DEMOCRYPTE

Abonné·e de Mediapart

46 Billets

0 Édition

Billet de blog 29 septembre 2011

DEMOCRYPTE

Abonné·e de Mediapart

VIE DE CESAR SARKOMINUS XVII

DEMOCRYPTE

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Chapitre XVII : Où l’on apprend comment Sarkominus révèle malencontreusement son secret à son copain Obwana et comment Démocrite découvre dans le chant un moyen d’apaiser son copain Abibos


Résumé des épisodes précédents : Le sage Démocrite et son jeune compagnon, Protagoras, ont rencontré Sarkominus. Ayant reçu, quelques dizaines d’années plutôt, une lettre d’Auguste Comtus contenant des prédictions sur le règne de Sarkominus, Démocrite a jugé à propos, d’enquêter afin d’éclaircir la question des « prémonitions » qui défient sa philosophie radicalement matérialiste. Pour pousser plus loin son enquête, Démocrite est descendu aux enfers pour y rencontrer Auguste Comtus, mais après une tentative d’invasion en compagnie d’Abidos il a été rattrapé, maltraité et il reçoit des soins dans un temple. Protagoras est resté avec Orphée dans le palais de Sarkominus.
 

1. Où Protagoras relate la soirée de gala organisée par l’association internationale des ploutocrates.

Sarkominus et Obwana, César Impérator d'Atlantide

   
J’accompagnais Orphée - nommé conseiller spécial de Sarkominus pour les affaires olympiennes -, au gala annuel de l’association internationale des ploutocrates. Elle était présidée par Sarkominus qui l’accueillait en son Palais. Nous avions eu un entretien, quelques heures plus tôt, avec Guéantus et Gainoïus au cours duquel Orphée s’était employé à fournir des éléments de langage propre à convaincre les ploutocrates de la nécessité d’attaquer Muhammad le Tripolitain. Orphée me sembla très convainquant, mais je comprenais mal son ardeur à servir le tyran Sarkominus.
Le César Imperator Obwana (1) l’Atlantidéen arriva le premier et Sarkominus se précipita sur lui, les bras ouvert et en s’exclamant : « bonjour mon copain ! » (2). Il attira Obwana l’Atlantidéen vers le petit groupe que nous formions Orphée, Gainoïus, Guéantus et moi-même.  
« - Je vais vous présenter mon copain !, s’exclama t-il enthousiaste. Vous savez que j’ai été un des premiers à le repérer celui là ! Dès que je l’ai vu, j’ai dit à Dobelioubouch, et devant tout sa cour : « Regardez bien cet Obwana ! Et bien, il ira loin. » Ils m’ont tous regardé très étonné. L’un à dit : « mais personne ne le connaît ! » Et un autre a ajouté : « ce n’est pas possible, c’est juste un rien du tout », mais je ne peux jurer car mon atlantidéen est très imparfait. Toujours est-il qu’avec l’aplomb que l’on me connaît, j’ai tonné : « Je vous répète, moi, qu’il ira très loin ! » Ils furent ébranlés par ma force de conviction et changèrent aussitôt leur regard sur mon copain. Ils se sont mis à le considérer et j’irais même jusqu’à dire, qu’ils commencèrent à lui témoigner un profond respect. Et de fils en aiguilles, il est devenu César Imperator. Quelle métamorphose impressionnante ! Parce qu’au début, vous l’auriez vu mon Obwana, c’était le type même du gars effacé, timide. Mais moi, comme j’avais confiance en lui, je l’ai poussé et je lui ait dit, « vas-y ! Je te soutiens à mort ». Entre Obwana l’Atlantidéen et moi, on partage un grand principe : t’as un vrai copain, alors tu peux compter sur lui. »  
« - Excusez-moi, fit Obwana l’Atlantidéen en s’éloignant passablement agité, le business m’appelle ! Je serais bien resté auprès de vous, mais le biseness est particulièrement dur en ce moment. »
Sarkominus resta muet quelques instants, mais il se reprit bien vite : « Ce qui est bien entre vrais copains, c’est que l’on peut se séparer, l’intensité du lien reste intacte. »
Sarkominus aperçu Abdallah le roi d’Arabie heureuse qui entrait dans le palais d’un pas rapide. Il se précipita sur lui, mais le roi d’Arabie profita de sa proximité pour lui tendre son manteau et, ainsi allégé, le souverain d’Arabie pu redoubler de célérité dans son projet de rejoindre Obwana l’Atlantidéen. Sarkominus resta muet quelques instants, mais il se reprit bien vite : « Je suis content pour Obwana, les gens l’adore maintenant. Il est vraiment très couru. Cela va lui faire du bien de se sentir reconnu bien au delà de son petit cercle de vieux copains... »
