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Billet de blog 23 mars 2016

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Le Pcf veut-il vraiment une primaire citoyenne ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le Pcf veut-il vraiment une primaire citoyenne ? Qu’il soit plus
clair et respecte la souveraineté de ses adhérents !

C'est peut-être à tort que je commencerai en disant que je n'ai à peu près aucune confiance dans les responsables de mon Parti, ne sachant dans quelle proportion attribuer cette perte : à leur manque de sincérité communiste ou à leur manque de capacité à s'élever au niveau de réflexion que suppose le but de produire du communisme.

Cela étant dit, j'accueille plutôt avec intérêt l'ouverture, la disponibilité, exprimées envers le projet d'organiser une primaire.

J'y trouve l'un des éléments, qui entretient mon choix d'adhérer à ce parti, et qui consiste dans cette détermination à unir le peuple de France, considérant que c'est un des moyens de sa mise en mouvement, de l'évolution favorable du rapport de forces contre le capital.

Ainsi, qu'à l'approche d'un rendez-vous électoral aussi décisif que l'élection présidentielle, alors qu'on pourrait n'avoir le choix pour battre l'extrême-droite au second tour, qu'entre deux politiques de droite, le Pcf opte pour rechercher comment permettre aux gens de gauche de ne pas disperser leurs voix, mais tout au contraire de trouver moyen de les réunir pour enregistrer un résultat qui puisse servir de point d'appui plus favorable dans la lutte pour dépasser le capitalisme, cela, ça me va.

Naturellement, il est vital de nourrir cette démarche des meilleures idées communistes. Dans cette dimension, nous avons du travail.

Nonobstant ce point tout à fait essentiel, si le Pcf vise bien l'objectif que je viens d'énoncer, je ne m'explique pas qu'il ne parvienne à l'exprimer plus simplement, plus clairement, notamment en énonçant quelques règles sur la base desquelles cette "primaire", pour servir à cet objectif, devrait avoir lieu, ce qui contribuerait à dissiper les doutes quant à ses intentions réelles.

Au nombre de ces règles, ne peut-il clairement énoncer que ce qu'il reprend à son compte avec ce projet d'organisation d'une primaire, c'est la possibilité que le choix du ou de la candidat-e à l'élection présidentielle soit remis entre les mains, la délibération, des citoyens et des citoyennes qui auront manifesté leur parti pris de gauche.

Ne peut-il ainsi dire clairement que pour lui, ce sont ces citoyens et citoyennes qui formeraient la liste électorale de cette primaire et naturellement pas l'ensemble des 40 millions d'électrices et d'électeurs.

Reste sur ce point à déterminer comment ces hommes et ces femmes pourraient s'inscrire sur cette liste électorale là. 2 idées me sont venues : une signature du "socle" ou de la "plate-forme" commun-e qui sera rendue publique, le versement sur un compte de campagne d'une somme (par exemple 10 € au moins).

Bien entendu, il faudrait à cet égard, une délibération des adhérents du Pcf, pour ou contre.

Si le Pcf vise bien cet objectif, j'entends bien, je partage évidemment, l'intérêt que ses adhérents rencontrent 500.000 citoyens et citoyennes durant les 4 prochains mois. Et pourquoi pas davantage ? Mais pourquoi opter pour différer les actes qui rendraient crédible et tangible, non seulement cette orientation mais sa concrétisation ?

C'est ainsi que je comprends le refus opposé à la proposition de Gérard Filoche de rédiger rapidement ce que pourrait être une "plate-forme" commune aux forces de gauche.

Or, à quoi sert de former un parti politique si à chaque élection nous paraissons devoir demander aux gens ce qu'ils veulent ?
Nous devons nous présenter à eux en ayant des convictions sur le nécessaire et le possible. Les forces de gauche sont au contact permanent des gens. Le temps d'une campagne électorale n'est pas tant celui où il faudrait prouver, en leur demandant de quoi ils ont besoin, que nous sommes des démocrates. Et cette méthode n'est pas celle qui les fera retrouver l'espoir.

En revanche, le moment appelle une clarification sans appel : qu'est-ce qu'être de gauche et par conséquent, qui est à gauche ? Si par millions des citoyens et des citoyennes peuvent se mettre en mouvement, ce sera en voyant s'affirmer un rassemblement politique bien à gauche, dont les composantes, sans renoncer (au contraire) à exprimer leurs analyses et visions spécifiques, viendront leur proposer de faire du commun et leur permettre de réunir leurs forces pour cela.

Le moment appelle, non pas à demander aux gens ce qu'ils veulent, ce qui n'est pas forcément bien loin du "votez bien et vous verrez". Il est à débattre de ce qu'il y a lieu de faire en affirmant clairement que tout est possible si les gens le décident, en faisant en sorte que les gens reprennent ainsi confiance, en eux-mêmes, réunis, réfléchissant, délibérant et agissant, et en mettant en avant pour cela, les novations démocratiques (dans les institutions, les entreprises, les collectivités locale).

En repoussant dans le temps le moyen de prouver qu'il existe en effet, à gauche, des forces dont les différences ne recouvrent aucune renoncement à changer la société, à dépasser le capitalisme, à s'attaquer aux privilèges pour reprendre la marche du progrès social, à faire reculer toutes les discriminations, à changer l'Union Européenne, pensons-nous vraiment préparer une primaire citoyenne ? Le « socle » sur la base duquel il pourrait être offert aux gens de gauche de se rassembler à gauche et qui pourrait servir de « ticket d'entrée » aux candidats, ne nécessite pas de perdre 4 mois pour apporter cette preuve.

J'ajoute que si l'objectif du Pcf est bien celui-là, rien ne lui interdit de le mettre en œuvre y compris seul s'il le faut. Un « socle » bien de gauche, bien à gauche. L'organisation du choix du candidat aux bons soins des hommes et des femmes qui s'associeraient autour de ce « socle », qu'ils soient adhérents ou pas du Pcf.

Et naturellement la même démarche, circonscription par circonscription.

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