Denis Dambré

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Billet de blog 24 juin 2008

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Pourquoi saluez-vous votre voisin?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Pourquoi saluez-vous votre voisin avec lequel vos n’avez d’autres relations que ce salut répété en passant ? Par simple politesse ? Pour entretenir une relation dont on peut avoir besoin ? Ou pour s’assurer que le voisinage continuera d’être pacifique ? Sans totalement exclure les deux premières hypothèses, je penche pour la dernière. Les dictionnaires étymologiques enseignent que saluer signifiait à l’origine souhaiter la santé. Mais plus je réfléchis à cette question de la salutation, plus j’ai l’impression que le geste quotidien que nous faisons quand nous saluons les autres est un rituel qui remonte aux origines animales de l’homme.

Mon hypothèse est la suivante : à l’origine, saluer était probablement une assurance donnée à autrui qu’on ne lui fera pas de mal. Mais la civilisation qui va de pair avec une organisation de la société humaine garantissant à chacun un maximum de tranquillité a conduit à une évolution sémantique de la salutation. De la promesse faite à autrui de ne pas lui faire de mal, on est passé à un souhait plus général qu’aucun mal ne lui advienne. Suit, dans un troisième temps, le sens actuel que nous donnons à la salutation, c’est-à-dire un geste de politesse gratuit et sans contenu moral. C’est l’idée développée par le philosophe André Comte-Sponville dans son Petit traité des grandes vertus au chapitre consacré à la politesse (PUF, 1995).

En clair, un bonjour à quelqu’un n’est plus aujourd’hui le souhait que son jour soit bon. Car nous ne croyons plus tellement que cela dépende de nous. On aurait plutôt tendance à pointer du doigt la responsabilité d’autrui dans ce qui peut lui arriver. Si le baiser de Judas est considéré en littérature comme le symbole par excellence de la trahison, c’est sans doute parce qu’il nous renvoie au sens originel de la salutation qui est une assurance qu’on ne fera pas de mal à autrui.

D. Dambré

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