« - T’en veut pour combien ? », demanda Obwana l’Atlantidéen au roi Abdallah d’Arabie Heureuse.
« - Tu m’en met pour quinze milliards de sesterces », répondit le roi.
Obwana l’Atlantidéen lui lança un regard outré : « C’est à moi que tu dis quinze milliards ? C’est à moi que tu parles, Abdallah ? Mais je rêve ! Tu crois que je me déplace pour quinze milliards ? Y’a embrouille, Abdallah, tu fais quoi ? »
Le roi Abdallah bredouilla : « Comprend moi... Il y a les rumeurs... Tu sais... les rumeurs qui disent que les bons du trésor d’Atlantide... ils n’ont plus la qualité (3)... »
Obwana l’Atlantidéen le regardait en tremblant d’indignation : « C’est à moi que tu dis qu’il y a plus la qualité ? C’est à moi que tu parles ? Dis-moi que je rêve Abdallah ! David !, s’écria-t-il à l’adresse du nouveau chef de Pictes qui entrait justement dans le Palais et qui s’approchait après avoir remis son manteau à Sarkominus. David, tu sais ce qu’il me dit ? Qu’il y a des rumeurs qui disent que mes bons du trésor n’ont plus la qualité ! Tu le crois, toi ? »
« - Obwana, calme-toi, si il y a des rumeurs, on va faire notre petite enquête, fit David le Picte. Il faut juste y mettre les moyens et trouver les rigolos qui les colportent. Question « moyens », je crois qu’il y a quelques légions qui stationnent en Mésopotamie pour surveiller les routes du naphte et protéger l’Arabie heureuse. On pourrait les envoyer faire une petite promenade, histoire qu’elles fassent des petites enquêtes et qu’elles mettent la main sur ceux qui ont du mal à tenir leur langue... »
Le roi Abdallah d’Arabie Heureuse sursauta : « Mais moi, je n’écoute jamais les rumeurs ! D’ailleurs même si je les écoute, je ne les retiens pas. Je n’ai pas de mémoire ! Tu as entendu parler de l’anosognosie ? C’est le fait de ne pas être conscient des difficultés que l'on a. Beaucoup de grands dirigeants, à l’instar de Chiracus, en sont frappés (4). Moi je pense un chose, mais j’ignore que je ne la pense pas, et donc j’oublie de demander que l’on m’aide à penser. Par exemple, je ne me rappelle plus si tes bons du trésor, je t’en prends pour trente ou trente cinq milliards ? Tu peux m’aider ? »
« - Il avait dit trente ou trente-cinq ? », demanda Obwana l’Atlantidéen à David le Picte.
« - J’étais pas là, mais à mon avis, c’était quarante », répondit David le Picte.
Et aussitôt le roi Abdallah d’Arabie Heureuse remit un titre d’une valeur de quarante milliards de sesterces à valoir sur le trésor de l’Arabie Heureuse, en échange de quoi, Obwana l’Atlantidéen lui remit une liasse de parchemin sur lesquels était écrit « bon du trésor d’Atlantide. »
Quelques instants plus tard, Obwana l’Atlantidéen se mit à chantonner sans dissimuler son air gourmand : « Qui v’la da ?, Qui v’la niet ? qui v’la dit ? C’est v’la dit pas Vladimir le Scythe ? »
Vladimir le Scythe s’approcha d’Obwana l’Atlantidéen et de David le Picte. Le chef des Scythe se pencha et murmura qu’il en voulait pour dix milliards.
« - Toi aussi Vladi ? Tu ne vas pas me dire pas que tu écoutes les rumeurs sur la qualité de mes bons du trésor ? », demanda Obwana l’Atlantidéen.
« - Ah non !, s’exclama Vladimir le Scythe. Si je baisse ma consommation, c’est parce que j’essaye de me sevrer. Je fais des efforts pour diminuer ma dose. »
« - Tu veux te sevrer toi ?, s’étonna Obwana l’Atlantidéen. T’entend ça David le Picte ? Ce n’est pas beau ça ? Il faut le féliciter ! T’as raison Vladi, si tu as la volonté, tu vas pouvoir décrocher ! »
« - Tu crois ? », demanda Vladimir le Scythe.
