Denis Dambré

Abonné·e de Mediapart

45 Billets

0 Édition

Billet de blog 17 mai 2008

Denis Dambré

Abonné·e de Mediapart

L'avenir de l'école: une approche nouvelle de la relation au savoir

Denis Dambré

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les Réseaux d’Echanges Réciproques des Savoirs (RERS) sont un mouvement pédagogique d’une grande originalité. Partant de l’idée que chaque personne – qu’elle soit jeune ou âgée, diplômée ou non, active ou au chômage… – possède un capital de savoirs et de compétences dont la transmission l’enrichit autant qu’elle enrichit le destinataire de la transmission, ils proposent de faire l’inventaire individuel de ce que nous connaissons ou savons faire et de proposer de le transmettre à ceux qui le souhaitent. Aucune autre rémunération en contrepartie que le devoir de transmettre à son tour quelque chose à quelqu’un du réseau. Conversation orale en anglais, cuisine chinoise, opérations mathématiques courantes, réalisation de tableaux informatiques, techniques d’interprétation d’un poème, initiation à la littérature africaine, grands traits de l’histoire de l’art, connaissance des noms des arbres, initiation à l’écoute de la musique Beethoven, promenade à pied à Paris… tous les domaines du savoir et des compétences peuvent y passer. Et le plus original est que disparaît cette sorte de honte et de déshonneur dont on couvre parfois les personnes ‘qui ne savent pas’ dans la relation pédagogique traditionnelle. De plus, contrairement à ce qu’on croit d’ordinaire, le fait de transmettre un savoir permet aussi au donneur de consolider ses propres connaissances en les habillant de mots nouveaux, d’expressions nouvelles, de plus en plus précises à mesure que le donneur revisite son savoir dans le but de le transmettre.

L’avenir de l’école se joue sans doute dans les pratiques des réseaux d’échanges réciproques des savoirs. En effet, si l’enseignant passait encore dans la première moitié du 20ème siècle pour le détenteur du savoir, ce statut lui est désormais contesté au niveau de l’enseignement primaire et secondaire du fait que beaucoup de parents d’élèves ont acquis le même niveau d’études universitaires, surtout dans les villes. De plus, le développement prodigieux des technologies de l’information et de la communication banalise chaque jour davantage les ressources du savoir. La question de l’enseignement n’est donc plus d’offrir des connaissances à des gens qui, autrement, ne connaîtraient pas. Certes, cela reste valable pour les élèves issus des classes populaires, lesquelles n’ont pas de grandes possibilités d’accéder à la culture – pas d’ordinateur à domicile, pas de bibliothèque familiale, pas suffisamment de moyens pour consommer les biens culturels (cinéma, musées, théâtre…) –. Mais pour les autres élèves, la question de l’enseignement est désormais celle du tri des savoirs et de l’organisation pédagogique de l’accès à ces derniers. Dans ces conditions, il est essentiel que les professionnels de l’éducation acceptent l’idée qu’ils ne sont plus les seuls détenteurs du savoir. Rejeter cette idée les conduira inéluctablement à mal vivre leur métier.

D. Dambré

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.