Je suis juif. Presqu'autant qu'on peut l'être.
Père né juif polonais. Elevé dans la religion. Voué à l'extermination dont il a réchappé, ainsi que ses 2 frères, mais pas sa sœur aînée, pas son papa, ni sa maman.
Mère, née en France d'une maman et d'un papa nés juifs polonais, ayant émigré en France dans les années 20. Son papa a fini à Auschwitz, après que la police de l'Etat français soit venue le chercher, comme des milliers d'autres.
J'ai déjà eu l'occasion de le dire, je pleure chaque fois que je vois le film Exodus. L'aspiration des juifs à avoir un Etat, qui n'a pas toujours été évidente mais qui, grandissant avec la doctrine sioniste vers la fin du XIXè siècle, s'est imposée au lendemain du génocide perpétré par les nazis et leurs complices, était devenue une figure du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.
Ce droit est tout autant celui du peuple palestinien et je ne pleure pas moins, je n'enrage pas moins, de voir comment, avec quelle brutalité, il peut être nié par des descendants de ceux-là mêmes qui ont pris dans l'histoire, la figure universelle de la résistance au racisme, de la vertu de l'étude et de l'élévation d'esprit, au long de millénaires de discriminations et de pogroms.
N'en déplaise à M. Valls, le juif que je suis condamne sans appel, la bestiale attitude des dirigeants de l’État d'Israël qui font honte à tous les martyrs du peuple juif et je soutiens tous les démocrates et les progressistes palestiniens qui luttent avec les armes dont ils disposent pour libérer leur pays de l'occupation coloniale et obtenir le respect par Israël des résolutions de l'ONU (ceux là n'assassinent pas aveuglément des civils innocents). Je soutiens les militants progressistes qui, partout à travers le monde, appellent par exemple au boycott, aujourd'hui des orange Jaffa, comme hier des oranges Outspan lorsqu'il fallait se lever contre le régime raciste d'Afrique du Sud.
Moi qui suis athé, telle est ma façon d'être juif et d'honorer la mémoire des millions des miens exterminés pour cette seule raison et dont l'existence, les engagements, témoignent largement que jamais, au grand jamais, ils n'auraient admis d'être représentés par les dirigeants actuels de l'Etat d'Israël, eux aussi flanqués de fous de dieu.
Telle est également la position que, bien naturellement, sans effort, sans mérite, le parti du communisme, que j'ai pris au même moment où M. Valls prenait celui du conservatisme, me conduit à défendre, fidèle en cela à l'idéal de gauche qu'il ne de cesse de souiller et de détruire.