« - Ah la volonté ! Y’a rien à dire, c’est beau !, renchérie David le Picte. C’est même très courageux ! Mais fait attention Vladi ! Si t’arrêtes de consommer tes bons du trésor d’Atlantide et que tu continues à vendre ton bois de chauffe, tu vas rapidement accumuler des liquidités. Et ça, ce n’est jamais bon, parce que ça attire les convoitises. Ton fric, tu vas l’accumuler, mais t’en ferras quoi ? Tu ne vas quand même pas le distribuer à ton peuple ! C’est beau de vouloir se sevrer, mais tu risques de te retrouver en panique de placements sûrs. Je te connais, tu vas te tourner vers Angela la reine des Teutons, et tu vas la supplier en lui disant « vend moi ce que t’as ! N’importe quoi pourvu que ce soit un placement. » Et ça, Vladi, c’est très dangereux ! Tu sais, les européens, ils ont pas de scrupules, ils te vendront des titres coupés avec des bons du trésor de Lusitanie, d’Hibernie, du Latium, de Grèce et d’Ibérie (5)... »
« - Ces titres là, c’est très toxique !, ajouta Obwana l’Atlantidéen. Cela n’a rien à voir avec de la bonne dette atlantidéenne. Si il y a une valeur qui ne risque pas de couler, c’est l’atlantidéenne ! »
« - Faudrait d’ailleurs qu’on leur donne une petite leçon de déontologie à ces européens !, fit remarquer David le Picte. Dix milliards, Vladi, ce n’est pas très prudent, tu risques de te retrouver rapidemment en galère de placements. Moi, je dis ça, c’est pour toi... »
« - Je vous en prends pour vingt milliards ! Mais, vous êtes dur en affaire... » soupira Vladimir le Scythe.
« - On est dur ? C’est à moi que tu parles ?, demanda Obwana l’Atlantidéen indigné. Tu regrettes l’époque de Dobélioubouch où l’on retrouvait des Saddam le Babylonien en train de se balancer au bout d’une corde ? On est hyper délicat avec vous et on s’entend dire des choses pareilles ! »
« - En vérité, on est des anges, ajouta David le Picte à l’adresse de Vladimir le Scythe. C’est malheureux de voir qu’il y a si peu de gratitude en ce monde ! »
« - D’accord pour trente milliards ? », demanda Vladimir le Scythe. Après avoir remis une liasse de parchemin en encaissant le titre de trente milliards à valoir sur l’or des Scythes, Obwana l’Atlantidéen eu ces mots apaisant : « Vladi, recompte-les biens, je ne voudrais pas que tu partes avec le sentiment de ne pas en avoir pour ton argent. »  
« - Voilà l’empereur des Shins... avec lui, ce n’est pas gagné », fit Obwana l’Atlantidéen en grimaçant.
« - Il va falloir la jouer fine », admit David le Picte.
« - Ah ! Voilà mon copain Jiabao ! », s’exclama Obwana l’Atlantidéen.
« -  Salut à toi, ô noble Obwana, César Imperator des Atlantidéens », répondit l’empereur des Shins.
« - Mais dis donc t’as l’air en pleine forme, mon Jiabao ! Qu’est-ce qui te met en si belle humeur ? », demanda Obwana l’Atlantidéen.
« - La question que tu vas me poser, ô noble Obwana, César Imperator des Atlantidéens », répondit l’empereur des Shins.
« - Comment ça, ma question ? », s’étonna Obwana l’Atlantidéen.
« - « Combien tu m’en prends, mon Jiabao ? » C’est bien la question que tu vas me poser, ô noble Obwana, César Imperator des Atlantidéens ? », demanda l’empereur des Shins.
« - Ah oui ! La question ! », s’exclama Obwana l’Atlantidéen.
« - Question d’un comique désopilant, puisque toi seul, ô noble Obwana, César Imperator des Atlantidéens, sait de combien tu as besoin pour finir le mois », ajouta l’empereur des Shins, en sortant une liasses de titres à valoir sur le trésor infini des Shins.
« - Jiabao, je te demande ça parce que t’es un copain : t’aurais pas deux cent milliards à me dépanner ? », demanda Obwana l’Atlantidéen.
« - Décidemment, les temps sont durs, ô noble Obwana, César Imperator des Atlantidéens, s’esclaffa l’empereur en puisant dans sa liasse de titres les deux cent milliards souhaités. Puis-je, grand souverain, te  faire une petite remarque sur la qualité de ton travail ? »
« - On est des copains, alors on peut tout se dire », répondit Obwana l’Atlantidéen.
