La crise du Covid 19 est l’iceberg sur lequel s’est fracassé notre modèle économique au moteur unique : la finance. Ce fameux modèle « capitalisme néolibéral mondialisé » qui a cru pouvoir s’abstraire des contraintes du temps et de l’espace grâce à a technique, sans se soucier du prix qu’il y aurait à payer. Bien qu’on ait sorti à la hâte quelques canots de sauvetage sanitaires pour parer au plus pressé, est-ce que la sortie de crise pourra être autre chose que provisoire tant qu’on n’aura pas avancé sur un retour à un modèle économique moins carboné, raisonnable, localisé et dépollué ? Sans cela, on peut raisonnablement s’attendre à des retours de virus, des covid 20 et 21, des infections en retour venues de pays surinfectés comme l’inde, le Brésil ou les USA, le jour ou le commerce reprendra de plus bel pour compenser les pertes financières des économies occidentales qui investissent des milliards pour tenter de conserver en l’état le modèle de société.
Saurons nous sortir du déni de réalité ?
Si l’on en croit la presse spécialisée Dans un article scientifique publié en 2007, les scientifiques annonçaient déjà qu'une telle pandémie était très probable[2] et on sait que la pollution de l’air est une autoroute pour les virus qui se baladent à dos de micro particules rendant ainsi illusoire la distance d’un mètre entre les personnes [3]
La société post industrielle triomphante a cru jusqu’au bout qu’on pourrait indéfiniment s’approprier la nature et en tirer des avantages sans en payer le prix. Pourtant chacun d’entre nous qui a été à l’école connait l’aphorisme de Lavoisier : « rien ne se perd rien ne se crée tout se transforme dans la nature ». Un aphorisme qui prend par les temps qui courent une résonnance bien particulière.
Chaque avantage tiré de la nature a son prix à payer. Bien souvent le prix à payer ne peut pas être anticipé.
Chaque économie faite pour en faire le moins possible a un cout en ressource ou en destruction de l’équilibre de la nature.
La nature étant un système vivant par définition les conséquences de actions d’un sous-système ne sont pas prévisibles là où il a agi. La maladie ou la crise est un symptôme de la tentative de réorganisation du système vivant pour retrouver un équilibre.
La nature est un débiteur patient. Patient mais implacable.
Plus la nature met du temps à réclamer son dû, plus la note est élevée :
Qui aurait pu croire que les pesticides comme le DDT pourraient constituer un leurre hormonal qui a divisé par deux la quantité de spermatozoïdes chez l’homme, ou que le bisphénol A pouvait agir sur la reproduction ou produire des cancers ? et quand on l’a su, personne n’a voulu le croire. Les politiques n’ont pas mesuré le poids de cette découverte et de ses conséquences.
De la même manière on n’a pas voulu mesurer le poids des conséquences de la pollution de l’air et surtout de la mer. On sait bien tout ça ! mais bon ! on a tous quelque chose sur le feu !
Saurons-nous collectivement accepter ce qui pourrait nous paraitre comme une régression que serait le retour à une économie de proximité aux ressources limitées ?
Ou alors vivra-t-on l’expérience de la république de Noru[4] ? sommes-nous condamnés à aller au bout de notre logique d’auto destruction faute d’avoir voulu ou su sortir d’un modèle économique purement financier. ?
Notez qu’on continue à parler en termes de point de PIB et d’observer avec angoisse la chute des bourses. Ce qui semble bien indiquer l’incapacité dans laquelle nous sommes d’avoir d’autres indicateurs de valeur que la finance.
Les tentatives de changement de modèle comme le fut par exemple « notre dame des landes » se sont toujours heurtés au refus de l’état jacobin de lâcher le contrôle. Ce type d’événements laisse à penser que des changements aussi fondamentaux se font la plupart du temps dans la violence. Comme les soubresauts d’un monde qui accouche de lui-même dans la douleur.
Les gilets jaune,s comme le Larzac en son temps ou Notre Dame des Landes, peuvent être vues comme des tentatives éphémères des populations locales de reprendre le pouvoir sur sa vie et de réinstaller des relations interindividuelles pour une vie qui ne soient pas seulement régie par des considérations financières. Faut-il voir ces mouvements comme des soubresauts, des mouvements instituants qui finissent toujours pas être digéré par le système ? Ou peut-on espérer qu’ils deviennent au travers des crises comme le covid19 l’analyseur d’un réel changement de modèle social ? Sommes-nous alors à la veille d’un Mai 68 de l’écologie ? ou verrons-nous les nouveaux dominants du monde asiatique imposer une dictature verte condition nécessaire à la continuation de l’exploitation de la planète ? Ce qui est certain c’est que le modèle du capitalisme financier fondé sur les énergies fossiles est en fin de course.
Les dirigeants de ce monde fini ressemblent aux caciques du monde communiste quelques temps avant son écroulement. Un peu moins sinistres, un peu plus grotesques, beaucoup plus dangereux, sont les Trump et Bolsonaro. Ils n’en sont pas moins l’image d’un monde fini qui ne sait pas comment se reproduire. Va-t-on vers une Glastnost et une perestroïka verte portée par Xi jiping ? La dictature est la seule alternative à un monde qui ne sait pas produire son propre changement. Quand on voit à quel point nous avons été incapable de respecter nos propres engagements de la COP 21, on a la preuve que nous sommes incapables ou que nous ne voulons pas lâcher nos privilèges et notre modèle économique. Il ne nous restera sans doute que le recours à la violence quand on sera complètement dos au mur.
Un jour prochain notre serviteur d’alerte nous dira Ciao[5] mais sortira-t-il coté jardin pour revenir coté cour ?
[1] Source wikipédia : Dans la Rome antique la phrase était répétée par un esclave au général romain lors de la cérémonie du triomphe dans les rues de Rome. Debout derrière le général victorieux, un serviteur devait lui rappeler que, malgré son succès d'aujourd'hui, le lendemain était un autre jour. Le serviteur le faisait en répétant au général qu'il devait se souvenir qu'il était mortel, c'est-à-dire « Memento mori
[2] https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/pandemie-sars-cov-2-scientifiques-savaient-ce-netait-quune-question-temps-80091/#xtor%3DEPR-17-%5BQUOTIDIENNE%5D-20200322-%5BACTU-SARS-CoV-2-%3A-les-scientifiques-savaient-que-ce-n-etait-qu-une-question-de-temps%5D
[3] https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/coronavirus-pollution-air-autoroute-coronavirus-80173/#xtor%3DEPR-17-%5BQUOTIDIENNE%5D-20200322-%5BACTU-La-pollution-de-l-air-est-une---autoroute---pour-le-coronavirus%5D
[4] Une ile paradisiaque transformée en un paysage lunaire après qu’on eu exploité en quelques années avec la complicité de la population, tout le phosphate résultat d’une accumulation pendant des milliers d’années de guano qui faisait la richesse de sa végétation. https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_Nauru
[5] Ciao : Dans son sens étymologique : serviteur
Du latin ciavo (esclave serviteur) employé ici comme dans le théâtre de Molière quand une personne sort de scène en disant : « Je suis votre serviteur. »