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Helléniste honoraire : dès que j'entends le mot "biais", je pars en courant.

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Billet de blog 11 août 2011

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Chronique d'un contrôle ordinaire

Le récit qui suit a été vécu par une amie. Ce texte est publié avec son autorisation. Références sur demande.

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TGV 13H15 Paris -Bruxelles le 8 Août : je lève le nez de mon journal car je réalise que des gens sont arrètés dans le couloir à mon niveau:Un grand blond cheveux courts en T-shirt jaune et jeans la trentaine, et deux filles : l'une à peine 25 -30 ans, l'autre à peine plus, l'air "décontract";je ne leur prête pas tout de suite attention, mais je relève le nez de ma lecture en entendant le grand mec dire pas très gentillement à une jeune voyageuse qui voulait passer dans le couloir, de patienter.En fait en 2mn l'ambiance est devenue hypertendue, les 3 comparses sont en train de "parler" à un passager assis 2 rangs derrière dans la travée opposée. Les 3 ont bougé mais sont agglutinés sur cette rangée et je finis par comprendre que ce ne sont pas n'importe quels "lascards pas aimables" mais des gens des Douanes . Le grand a un brassard sur le bras droit et penché vers le siège du passager je vois maintenant la crosse de son pistolet dans son dos dans sa ceinture de jean.Ils ont demandé à ce passager son billet, il l'a donné; puis ses papiers, il les a donnés, mais ils continuent à lui poser des questions , le passager leur donne même son sac excédé de leur attitude qu'aucun ne justifie autrement qu'en disant un rien cyniquement qu'ils ne font "que leur boulot" ( et c'est vrai qu'ils n'ont pas l'air d'être dans l'urgence !!!);Sur quoi le passager leur demande pourquoi ils l'ennuient lui ( il est très typé et c'est le seul à qui ils aient demandé quelque chose ) et le ton ne fait que se durcir, ils lui demandent alors de les suivre "puisque c'est comme ça".Nous sommes 4 à proximité et les 3 douanier(e)s ( un 4ème il me semble les a rejoints) occupent le couloir tout près de nos sièges,mon jeune voisin ( 16-17 ans) est pétrifié les mains crispées sur ses accoudoirs, le couple de l'autre côté de la travée de même, et je me rends compte que je suis dans le même état crispée sur mon magasine tant il y a d'agressivité dans cette scène.Je finis par me retourner et dire un peu machinalement et bêtement "On se calme, on se calme". Une des douanières se retourne et m'envoie un " Madame ne vous mêlez pas de ça, on fait notre travail" cinglant et comme je lui rétorque que ce sont eux qui nous " mêlent à ça " en étant si agressifs, son collègue lache quelque chose comme " qu'elle ferme sa gueule celle-là" pendant que l'autre douanière essaie maintenant de forcer le type à quitter son fauteuil et à les suivre.Le couple essaie de dire quelque chose et se fait envoyer ballader par le grand qui menace de déloger le passager sans ménagement si il ne le fait pas de son plein gré. Celui-ci commence à se lever , il est évidemment furieux et énervé, et la douanière la plus agée ( trentenaire au max) lui fait... une clé au cou ! alors qu'il est coincé entre les sièges avec au moins 3 furieux (ses) qui coincent le couloir.Ils finissent par l'emmener vers l'avant du train. La plus jeune douanière complètement sur les dents lâchant derrière elle un " laissez nous faire notre boulot on est quand-même sur un axe sensible ici!". On ne sait pas ce qu'il est devenu. Personne ne savait ce qu'il fallait faire de tout ça, les douaniers étaient tellement agressifs que tout le monde était "scotché".Tout le monde a été sidéré, au sens propre du terme, de la scène. On n'a rien compris.Le couple à côté m'a demandé après un temps de silence " mais qu'est-ce qu'il y avait au juste, il a donné ses papiers, son billet et même son sac, qu'est-ce qu'ils voulaient de plus?"Le jeune était choqué de la manière dont les 2 nous avaient parlé, il ne comprenait rien à l'affaire.La famille de touristes chinoise devant nous avait ordonné à leurs 2 petits de ne plus bouger sur leurs sièges ( la jeune douanière venait de renvoyer sèchement le gamin vers son siège).Je suis encore choquée par cette scène, si ce type était fiché qq part, je suppose qu'il aurait été facile de l'arrêter de façon un peu plus professionnelle,s'il ne l'était pas et comme il était en règle à quoi rime tout ça? je ne vois pas comment on peut justifier une telle attitude; en 5 mn, 3 ( peut-être 4 ) agents de l'Etat, assermentés, ont fait régner une ambiance d'Etat policier dans un wagon de vacanciers sur le retour et de touristes en goguette!C'était cet après-midi; Si je vous dis que la veille au soir dans le métro parisien à 21h, dans une rame pleine au 3/4 de touristes, une dizaine de militaires armés, en tenue de combat, ont fait le trajet avec nous... vous ne me croirez pas!Pourtant si! et les touristes espagnols à côté de moi ne se sont pas génés pour commenter ( en espagnol quand même) leur présence et le port d'une mitraillette dans le métro.On m' a expliqué que ce ne sont pas des mitraillettes, mais des FAMAS, des armes de guerre donc et que ces jeunes gens sont ceux de notre plan vigie-pirate et que, là, ils ne sont plus vraiment en service, ils rentrent à la caserne !!!! via le métro, avec leurs FAMAS, matraque et autres cartouches de je ne sais quoi à la ceinture....c'est clair que ça casse l'ambiance dans une rame!En même temps quand on voit ce que certains imaginent pour terroriser le monde, je me dis que ça peut donner de nouvelles idées aux apprentis: ces militaires auraient pu être n'importe quels fanatiques ou détraqués qu'en saurait-on? apparemment Paris doit "s' habituer" à une "militarisation" au quotidien: arrivant de Bruxelles gare du nord on se tape dans les soldats vigie-pirate, dans le métro ils vous raccompagnent en fin de journée et dans le train de retour les douanes vous montrent ce qu'est devenu la notion d'Etat de droit en France.Dites-moi que je n'ai juste pas eu de chance ces deux derniers jours!

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