« - N’imagine pas, ô noble Obwana, César Imperator des Atlantidéens, que je discute ton prix, fit l’empereur des Shins. Je sais fort bien que si je cessais de te payer, ton peuple ne pourrait plus rien m’acheter, et que mon propre peuple d’esclaves innombrables se trouverait condamné à une vacuité, mère de toutes les séditions... Encore que ce ne soit peut-être pas ce qui m’inquiète le plus, car mes armées maîtrisent l’art du carnage à la perfection, et mon peuple, qui m’adresse, chaque matin, cette prière : « Ô empereur Céleste, de grâce, ne nous envoie pas tout ce que nous sommes capables de supporter », sait très bien à quoi s’en tenir. En fait, je paye comptant pour que tes armées sécurisent les routes commerciales et les ports afin que mes navires inondent le monde de leurs marchandises innombrables. J’ajouterais, que je suis très heureux que tu t’acquittes pour moi de cette tâche dispendieuse (5), ô noble Obwana, César Imperator des Atlantidéens. Car, ton job de porte-flingue, je ne peux pas dire que  je l’aime ; je ne peux pas dire non plus que je ne l’aime pas ; ni que je m’en fiche éperdument ; non, c’est seulement qu’il s’agit d’un job qui ne m’a jamais fais rêvé. Mon truc à moi, c’est les affaires. Mais après tout, chacun suit sa propre voie vers l’harmonie céleste et je suis heureux de ne pas avoir à faire ce job sanglant qui me fâcherait avec mes clients. Mais, trêve de compliments, allons à l’essentiel ! Que tes légions soient embourbées en Mésopotamie et en Arachosie passe encore, ô noble Obwana, César Imperator des Atlantidéens, mais il me semble que tu ne tiens plus la boutique. »
« - C’est bien que tu me parles comme ça !, affirma Obwana l’Atlantidéen. T’as vu David le Picte, il me parle avec franchise... C’est toujours comme ça, entre vieux copains. »
« - César Imperator des Atlantidéens !, reprit sévèrement l’empereur des Shins. Des peuples s’arrogent le droit de renverser leurs maîtres : hier, les Egyptiens et Carthaginois... Qui d’autres, demain ? Ce sont là de dangereux précédents. Je te repose la question, ô noble Obwana, César Imperator des Atlantidéens, appelles-tu cela tenir la boutique ? »
C’est l’instant qu’attendait Sarkominus pour intervenir.
« - Et toi !, fit Sarkominus à l’adresse de l’empereur des Shins, tu ne parle pas comme ça à mon copain ! Parce qu’entre nous soit dit, et parce que les choses vont mieux en le disant, je ne suis pas impressionné par ton empire, moi. »
« - Tu es gentil Sarkominus, fit Obwana l’Atlantidéen, je vois que ça part d’une bonne intention, mais je vais régler cette question en tête à tête avec mon copain Jiabao. »
« - Mais, qu’est-ce qu’il croit cet empereur des Shins ?, poursuivit Sarkominus. Il croit quoi ? Evidemment que nous avons un plan pour régler les questions égyptienne et carthaginoise. Moi et mon copain Obwana, on tient tout. C’est nous les tôliers. Et vous savez ce que c’est notre plan à mon copain Obwana et à moi ? Et bien, on va attaquer Muhammad le Tripolitain et le renverser ! »
La vingtaine de convives pouffèrent de rire.
« - Mais pourquoi veux-tu attaquer ce brave Muhammad ?, demanda David le Picte. Tout le monde fait du commerce avec ce brave pirate... Tout le monde... sauf toi depuis que tu t’es embrouillé avec lui ! »
Les convives éclatèrent de rire.
« - Et pourtant, avec mon copain Obwana nous allons mettre ce plan à exécution !, poursuivit Sarkominus, tandis qu’Obwana levait les yeux au ciel. La Tripolitaine, contrée si peu peuplée et regorgeant de naphte peut donner naissance à une nation de petits ploutocrates, qui sera inévitablement inquiétée par ses nombreux voisins, tous plus miséreux les uns que les autres. Aussi ce peuple de petits ploutocrates nous offrira bien volontiers des bases pour nos armées et les financements nécessaires à leurs entretiens. Et, ainsi, depuis cette position stratégique nous assurerons à peu de frais notre contrôle sur l’Egypte, Carthage, les pays Maures et une bonne partie de l’Africæ. »
« - Ce n’est pas idiot », admit David le Picte.
Après un instant de réflexion, Obwana l’Atlantidéen dit à l’empereur des Shins : « Tu excuseras Sarkominus. Il n’a été que depuis peu admit au commandement intégré des forces atlantidéenne, alors il n’en connaît pas tous les usages. En principe, c’est moi qui annonce les plans. Mais, tu sais comment il est... nerveux, impulsif. Mais, mon Jiabao, tu n’imaginais quand même pas que j’allais laisser s’installer le chaos démocratique ? »
