Le débat sur l’utilité de la chloroquine semble ne pas vouloir s’éteindre. Pourtant l’état des croyances semble indiquer aujourd’hui que la chloroquine serait utile, à un stade précoce de l’attaque et sous stricte surveillance médicale aux vues de ses effets secondaires.
Il semble d’autre part que la réaction violente du sujet n’est pas directement liée à la charge virale :
La charge virale d’un patient atteint du covid 19, en danger de mort et hospitalisé est souvent inférieure (voire très inférieure) à celle d’un patient porteur sain qui fera une petite poussée de fièvre, ne verra pas passer l’invasion et s’en débarrassera sans s’en rendre compte. Le premier stade de l’invasion passé, généralement d’une manière relativement silencieuse, c’est une deuxième phase de la maladie rend nécessaire l’hospitalisation : la phase de tempête cytokinique.
La plupart des malades hospitalisés n’en sont plus dans la première phase. Ils sont dans la deuxième phase de « tempête cytokinique » ou la principale cause de l’affection est la sur-réaction de l’immunité du sujet : Une sorte de réaction d’inflammation auto-immune, un peu comme dans les alergies.
Le danger ne vient alors plus tellement du virus mais de la réaction du sujet.[1]
Dans cette deuxième phase ce n’est donc pas la stimulation de l’immunité qui est la réponse thérapeutique mais l’immunomodulation et le soutien aux organes en souffrance (rein cœur poumon etc.). C’est pour cela que dans cette deuxième phase un produit comme la chloroquine avec ses effets secondaires pourrait être dommageable.
C’est l’état des hypothèses couramment admises aujourd’hui.
UNE TEMPETE CYTOKINIQUE SOCIETALE ?
On peut voir dans la façon dont réagit la société une sorte de reflet de ce mécanisme. Comme une métaphore. (Avec toute la limite de la métaphore bien sur !). une métaphore qui a une valeur relative dans la mesure ou l’on considère l’individu et la société comme des systèmes dynamiques.
Au fond le covid 19 n’a pas tué tant de personnes que cela, comparé aux accidents de la route (55 Millions dans le monde), à la pollution, ou à la grippe espagnole qui a tué plusieurs millions de personnes. Le covid 19, comme le terrorisme a plus laissé de trace par l’effet psychologique qu’il a eu sur les populations que par les dégâts matériel et humain qu’il a réellement causé.
Le terrorisme dont le cout social, par l’énergie qu’on a mis pour s’en défendre, a été très largement supérieur aux dégâts et pertes humaines causées. Les couts de sécurité encore effectifs, l’angoisse ambiante, le mal être général, ont été davantage destructeurs de l’équilibre social que les actes terroristes eux-même.
Si le terrorisme a entrainé une réaction des mécanismes de défense du système, il n’a pas réussi à déclencher une vraie tempête cytokinique. Le covid 19 lui, y est parvenu. Comme dans les réactions allergiques La réaction immunitaire est entrain de coûter plus cher en terme économique que l’attaque virale elle-même. Comme un individu en phase de tempête cytokinique il faut soutenir les organes et moduler les mécanismes de défense : Soutenir l’économie, faire intervenir l’armée, protéger les entreprises …
Au-delà du danger de l’attaque viral le vrai danger est ailleurs :
- L’état de santé du sujet conditionne sa réaction et le risque de décès:
Ce qui est vrai pour l’individu pourrait être vrai pour le collectif. Un système hospitalier déficient, des conditions de travail déplorables pour la majorité, la pollution, la mondialisation à outrance, représentent la mauvaise santé sociétale, la faille dans laquelle s’engouffre facilement le virus. La virulence de l’attaque est davantage dûe aux failles du sujet qu’au virus lui-même.
- L’infodémie[2] est pire que l’épidémie
La communication sur la pandémie est elle-même une pandémie d’information: une infodémie
Comme l’individu sur-réagit en cas d’allergie, le corps social produit une masse d’information qui finit par être plus toxique pour le sujet que l’attaque virale elle-même.
Au début il ne voir rien venir et sous-estime le danger et quand il s’alerte, souvent trop tard, il sort la grosse artillerie qui le met en danger.
Cette tempête cytokinique du corps ressemble à la sur-réaction du collectif qui pratique la tactique de la terre brulée économique pour tenter d’échapper à l’invasion.
POUR UNE IMMUNOMODULATION SOCIETALE ?
