Le 17 mars 2009, Le président Malgache Ravalomanana est destitué. 6 mois après en septembre, Marc Ravalomanana est toujours en fuite. Il ne peut rentrer dans son pays car un certain TGV a pris sa place. Alors il attend son tour quelque part du coté du Swaziland.
Après un coup d'Etat, le fantasque Andry Rajoelina ( surnomé TGV car très pressé ) dirige le pays dans une transition toute relative. L'armée veille, les habitants ne croient plus en rien. Selon la constitution malgache, l'homme qui s'est proclamé président de la Haute Autorité de la Transition est inéligible au poste de président de la république en raison de son ( trop jeune ) âge.
Il y a 2 ans, j'ai fait un séjour-reportage dans le petit village de l'ancien président Ravalomanana. Je n'ai rien oublié.
Dans la montagne, à 20 kilomètresd’Antannanarivo, Imerinkasinina. les 450 habitants étaient heureux decompter parmi eux le Président du pays qui est née ici. l’air estfrais, la vue immense, le calme assuré. Seul ce dimanche les voixd’enfants résonnent depuis le temple sous un ciel voilé.
Situéau centre du village, il est le ciment spirituel du village avec sonclocher blanc immaculé. Le premier dimanche de chaque mois, unepersonnalité de premier plan venait y faire un prêche et prier: Marc Ravalomana se rendait au temple de son enfance, précédé de plusieursvéhicules tout terrains remplis de forces de sécurité.
Le cérémonial était réglé comme dupapier à musique: le Président arrivait en trombe avec sa femme Lalaoet leurs 2 garçons, Tojo et Mik. Il passait la porte du temple, faisait un discours puis serrait quelques mains avec les villageois qu’iltutoie.
Pendant le prêche l’homme se convertissait en bateleurpolitique à l’écoute de ses concitoyens: «quelssont les problèmes sociaux et familiaux que vous avez?»,lâchait t-il avant de repartir dans son gros véhicule sans jamaispasser une nuit.
Dans le village 2 grosses maisonsappartiennent à Marc ravalomanana: c’est un héritage qu’il partageavec ses frères. La plupart du temps elles sont vides.
Le richissime propriétaire asoigneusement choisi le site; à l’écart du centre, la résidencepossède une vue à 200 degrés sur la vallée. La construction sefait à l’abri des regards: des murs de 4 mètres de hautdélimitent le périmètre. Un panneau près du domaine présidentielretient l’attention: «défense de cueillirl’herbe». Le visiteur doit passer sonchemin sans s'attarder.
Le maire du village voisin gère lebourg de Imerinkasinina: Raymond était le condisciple de MarcRavalomanana en 1968: il garde le souvenir de quelqu’un de simplequi souriait souvent et se rendait à l’école pieds nus avec unetenue campagnarde. Sa scolarité s’est arrêté à la 3edans la ville voisine d’Ambatomanga, située à 14 kilomètres.
Aux élections présidentielles endécembre 2006, le village avait plébiscité son enfant politique.Ravalomanana avait recueillit 98,53 % de votes favorables: un score dignedes dictatures africaines. Pourtant, 3 habitants du village ont votécontre le président sortant.
Maurice le chef de quartier a sonidée sur les «rebelles du bourg»,très certainement les délégués locaux d’autres candidats. Safonction lui confère la proximité avec tous les habitantsd’Imerinkasinina. Chaque mois, il élucide des vols de poules ou decoqs; le reste du temps, il s’occupe de l’éducation des enfants.
Le jour se couche sur le bourg situé à 800 mètresd’altitude; au loin une poule et ses poussins traversent une rue enterre pendant que résonne une chanson de Patricia Kaas. Marc Ravalomanana n'est pas revenu dans son village depuis plus de 6 mois. Madagascar pleure une nouvelle fois son instabilité politique.
Denis de Montgolfier.