« - Copain !, murmura Sarkominus à Obwana l’Atlantidéen. Si vous voulez que je peux vous révéler les phases suivantes de mon plan... Mais, il faut que vous me juriez d’en garder le secret. »
« - Je t’écoute, Sarkominus, parle en toute confiance », fit Obwana l’Atlantidéen en l’entraînant à l’écart.
« - S’emparer de la Tripolitaine n’est qu’un détail à l’intérieur d’un plan plus vaste. La seconde phase des opérations, confia Sarkominus, consistera à intimer l’ordre aux peuples de la Mare Nostrum, impressionnés par notre puissance militaires, de cesser d’honorer les Olympiens. Cette mesure est indispensable pour que les dieux comprennent que nous ne plaisanterons pas. La troisième phase consistera en une attaque éclaire sur l’Olympe qui est, d’après mes services de renseignement, profondément désorganisé à cause de la politique de restructuration des cultes. Après avoir exigé une capitulation sans condition, les Olympiens devront, à titre de dommage de guerre, nous restituer toutes les offrandes qui leur auront été faites au cours du dernier millénaire. Et grâce à cette manne, l’Atlantide et le pays de Droite se désendetteront. Nous ne serons plus obligés de mendier et de nous rabaisser comme nous le faisons... et nous pourrons montrer à tous ceux là qui nous sommes vraiment. »
« - Tu n’as pas songer à te faire nommer maître de l’Olympe en remplacement de Zeus ? » demanda Obwana l’Atlantidéen.
« - Je voulais qu’on en parle avant, répondit Sarkominus. Entre copains, il faut tout se dire. Si tu n’y vois pas d’inconvénient je prendrais la place de Zeus... »
« - Cette place bientôt vacante te revient de droit », répondit Obwana l’Atlantidéen.
« - Réfléchis bien, insista Sarkominus, je ne voudrais pas que tu regrettes une décision hâtive et que cela gâche notre amitié. Si tu veux être maître de l’Olympe... »
Obwana l’Atlantidéen hurla de rire.
Puis se tournant vers les convives, il leur lança : « Vous savez quoi ? Sarkominus à un super plan ! » Et il raconta, dans l’hilarité générale, tout ce que venait d’exposer Sarkominus. Et Obwana l’Atlantidéen de conclure : « Princes de ce monde, saluez le futur maître de l’Olympe, suppliez-le pour qu’il vous épargne. Présentez l’hommage de vos peuples à celui qui va détrôner le Père des hommes et des dieux grâce au plan le plus pervers. »
Tous s’inclinèrent en riant face à Sarkominus vert de rage.
Je soufflais à Orphée : « Une autre des prophéties de Comtus vient de se réaliser. Celle qui annonçait : « Premier parmi ses pairs puissants, les peuples de la terre le salueront d’un : « Salut petit Père Vert ! »
Sarkominus ne parvint à se calmer qu’en songeant au jour prochain où ayant prit possession de l’Olympe, il les convoquerait tous, et leur enseignant qu’il a toujours eu un naturel magnanime, il les épargnerait, parce qu’ils avaient les premiers à lui rendre hommage en saluant comme un dieu. Sarkominus riait intérieurement de la tête que ferait tout les « grands » de ce monde, à commencer par celle qu’afficherait cet ingrat d’Obwana.
Maintenant qu’il avait maladroitement révélé son plan, il fallait agir sans tarder. Sarkominus scinda ses légions en deux armées. La première reçu l’ordre de rejoindre les forces atlantidéennes et de s’emparer de la Tripolitaine. La seconde, dont il prit la tête, marcha sur l’Olympe. J’accompagnais, avec Orphée, cette seconde armée.
L’opération étant périlleuse, Sarkominus fit part de ses dernières volontés à Fillionus : « - Mon plus que parfais collaborateur, je te confie le pays de Droite jusqu’à mon retour. Si je dois laisser la vie dans cette aventure, j’exige d’être enseveli en toute simplicité. Nul deuil d’un an imposé au peuple ! Nulle procession accompagnée de pleureuses hurlantes qui traverserait le pays en tout sens ! Nulles statues de mille pieds à mon effigie dressées au centre des villes ! Nulle cérémonies où tous les lettrés du pays prononceraient, des jours durant, mon éloge funèbre ! J’exige la simplicité. La seule chose que je demande, c’est que l’on tire Villepinus de sa geôle et qu’on l’égorge sur ma tombe, car ce devait être le clou du spectacle de mon prochain anniversaire (7). »   