La grande difficulté pour les gouvernants est de trouver ou mettre le curseur entre la nécessité de sauver l’économie au risque de perdre des humains et la nécessité de sauver des humains` au risque de faire s’écrouler l’économie.
Pendant que les hôpitaux malades du désintérêt politique de ces dernières décennies, se battent pour tenter de sauver ce qu’ils peuvent, le travail du gouvernent est de mettre en place une double stratégie de soutien aux organes malades de l’économie et d’immunomodulation pour éteindre l’incendie communicationnel sans tomber dans le déni et la manipulation.
Soutenir l’économie à coup de milliard est une stratégie nécessaire pour mettre les organes vitaux sous assistance, mais il serait illusoire de penser qu’il suffira d’attendre que ça passe.
Rien n’interdit de penser qu’il puisse y avoir un retour de flamme de l’épidémie dans les mois qui viennent et nous n’aurons plus les moyens de mettre la société sous assistance, si le projet est de chercher à revenir à la situation antérieure.
Si on peut vérifier que le risque de décès est plus important en cas de co-morbidité pour les individus peut-on faire l’hypothèse que la mauvais santé sociale est un facteur supplémentaire de risque pour la société ? Que serait devenu cette attaque virale si on n’avait pas exporté notre capacité de production en faisant de l’Asie l’atelier du « monde civilisé ». Que serait la crise si on avait un système de santé en état de fonctionner et des organes de production et d’élimination en bon état de fonctionner ? Aurions-nous dû en arriver au confinement ? Ou aurait-on pu faire face sans mettre en danger le collectif ? On ne le saura jamais mais on peut faire l’hypothèse que les trente dernières années les gouvernements successifs ont fait le choix de favoriser la finance au détriment de la santé sociale et en ce sens n’ont pas été prévoyant et n’ont pas su jouer leur rôle qui consiste à s’opposer à la tendance « court-termiste » de l’économie capitaliste en donnant une autre temporalité à l’économie, des gouvernements qui n’ont pas su lutter contre le partage inéquitable des richesses et des risques[3]. Penser que l’on gouverne un pays comme on dirige une entreprise est la plus énorme bêtise de ces dernières décennies, en totale rupture avec l’éthique démocratique.
Pour une bonne part le travail d’immuno-modulation devra revenir aux médias qui ont un devoir d’alerte et d’information mais qui risquent au bout d’un moment de ne faire qu’attiser le feu et à entretenir la boucle de l’angoisse qui consiste à ce que chacun cherche toujours plus d’information pour calmer les angoisses et qu’il ne trouve que des informations qui renforce ses angoisses.
Les médias ont dans les temps qui viennent un rôle essentiel pour évangéliser le développement durable et promouvoir une organisation sociale qui soit source de santé sociale au service du commun plutôt qu’une société au service de l’illusion productiviste.
Ne pas céder aux sirènes du passé qui consisterait à faire croire que maintenant il faut travailler à ce tout redevienne comme avant. Croire qu’il faut qu’on continu à privilégier la consommation, le PIB, la bourse, le commerce international en un mot : Tous les éléments qui maintiennent le corps social en dépendance aux psychotropes sociaux qui, jusque-là, nous ont permis d’avancer en toute anesthésie dans un système qui nous fait plus souffrir que de nous servir.
L’effort de guerre porte souvent en lui les germes d’un nouveau modèle social de l’après-guerre.
Quelle nouvelle organisation pourra naitre de cet état de guerre qui préfigure l’après-guerre ?
Comment les valeurs de la société s’en trouvent questionnées ?
- Une tendance à la frugalité dans la consommation ?
- Être plutôt qu’avoir ?
- La valeur du travail supérieure à la valeur financière des entreprises ?
- Le retour de la priorité au locale plutôt que la mondialisation ?
- Faire soi-même plutôt que consommer ?
- Autre chose que le PIB pour mesurer la richesse d’une société ?
[1] https://www.alternativesante.fr/coronavirus/coronavirus-et-plantes-pourquoi-il-ne-suffit-pas-de-booster-l-immunite
[2] "Nous ne combattons pas seulement une épidémie, nous combattons aussi une 'infodémie'", ce néologisme a été lâché le 2 février dernier par Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l'Organisation Mondiale de la Santé.
Marion Bellal Coronavirus et "infodémie" : aux grands maux, les grands remèdes
https://www.franceculture.fr/personne/marion-bellal
[3] pour mémoire rappelons ce que disait Noam chomsky : A basic principle of modern state capitalism is that cost and risk are socialized, while profit are privatized