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Billet de blog 14 janvier 2011

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La personnalisation du débat politique c'est le "photoshop" de la démocratie.

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Les nombreuses tentatives du Président Ben Ali n'ont de cesse de vouloir éteindre le feu révolutionnaire du mouvement populaire tunisien. Ce projet de retour à l'ordre" bénéficie du concours massif des Etats occidentaux. Preuve en est le mutisme mou face à la répression sanguinaire de l'Etat tunisien pour mater ce qui est réduit à des émeutes locales - rappellant étrangement les émeutes des cités françaises. Le positionnement est tout autre vis à vis de la Côte d'Ivoire. Pour la Tunisie, le "qui ne dit mot consent", trahit une absence totale de volonté politique de la part des élus de positionner la voie de la nation dont ils ont la responsablilité sacrée et de prononcer que la barbarie des actes commis par l'Etat tunisien est inacceptable.

Ên dépit de ce mutisme médiatique de la part des responsables politiques français, quelques paroles émanent de la part d'élus qui ne sont pas positionnés sur la première marche de la hiérachie de l'Etat. Il est curieux d'oberver les outils idéologiques utilisés pour justifier et communiquer l'absence de volonté politique. Parmi les déclarations molles qui suggèrent le désaccord sans l'affirmer, on entend souvent la notion "d'amitié avec la Tunisie" et le fameux devoir de "non ingérence" issu du "droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. La proposition de Michèle ALliot-Marie de mettre les forces de l'ordre de la France au service de l'Etat tunisien reste de loin la position la plus explicite de l'Etat français, déclenchant sciemment les foudres de l'indignation de la part de ceux qui soutiennent le mouvement de révolte populaire de la Tunisie. Madame la Ministre des Affaires Etrangères françaises a bravé tant de ministères régaliens, comme la Défense, la Justice et n'a pas son pareil pour susciter par sa seule posture corporelle l'impression de rigidité, de vacuité polaire : raideur dans la stature, port de lunettes et bijoux, sourire puissant et carnassier, mimiques faciales oscillant entre la gêne et les les tocs, la voix qui se cherche entre le grave et l'aigü, le dilemne tailleur-pantalon de la femme pouvoir...

Dans les critiques adressées sur la façon dont l'Etat français se désengage, il n'est question que de Madame Michèle Alliot-Marie appelée MAM. Il est de bon ton de personnaliser en nommant de façon familière les responsables politiques. Avec Michèle Alliot-Marie, il suffit de 3 lettres et ça fait de suite "branché".C'est plus rapide à dire ou à écrire et cela la rend plus "humaine", plus familière qu'elle n'apparaît aux yeux de tout le monde... MAM ça rapelle étrangement l'anatomie maternelle : maman, mamaire. Ceci en dit long sur la manière dont le débat politique médiatisé se structure aujourd'hui : la science du truchement par la représentation. "Politiques, maternez nous, prenez en charge notre irrationnel et irrépressible besoin de "chaleur" - une image de chaleur vaut mieux que 1000 mots sur le feu.

Il s'agit donc d'un moyen par le langage médiatique d'infantiliser le citoyen dont l'indignation risque parfois d'être confondue et limitée par cet irrpressible besoin de familiarité avec le politique. Que les aspects personnels des acteurs politiques soient secondaires pour le citoyen mais que leurs actions, leurs idées et leurs illusions puissent devenir transparentes pour tout le peuple. La personnalisation du débat politique c'est le "photoshop" de la démocratie. Ce truchement permet, le temps d'une belle image, de donner une vision de la relation élus-citoyens qui soit à l'avantage du pouvoir en place, sans rendre efficiente et valide dans l'espace public, l'expression de la parole rébublicaine du peuple souverain.

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