2. Où Démocrite raconte sa deuxième journée aux enfers


Je reproduis ici les pages du journal de Démocrite qui relate sa seconde journée aux enfers.
Avant l’aube :
La main et l’épaule gauche sont en très mauvais état. Mes jambes sont douloureuses. Je reste volontiers alité. Dans ma salle, il y a une quinzaine de malades.
Me promenant dans les couloirs du temple, j’ai croisé la jeune femme. Elle est du service de nuit. « La nuit, c’est mieux pour étudier. Comme ça je suis tranquille », m’a-t-elle dit avant de se replonger dans son livre de léthéopathie.
Abidos est dans un état qui fait pitié. Compte tenu de notre état, il est difficile d’échafauder un nouveau plan d’évasion.
Matinée :
J’ai aidé Abidos à marcher dans les travées. Mais, il en profite pour flanquer des coups de béquilles aux autres malades. Je l’ai supplié de se calmer en l’avertissant que les léthéopathes viendraient lui administrer de la liqueur d’oublie à haut dosage et qu’il serait transformé en ombre sans sentiments ni émotions. Mais je n’ai fais qu’aggraver son état. Il se roulait par terre, et arrachait ses bandelettes comme s’il cherchait à expulser ou à repousser un daimôn. C’est alors que j’ai eu l’idée de lui chanter une chanson. Il s’est calmé et m’a regardé remplis de reconnaissance. Puis, il a reproduit ma chanson. Je lui en ai chanté plusieurs, qu’il apprend avec une facilité déconcertante. Il a une très belle voix et il s’en rend compte. Mais lorsque je l’interroge, il redevient mutique et me lance des regards d’effrois.
Je profite qu’il se soit endormit pour écrire ces quelques lignes. Après Abidos, je ne vois pas sur qui je pourrais m’appuyer pour fuir cet endroit. Mais j’ignore le temps qu’il lui faudra pour se rétablir.

