Ce qui s’annonce aussi, au-delà de la réhabilitation de la dictature militaire et de l’ordre moral chrétien (instauration du créationnisme dans l’enseignement et diabolisation du féminisme et des mouvements LGBTQI+), c’est le renforcement de la terreur dans les favelas (7 fois plus de Noirs tués au Brésil qu’aux USA) et la dévastation radicale des milieux de vie. Il y a urgence car l’écocide (la destruction de l’environnement) - lié à la prédation des intérêts miniers et agroindustriels - n’est pas dissociable de la perpétuation de l’ethnocide des communautés « afro-indigènes » (noires et amérindiennes, avec leurs degrés divers d’« hybridation »).

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I. Eymoutiers, 15 janvier : Face à la bête immonde, la vitalité des luttes au Brésil
Lieu : salle d’exposition de la Mairie d’Eymoutiers, de 18 à 22 h.
A l’occasion du passage à Eymoutiers de l’auteure et chercheuse Oiara Bonilla (Université Fédérale Fluminense, Rio), et avec le soutien de la Mairie d’Eymoutiers et de la DRAC Nouvelle-Aquitaine, Montagne Accueil Solidarité vous invite à une soirée consacrée aux luttes des Amérindiens et des Afrodescendants contre l’extractivisme (mines, forages, etc.), l’agrobusiness et le racisme systémique. C’est sous cet angle que nous aborderons la question de la « fascisation » du Brésil, où les médias, les Eglises évangélistes, l’appareil militaro-policier et les milieux économiques ont apporté un soutien décisif à l’accession au pouvoir de Bolsonaro. Le cas du Brésil (comme celui de la Russie ou de la Turquie), loin d’être une aberration de l’histoire, révèle la dimension profondément autoritaire du néolibéralisme (cf. La société ingouvernable, G. Chamayou). Outre un exposé d’Oiara Bonilla, la soirée sera ponctuée de courts documentaires réalisés par des Brésilien.ne.s, suivis à chaque fois de discussions. Un repas « partagé » est prévu à 19h30 : amenez vos spécialités !
La soirée sera aussi l'occasion d'une présentation, par Diaporama, du numéro manifeste d'Africultures (à paraître fin janvier) qui comprend tout un dossier consacré aux mouvements de luttes afro-brésiliens et décoloniaux d’Amérique latine, avec un texte en hommage à Marielle Franco (député afrobrésilienne assassiné en mars 2018) de la chercheuse et militante afrobrésilienne Cintia Guedes : Africultures : Décentrer Déconstruire Décoloniser
Dernier article d’Oiara Bonilla (traductrice des Métaphysiques cannibales de E. Viveiros de Castro) : https://www.terrestres.org/2018/11/15/la-vitalite-des-mondes-possibles-face-a-lascension-de-lextreme-droite-au-bresil/
Coordination Eymoutiers : Dénètem Touam Bona denetem.kilombo@gmail.com
II. Tarnac, 16 janvier : Témoignages et organisation de la résistance dans le Brésil de Bolsonaro
Lieu : Magasin général de Tarnac, de 17 à 23h
Plusieurs témoignages et analyses politiques apporteront un éclairage sur la séquence qui a conduit Jair Bolsorano au pouvoir. Cette soirée sera également l’occasion d’appréhender le rôle déterminant qu’auront à jouer les mouvements sociaux LGBTQI+, féministes et artistiques, l’activisme dans les zones rurales porté par le mouvement des sans terre, et d’aborder l’idée de «politique indigène». Directement menacé, ce Brésil "mineur" ou cet "alter-Brésil" se situe par nécessité au cœur de l’organisation de la résistance à ce nouveau régime qui se défini lui-même comme raciste, homophobe, misogyne, défendant la torture et encourageant, dans la violence, la destruction de l’Amazonie…
Seront présent.e.s : Fabio Queiroz historien et militant LGBTQI+ ; Flora Mangini, représentante du collectif féministe Marielles ; Raisa Inocencio, chercheuse en philosophie, performeuse et activiste ; Perlla Rannielly, artiste transexuelle brésilienne ; Julien Pallotta, enseignant en philosophie à Rio de Janeiro et traducteur d’Eduardo Viveiros de Castro.
Projection à 17h, au magasin général, de « Terre en transe » de Glauber Rocha (1967). Un classique du cinéma brésilien.
Un repas composé de spécialités brésiliennes sera proposé à l’occasion de cette soirée.