parti Forza Italia puis du parti Peuple de la liberté, et il nomma ministre sans portefeuille pour l'Égalité des chances une actrice de série B, présentatrice sur la RAI et finaliste régionale de Miss Italie avant de la faire élire députée européenne.
(11) Cicéron, Pour Caelius, XX, 48
(12) Le 14 mai 2011, dans la suite 2806 à 3.000 dollars la nuit (2.120 euros) du Sofitel new-yorkais, Dominique Strauss-Kahn a eu un rapport sexuel avec une femme de ménage pendant les sept minutes qui séparent le moment où cette femme de ménage est entrée puis ressortie de la chambre, comme l'atteste l'enregistrement des badges magnétiques. Le rapport sexuel n'est pas contestable puisque des traces ADN attestent d'un rapport sexuel oral et de projection de sperme sur l'uniforme de la femme de ménage. La femme de ménage a été examinée au St Luke Roosevelt hôpital de Manhattan (New York) et un rapport médical décrit un état de confusion, des douleurs musculaires (lié à une rupture du ligament à l’épaule), et constate sur la partie inférieure du vagin une rougeur et trauma. Le rapport conclue : « Diagnostic : agression. Cause des blessures : agression – viol. La femme de ménage raconte que Strauss-Kahn est sorti nu de la salle de bain, qu’il s’est approché d’elle et avait attrapé ses seins sans qu’elle soit consentante. Il aurait alors fermé la porte de la suite, l’aurait forcée à entrer dans la chambre, poussée sur le lit, qu’il aurait tenté d’introduire avec force son pénis dans sa bouche. Face à sa résistance, il l’aurait entraînée de force plus loin dans la suite et poussée à terre pour lui arracher son uniforme, baisser ses collants, aurait atteint sa culotte avant de saisir violemment son sexe. Il l’aurait enfin contraint à se mettre à genoux, introduit de force son pénis dans sa bouche, tenu sa tête avant d’éjaculer. Elle a affirmé avoir immédiatement craché le sperme de l’accusé sur la moquette du couloir de la suite, et l’avoir fait plusieurs reprises alors qu’elle fuyait. Strauss-Kahn nie les violences mais admet une « relation sexuelle précipitée. » Le procureur qui avait inculpé Strauss-Kahn estimera qu’en l’absence de témoin des faits, le procès se jouera parole contre parole, et que la défense pourra utiliser le fait que la femme de ménage connaisse un repris de justice, qu’elle ait menti par le passé sur ce qu’elle a vécu dans son pays d’origine pour obtenir plus facilement un titre de séjour aux USA et qu’elle ait présenté deux versions différentes de son comportements dans les minutes qui suivirent l’agression (dans un cas elle se serait cachée dans une chambre voisine, dans l’autre elle aurait machinalement fait le ménage dans cette chambre, sans doute pour que cette activité neutralise les pensées douloureuses et envahissantes). Ces éléments étant suffisants pour introduire un doute qui bénéficierait à l’accusé, le juge chargé de l’affaire renonce, le 23 août, à poursuivre Strauss-Kahn.
(13) Cette anecdote – qui ne s’invente pas – est rapportée par Jonathan Alter, éditorialiste pour le magazine hebdomadaire Newsweek, auteur d’un livre sur la première année du gouvernement Obama, intitulé « The Promise: President Obama, Year One ». L’anecdote a été reprise, notamment, par ABC News, le New York Daily News, par le site slate.fr en France, mais aussi par le Daily Mail en Grande Bretagne, qui suspecte que l’un des chef d’Etat qui a du poiroter pour cause de « sexe » était la reine d’Angleterre.
(14) Virgile, L'Énéide, L. VI, v 635-643
(15) La révolte de Titus Minutius a du se produire vers – 140 car elle est présentée comme légèrement antérieure à la première guerre servile sicilienne. Elle est rapportée par Diodore de Sicile, Histoire Universelle, L. XXXVI.
(16) La Première Guerre servile (-139 - -132) est une révolte d'esclaves d'origine syrienne, commandée par Eunus, dans la région d'Enna en Sicile. Elle est rapportée par Diodore de Sicile, Histoire Universelle, L. XXXIV-XXXV, 2. 1-48
(17) La révolte d’Aristonicus  et Caius Blossius de Cumes (-132 / -133) se déroule en Ionie. Elle est évoquée, notamment, par Strabon, géographie XIV, 1, Justin, L. XXXVI., IV et Plutarque, Les Vies des Hommes Illustres. Tome IV, Tiberius et Caius Gracchus VIII, XXV.
(18) Démocrite, fragment L (Strobée, Florilège, IV, IV, 27) et CCXXXIX (St. Fl. III, XXVIII, 13).
(19) La Deuxième Guerre servile (-104 / -101) est une révolte d'esclaves et de bergers dirigée par Tryphon (Salvius) et Athénion en Sicile. Elle est évoquée par Diodore de Sicile, Histoire Universelle, L. XXXVI
(20) La Guerre servile menée par Spartacus (-73 / -71) à partir de Capoue en Campanie fut la dernière que Rome dut livrer contre ses esclaves, mais la plus sérieuse, car elle toucha une Italie manquant de troupes, et vit plusieurs défaites d'unités romaines. À la suite de cette guerre la condition des esclaves ruraux s'améliore légèrement. Cette révolte est évoquée par Appien (La Guerre civile, I, 116-121), Eutrope (Abrégé de l'Histoire romaine, VI, VII.), Florus (Histoire romaine, III, XXI) et Plutarque (Les Vies des Hommes Illustres, L. III, Vie de Crassus, IX-XVI)
(21) Virgile, L'Énéide, L. VI, v 710 et 545
(22) Démocrite, Fragments CCLXXXIV (Strobée, Florilège, IV, XXXIII, 23), CCLXXXIII (Str. Flor. XXXIII, 24-25), CCXXIII (Str. Flor. III, X, 65), CCXIX (Str. Flor. III, X, 43), Fragment CCLI (Str., Flor., IV, I, 42)
(23) Outil servant à percer le bois, un matériau et dont la mèche est en forme de gouge, de cuiller ou de spirale.
(24) Lucien, Charon ou les Contemplateurs, 21

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