Après-midi :
Il se produit une sorte de contagions. Quand nous chantons, Abidos et moi, des patients se joindrent à nous. Il m’a fallu mettre de l’ordre dans cette petite troupe en organisant une chorale en bonne et due forme. Nous sommes parfois une bonne dizaine à chanter ensemble et j’ai la faiblesse de croire que l’état d’Abidos s’en trouve amélioré. J’espère, du moins, car l’exercice n’est pas de tout repos. Je dois apaiser les rivalités naissantes entre choristes talentueux. Il me faut aussi modérer les ardeurs lyriques de quelques uns qui chantent comme des casseroles ; mais il est difficile de décourager les personnes motivées. Je soupçonne un des patients de vouloir prendre ma place. Il est interné pour avoir tenté de nombreuses fois de s’évader. Ce syndrome de rébellion serait l’effet, dit-on, d’une pathologie obsessionnelle qui le pousse à revenir dans le monde pour tenter de se venger d’un homme dont il ne prononce jamais le nom. Il prétend avoir été maître de chorale et m’assure avoir composé un drame lyrique qui raconte l’enlèvement de la belle Sémaline, épouse du maître de Chorale Mitarnus, par un méchant et ambitieux Markosinus.
Soirée :
Pendant que la jeune femme pansait des blessés, je lui ai proposé (vu que de toute manière je ne trouve pas le sommeil) de l’aider à réviser ses cours de léthéopathie. Elle m’a demandé de lui lire une série de questions. Son idée était idiote : ne connaissant rien à la léthéopathie, je ne pouvais évidemment pas lui dire si ses réponses étaient justes ou non. Je lui ai fait comprendre l’incongruité de sa méthode de travail. Elle m’a regardé en plissant ses paupières, un peu sidérée, un peu interrogative. Puis elle m’a dit que décidément elle avait « beaucoup de travail » et elle m’a renvoyé me coucher. Cette jeune femme est gentille mais d’un abord compliqué. Il faudrait lui inspirer un sentiment de confiance. Je pourrais alors l’interroger habilement et découvrir quelques moyens de sortir des Enfers. Si elle se méfie, je pourrais toujours lui demander quelques textes de chansons de sa connaissance, car mon répertoire menace de s’épuiser.

