Un parallèle avec la montée du capitalisme au XIXème siècle permettra de comprendre ce qu’est la Transition.
Marx a montré le développement d’une économie nouvelle, le capitalisme (industriel, le développement d’une production mécanisée, massifiée, par des détenteurs de capitaux, notamment dans les filatures), remplaçant dans les faits l’économie terrienne de l’aristocratie.
Aujourd’hui, la multiplication des « alternatives » le plus souvent locales, de l’agriculture paysanne à l’Economie Sociale et Solidaire en passant par des expérimentations dans le champ démocratique, dessine les contours non seulement de ce que pourrait être une société humaniste et écologique, mais de ce qu’est effectivement en germe cette nouvelle économie propre à remplacer le capitalisme, dont les « alternatives » sont les premières manifestations, et qui grignote lentement le pouvoir de la finance mondialisée.
Dès lors, une politique de la Transition consisterait non pas à créer de toute pièce, ex nihilo, une nouvelle économie mais à faire advenir celle qui vient mais qui vient trop lentement.
Les axes proposés dans le projet de Charte de la Transition Globale vont dans ce sens. Pour que cette nouvelle société se développe, il faut commencer par lever tous les obstacles à son développement et le faciliter.
Ce qui implique d’une part que ces « alternatives » continuent à se développer au gré des initiatives de la base, mais aussi qu’une politique centrale œuvre en ce sens.
Les « alternatives » montrent un certain nombre de caractéristiques essentielles qui sont communes à la plupart d’entre elles.
- Elles sont déconnectées des circuits de la finance et se développent en dehors de la mondialisation.
- Elles s’insèrent dans l’économie locale, sont à taille humaine, et permettent une gestion démocratique au plus près du terrain.
- Elles sont évidemment écologiques
- Elles promeuvent la coopération au lieu de se développer contre les autres dans une concurrence effrénée
- Elles trouvent leur fondement dans une conscience de l’utilité et non dans la recherche du profit maximum. Elles ont une conscience aigüe du bien commun.
- Elles s’appuient sur des réseaux et sont en recherche de procédures démocratiques à taille humaine.
C’est sur ces bases qu’une politique de la transition devra venir au pouvoir, sans préjuger des moyens concrets qu’une majorité transitionnaire, c’est-à-dire diverse, se donnera à chaque instant pour faire avancer ce « nouveau monde (qui) tarde à apparaître* ».
* Selon la phrase de Gramsci qui reprend aujourd’hui toute son actualité