Notes


(1) Affubler Barack Obama du sobriquet d’ "Obwana" réclame sans doute une explication. La mandature d’Obama, après avoir suscitée le plus vif enthousiasme, s’avère celle d’une politique qui sert les mêmes intérêts que ceux que défendait G. Bush. B. Obama a fait illusion en signant le 22/01/09 un décret de fermeture de la prison de Guantanamo, en annonçant un retrait d’Irak d’ici 2011, en prononçant le 04/06/09 un discours au Caire d’ouverture en direction du monde arabe et en faveur d’un Etat palestinien et en recevant le 09/10/09 le prix Nobel de la Paix « pour ses efforts extraordinaires en faveur du renforcement de la diplomatie et de la coopération internationales entre les peuples. » Guantanamo est toujours ouvert ; le retrait d’Irak aura servit à porter à 60.000 le nombre de soldats en Afghanistan, où la guerre a gagnée en intensité et débordée sur Pakistan ; Obama oppose son veto en cas de reconnaissance de la Palestine par l’ONU. Cette continuité étonne peu, quand on sait que le secrétaire d’Etat à la défense de B. Obama, jusqu’à fin juin 2011, n’était autre que Robert Gates, nommé à ce même poste par G. Bush fin 2006. Sur le terrain de l’économie, le Financial Stability Plan du secrétaire au Trésor Timothy Geithner, en 2009,  mobilise 500 milliards de dollars pour renflouer les banques américaines, et équivaut à une socialisation des pertes des spéculateurs. Cette continuité n’a rien d’étonnante lorsque l’on songe que Timothy Geithner a participé, sous l’administration Bush, à l'élaboration du plan Paulson, lors de la crise financière de 2008. Le budget 2011 concède aux Républicains 38 milliards de dollars de coupes budgétaires, dont la moitié vise les programmes éducatifs et de santé (medicare et medicaid) ou des programmes de soutiens aux plus vulnérables (réduction de 1 milliard de dollars dans les programmes de prévention du SIDA, de l'hépatite virale, des maladies sexuellement transmissibles et de la tuberculose ; 600 millions de dollars amputés aux centres médicaux de proximité ; et une réduction de 390 millions de dollars dans les fonds de secours pour l'aide au chauffage pour les bas revenus.) B. Obama se prévaut d’une reforme de l’assurance maladie, qui si elle tente de moraliser les contrats d’assurance, se limite en fait à créer des crédits d’impôts pour les personnes modestes et les petites entreprises pour qu’ils s’assurent auprès de compagnies privées. Tous ces éléments me font penser que l’ex travailleur social Barack Obama est avant tout un produit d’Harvard, l’Université qui l’a formée.
(2) Le 24/07/2008, Sarkozy reçoit Obama à Paris et confie au Figaro : « Obama ? C'est mon copain »
(3) Le 6 août 2010, l’agence de notation Standard & Poor's retire sa note « AAA » aux titres de la dette à long terme des Etats-Unis. Les Etats, qui pendant des décennies, ont dérégulé l’activité financière et réduit les impôts des plus riches se sont lourdement endetté pour compenser le manque à gagner d’une telle politique.  Quand survient le Crack de 2007-2008, les Etats, déjà excessivement endettés, renflouent les acteurs de la finance, soit par des nationalisations, soit par des prêts garantis. Outre que les dettes s’alourdissent, les acteurs de la finance, pour conserver leur indépendance, vont rembourser au plus vite ce qu’ils ont emprunté : ce qui signifie concrètement que l’argent disponible est orienté vers les activités les plus spéculatives, cela au détriment de l’économie « réelle » qui n’a plus accès au crédit pour se financer ou se développer. Il en résulte mécaniquement une récession, qui réduit les recettes des Etats, qui doivent en outre injecter de l’argent dans des plans de relance. Mais l’accroissement du déficit lié à la prise en charge des dettes d’acteurs privés, produit une augmentation de la dette jugée dangereuse par d’autres acteurs privés (les mêmes, en réalité) qui exigent une restriction drastique des dépenses de l’État pour gage de sa solvabilité, laquelle entraîne non pas un assainissement des comptes, mais leur aggravation via la plongée du pays dans une récession. Aggravation qui sera à coup sûr sanctionnée, provoquant l’exigence de nouvelles saignées budgétaires, etc.
(4) Les marchés financiers s’acharneront tout particulièrement sur cinq pays (élégamment surnommés les Piigs : Portugal, Ireland, Italie, Grèce et Spain/Espagne) dont ils exigeront des garanties de solvabilité sous la forme de plan de réduction drastiques de leurs déficits.
(5) En septembre 2011, un rapport médical signé du chef de service de neurologie de la Pitié-Salpêtrière assure que Jacques Chirac n'est pas « en état d'être jugé lors de son procès dans l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris et évoque parmi les symptômes l'anosognosie
(6) Le coût des guerres en Irak et Afghanistan se situe entre 3.200 et 4.000 milliards de dollars pour l’Etat fédéral. Cela représente, selon les années, entre 40 et 49% de l’augmentation de la dette publique, qui est passée d’environ 6.800 milliards de dollars, le 11 septembre 2001 à plus de 14.000 milliards dix ans plus tard. Le cocktail néolibéral « baisse des impôts + interventionnisme militaire » aura générer une dette dont on voit mal comment les USA parviendront à la rembourser.
(7) En avril et mai 2006, Dominique de Villepin est mis en cause dans l'affaire Clearstream, affaire nébuleuse que Sarkozy présente publiquement comme un complot de Villepin le visant. Mi-novembre 2008, Dominique de Villepin est renvoyé en correctionnelle pour « complicité de dénonciation calomnieuse. » Le procès s'ouvre le 21 septembre 2009. À son arrivée au tribunal, Dominique de Villepin déclare que sa présence sur le banc des accusés ne serait due qu'à « l'acharnement d'un homme, Nicolas Sarkozy, qui est aussi président de la République française. » Villepin est relaxé mais le parquet fait appel. Villepin est définitivement relaxé le 14 septembre 2011.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.